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« En Afrique, les forts potentiels en matière d’assurance sont le Nigeria et la RD Congo »

  • Date de création: 22 février 2014 15:51

(Agence Ecofin) - Le président sortant de la Fédération des sociétés d’assurances de droit national africaines (Fanaf), Protais Ayangma, par ailleurs DG de Colina La Citoyenne (Cameroun), analyse le marché de l’assurance en Afrique.

Agence Ecofin : Quels sont les faits que vous souhaitez que l’on retienne de votre action à la tête de cette organisation ?

Protais Ayangma : Il y a eu plusieurs avancées. Mais la mesure la plus emblématique reste la modification de l'article 13 qui, en réalité, est un retour à l'orthodoxie. Dans notre métier, le paiement de la prime se fait comptant et d'avance. Nous étions arrivés à des situations où c'est le paiement du sinistre qui finançait la prime. En d'autres termes, l'assuré ne payait pas sa prime et lorsqu'arrivait un sinistre, il demandait une compensation. Et ceux qui n'avaient pas eu de sinistres ne payaient pas leur prime…

AE : Comment évaluez-vous aujourd’hui les retombées de cette réforme de 2011 ?

PA : La réforme de l'article 13 a été une réforme structurante qui a installé les compagnies d'assurances dans une spirale vertueuse : meilleure trésorerie, plus grande capacité à régler les sinistres et plus de crédibilité. Les effets ont d'ailleurs été immédiats. Par exemple, le taux d'encaissement est passé de 45% à 90% en une année ; le nombre des compagnies présentant une situation financière conforme à la réglementation a augmenté ; le montant des sinistres payés s'est accru et contrairement à ce que nous craignions, le chiffre d'affaires a continué à progresser.

AE : Les données de 2013 n’étant pas encore disponibles, quels sont les chiffres de l’assurance en Afrique en 2012 qu’on peut retenir ?

PA : Les sociétés membres de la Fanaf ressortissant de la Cima, à l'exception de la Rca et de la Guinée équatoriale, ont enregistré des primes d’un montant de 800 milliards francs Cfa (+10%). Les prestations ont augmenté de 14% à 320 milliards francs Cfa et les placements ont atteint 1500 milliards (+10%).

AE : Quels sont aujourd’hui d’après-vous les marchés en Afrique qui bénéficient de belles perspectives de croissance en matière d’assurance ?

PA : Il s'agit de l'Afrique du Sud avec 70% du CA de toute l'Afrique. Les forts potentiels sont le Nigeria, en cours de restructuration, et la République démocratique du Congo encore sous monopole.

AE : Concernant les sanctions de la CRCA, les plus médiatisées sont celles concernant les retraits d’agrément. Quels sont les autres sanctions de la CRCA les plus en vue ces dernières années ?

PA : Le retrait d'agrément est la sanction extrême. La panoplie des sanctions est large et est graduée en fonction de la gravité de la faute ou de la situation de l'entreprise. Les principales autres sanctions sont la mise sous surveillance permanente et la mise sous administration provisoire. Ces sanctions ont été complétées par des sanctions pécuniaires qui varient entre 0,1 à 2% du chiffre d'affaires.

AE : Pensez-vous qu’avec la réforme de l’article 13 le nombre de sanctions a augmenté ?

PA : Oui, je le pense. Les sanctions ont sensiblement augmenté en quantité et qualité. La mise en application de l'article 13 nouveau s'est accompagnée de la mise en place d'un régime de sanctions pécuniaires. De plus, l'article 13 induisait le règlement plus rapide et plus juste des sinistres. Si on devait faire un premier bilan après seulement un an d'application de l'article 13, on constate qu'une compagnie au moins sur trois qui passe devant la commission est condamnée, soit pour non règlement diligent des sinistres, soit pour règlement au rabais, soit encore pour non application de l'article 13. Ainsi, en 2012, 40 sociétés ont reçu des amendes pécuniaires comprises entre 0,1 et 0,3% de leur chiffre d'affaires.

AE : Pourquoi dans la zone Cima le Cameroun est le pays qui recueille le plus grand nombre de sanctions ?

