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En Afrique du Sud, les nouvelles règles phytosanitaires de l’UE bousculent la filière agrumes

  • Date de création: 10 juillet 2023 13:03

(Agence Ecofin) - Depuis près d’un an, l’Union européenne (UE) applique de nouvelles réglementations phytosanitaires ciblant spécifiquement les agrumes sud-africains. Cette exigence qui vise à éloigner des vergers du bloc communautaire, le Faux carpocapse (False Cold Moth-FCM) suscite colères et inquiétudes dans le rang des exportateurs sud-africains. Décryptage.

1. De quelles mesures parle-t-on ?

Les nouvelles prescriptions phytosanitaires de l’UE concernant le FCM (espèce de lépidoptères) requièrent que les agrumes en provenance de la nation arc-en-ciel, soient soumises à un traitement par le froid à une température comprise entre 0 ° et -1 °C pendant une période de 16 jours voire 25 jours avant importation. Ces opérations qui doivent être effectuées sur le sol sud-africain sont obligatoires pour toutes les importations depuis le pays d’Afrique australe.

Il s’agit d’une démarche inédite pour le bloc qui jusqu’alors avait importé les agrumes originaires d’Afrique du Sud en se basant sur l’Approche systémique pour les agrumes garantissant l’absence du FCM grâce aussi à un traitement à froid.       

1 orange                               

2. Que disent les autorités sud-africaines ?

Dans le pays d’Afrique australe, cette décision a suscité une incompréhension globale d’abord sur le timing. En effet, la mesure publiée le 24 juin 2022 a commencé à être appliquée à partir du 14 juillet 2022.

Selon l’industrie sud-africaine, ce délai de 23 jours n’est pas raisonnable et constitue une violation des textes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui exige spécifiquement un examen de six mois avant la mise en œuvre par un pays d’une nouvelle mesure phytosanitaire.

D’après les acteurs, cet intervalle de temps n’a pas permis aux producteurs de se conformer aux nouvelles prescriptions et au Département de l’agriculture, de la réforme agraire et du développement rural de mettre sur pied une procédure appropriée pour veiller au respect des nouvelles règles.

En plus de cette période d’adaptation réduite, l’Association sud-africaine des producteurs d’agrumes (CGA) indique que ces changements significatifs ont été introduits au beau milieu de la saison d’exportation. Une situation qui a compliqué un peu plus sa mise en œuvre dans la mesure où les navires transportant des conteneurs chargés de fruits sud-africains à destination de l’Europe étaient déjà sur l’océan. S’agissant du fond, l’industrie dénonce le caractère injuste et discriminatoire de la mesure appliquée par l’UE.

« Le système sud-africain de gestion de la FCM a évolué ces dernières années avec une réduction des interceptions des nuisibles de 19 en 2019, à 15 en 2021. Les autres nations exportatrices ont vu un nombre d’interceptions de FCM allant de 53 à 129 en 2021. Mais jusqu’ici aucune mesure n’a été prise contre elles. Cela rend les exigences strictes à l’endroit de l’Afrique australe encore plus incompréhensibles », avait indiqué Deon Joubert, envoyé spécial de la CGA auprès de l’UE.

Par ailleurs, selon l’association, l’approche de l’UE pose aussi de nombreuses questions parce qu’elle souffre de l’absence de données scientifiques et de justification technique. En effet, estiment les acteurs, cette mesure n’est pas basée sur une évaluation pouvant permettre d’appliquer la mesure en fonction des circonstances et des risques pour la préservation des végétaux, mais sur « l’hypothèse d’une potentielle apparition du parasite ».

« Le système déjà en place chez nous implique un traitement par le froid, mais ciblé sur le risque alors que la mesure de l’UE est une mesure générale qui concerne toutes les oranges. Notre système de gestion du risque lié au FCM est très efficace et assure qu’actuellement 99,9 % de nos oranges destinées à l’UE sont exemptes du parasite », explique Justin Chadwick, directeur général de la CGA.     

3. Quelles conséquences pour la filière ?

Pour l’Afrique du Sud, les nouvelles exigences phytosanitaires de l’UE représentent une menace majeure. Il faut savoir que le pays est le deuxième exportateur mondial d’agrumes frais après l’Espagne avec des ventes de 1,8 milliard $ en 2021 d’après les données compilées sur la plateforme TradeMap.

Le bloc économique est son plus grand marché d’exportation absorbant plus de 40 % des expéditions d’oranges soit près de 385 000 tonnes en 2022. D’après les propos de Justin Chadwick relayé par Reuters, environ 20 % des volumes de cette catégorie de fruits pourraient ne jamais débarquer sur les étals des supermarchés de l’UE, soit environ 80 000 tonnes du fruit. 

Par ailleurs, le responsable estime que cela pourrait se traduire par un manque à gagner de 500 millions de rands, soit environ 27 millions $ et qu’il faudrait un investissement de 75 millions $ dans les capacités et technologies de stockage pour s’adapter à la mesure.

Il faut noter que les restrictions interviennent en dépit de l’existence d’un accord de libre-échange entre les deux parties et dans un contexte opérationnel délicat marqué par des coûts élevés du carburant, des problèmes de transport ferroviaire et portuaire ainsi que par les coupures récurrentes de la compagnie nationale d’électricité (Eskom). 

4. Quelles mesures l’Afrique du Sud a-t-elle prises pour répondre à l’UE ?

Face à l’inflexibilité des autorités européennes, les autorités sud-africaines ont déposé une plainte vers la fin juillet auprès de l’Organe de règlement des différends (ORD) de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cette procédure a abouti à des discussions entre les deux parties permettant de libérer 1 350 conteneurs chargés de 48 000 tonnes d’agrumes.

Ladite marchandise débarquée après le 14 juillet avait été bloquée aux ports d’entrée de l’UE pendant plusieurs semaines en raison des certificats phytosanitaires devenus obsolètes dans le contexte du nouveau règlement. Selon la CGA, cet épisode aura couté 200 millions de rands (11 millions $) à l’industrie en raison de la baisse de qualité des fruits et des coûts supplémentaires de transaction.  

5. Quels sont les nouveaux développements ?

Si l’Afrique du Sud a pu libérer ses cargaisons, le règlement de l’UE continue d’être appliqué. La CGA demeure très active pour faire annuler ces dispositions. Elle a ainsi demandé à l’exécutif d’aborder la question pendant la 5ème Conférence des ministres de l’Agriculture de l’Union européenne et de l’Union africaine (UA) qui s’est tenue le 30 juin dernier à Rome. Toutefois, jusqu’ici aucune annonce n’a été faite par rapport à d’éventuelles négociations entre le gouvernement et les autorités européennes sur lesdites exigences phytosanitaires. 

Espoir Olodo

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