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Le roi du Swaziland poursuivi devant la justice des Îles Vierges Britanniques pour une affaire de 1,5 million $

  • Date de création: 23 septembre 2015 20:01

(Agence Ecofin) - Jouissant d'une immunité constitutionnelle dans son pays, le Roi Mswati III du Swaziland (photo) est personnellement poursuivi devant la justice des Îles Vierges Britanniques, pour avoir occasionné la faillite d'une exploitation minière dans son pays, a-t-on appris des médias swazilandais. Il est rapporté, que l'autorité traditionnelle a reçu 1,5 million $ de compagnie exploitant la mine de Nagwenya et que le non remboursement de cette somme a entrainé la faillite de l’entreprise, la disparition de 700 emplois et un passif de 4 millions $.

Toutefois, les dessous de l'affaire sont beaucoup plus complexes et mettent au grand jour un ensemble de pratiques qui entourent l'attribution des permis miniers au Swaziland. Une des requêtes de cette affaire, qui débute en 2010, a été introduite au Canada le 11 février 2015, lorsque le plaignant, Shanmuga Rethenam, un homme d'affaires singapourien propriétaire de l'entreprise SG Iron, a introduit une requête auprès des juridictions de l'Ontario pour saisir l'avion du Roi. La requête n'a pas prospéré, mais elle permet d'avoir des détails sur une affaire.

Tout débute donc, selon les informations contenues dans la plainte, avec l'octroi par le Swaziland d'un permis minier à l'entreprise SG Iron Ore. Dans le cadre de l'attribution de ce permis, le gouvernement swazilandais recevait 25% de l'entreprise opérante, et le roi swazilandais 25%. Une structuration que le plaignant présente comme une habitude pour ce type de transaction dans ce pays. 50 millions $ de capital ont ainsi été libérés par SG Iron et, ni le gouvernement, ni le roi n'ont apporté de cash.

Par la suite, la plainte révèle que le Roi du Swaziland a sollicité que lui soit payé par avance la valeur de ses dividendes, soit un montant de 10 millions $ obtenus sous la forme d'un prêt. Le même roi demandera après qu'on lui accorde une redevance sur chaque 0,5 $ sur chaque tonne de minerai de fer vendu et d’autres avances pour un montant de 1,8 million $. Des exigences pour lesquelles SG Iron dit qu'elle n'avait pas d'autre choix que de payer.

La suite de l'histoire est un mélange de faits plus obscures les uns que les autres et où il est surtout ressorti que le roi ayant refusé de rembourser sa dette, a usé de son pouvoir pour imposer des sanctions sur l'opérateur et le mettre sous administration judiciaire, alors que les opérations apportaient des résultats satisfaisants. Devant la justice canadienne qui a statué sur la validité de la saisine de l'avion royal, et pas sur le fonds du problème, les représentants du Roi ont démenti toutes les acquisitions.

Le Swaziland est l'un des pays les plus pauvres d'Afrique, malgré la richesse attribuée à son sous-sol. Les faits rapportés dans le cadre de cette affaire constituent un des plus gros scandales du monde des affaires au Swaziland et relance de manière plus globale, la question des attributions des permis d'exploitation de ressources en Afrique sub-saharienne.

Idriss Linge

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