PA : Sur la quarantaine de retraits d'agrément prononcés par la Cima, environ un tiers concerne le Cameroun. Il faut rappeler que la Cima regroupe 14 marchés d'assurances de l'Afrique du Centre et de l'Ouest. Une première explication peut être tirée du nombre important de compagnies. Encore que la Côte d'Ivoire à plus de compagnies. Une deuxième explication peut être trouvée dans le fait que les compagnies camerounaises n'ont pas la culture du contrôle. L'inexistence d'un véritable contrôle a développé des comportements déviants. Enfin, l'environnement permissif du Cameroun, notamment la corruption, n'arrange pas les choses.

AE : La prime sur les assurances non vie surpasse toujours la prime sur l’assurance vie. Comment les compagnies d’assurance doivent-elles procéder afin d’intéresser davantage leurs clients à l’assurance vie ?

PA : C'est une particularité de notre espace. Le taux de pénétration de l'assurance est très faible, la culture d'assurance inexistante. Dans ce contexte, seules prospèrent les assurances obligatoires. Ce qui est réconfortant  c'est que la branche Vie progresse plus vite que la branche non Vie. Les assureurs Vie doivent faire preuve de plus d'imagination et proposer des produits plus adaptés aux besoins et moyens des populations. A cet égard, la récente adoption de la réglementation sur la micro assurance, bien que trop rigide encore, à notre goût, devrait y contribuer.

AE : La Côte d’Ivoire occupe le premier rang dans la zone CIMA avec 210 milliards de FCfa de primes émises en 2012. Comment expliquez-vous cette performance ?

PA : La Côte d'Ivoire est un marché relativement mature qui a maintenu son rang malgré la crise. Ses fondations sont solides, le marché est bien organisé. Tous les maillons de la chaîne sont présents: assureurs, réassureurs, fonds de garantie automobile, intermédiaires, prévention routière, contrôle national. C'est également la première économie de l'espace Fanaf, avec une croissance soutenue, un tissu industriel plus moderne et l'émergence d'une classe moyenne.

En assurance Vie, ils ont mis en place des produits populaires et peu coûteux comme les assurances funéraires et surtout développé l'indemnité de fin carrière. L’assurance Vie représente près de 45% de parts de marché, ce qui est exceptionnel en Afrique noire francophone.

AE : Avec 99 milliards de FCfa de primes émises, pour la première fois, le Gabon surclasse le Sénégal (92,3 milliards de FCfa) au troisième rang. Quels sont les facteurs qui ont permis au Gabon d’atteindre cette performance ?

PA : Le marché gabonais de l'assurance est un marché concentré autour de cinq grands groupes très solides financièrement et très professionnels. Ce marché se caractérise par une forte implication de l'Etat qui assure tout son patrimoine. Il profite également de la bonne santé économique du pays.

AE : Au Congo aussi, le marché de l’assurance progresse et l’on y retrouve l’Arc Congo Brazzaville, la première compagnie d’assurance de la région avec 31,4 milliards de dollars de primes. Comment évaluez-vous la progression de ce marché ?

PA : Le marché congolais sort d'un monopole d'Etat. Il a su maîtriser sa libéralisation avec seulement quatre groupes opérant sur le marché. Il a réalisé  58 milliards de CA, en progression de 50% par rapport à 2011. Ce qui en fait la plus grosse progression de la zone CIMA. Le profil du portefeuille est dominé par les risques pétroliers.

AE : Qu’est-ce qui fait la particularité ou la force des leaders nationaux à l’instar d’ARC Congo Brazza, Ogar Gabon, Colina CI et Chanas Cameroun ?

PA : Deux des quatre compagnies citées, Arc (Congo) et Chanas (Cameroun) sont, pour l'une, une société d'Etat et pour l'autre une ancienne société d'Etat dans laquelle figurent encore d'importants capitaux de sociétés d'Etat. Ces sociétés bénéficient d'importantes primes provenant de sociétés publiques, notamment des sociétés pétrolières. Ogar (Gabon) est pratiquement dans la même situation. Cette société appartient majoritairement à des actionnaires proches du pouvoir. Quant à Colina Côte d'Ivoire, sa stratégie a consisté à racheter des portefeuilles.

Propos recueillis par Beaugas-Orain Djoyum



 
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