(Agence Ecofin) - En Afrique de l’Ouest, plusieurs pays ont élaboré un cadre juridique favorable aux biotechnologies. Si plusieurs institutions sont ainsi à l’œuvre pour accélérer d’adoption de nouvelles cultures issues du génie génétique, le débat autour de cette technologie est encore loin d’être terminé.
Au Ghana, le feu vert fin février de l’Autorité nationale de biosécurité (NBA) pour la commercialisation de 14 produits OGM pour l’alimentation humaine et animale ainsi que les besoins industriels (6 variétés de soja et 8 variétés de maïs) crée des remous.
Dans un communiqué daté du 9 avril et consulté par l’Agence Ecofin, Association des paysans du Ghana (PFAG) a émis de fortes critiques contre cette démarche quelle considère comme problématique pour l’ensemble du secteur agricole ghanéen.
Selon l’organisation, il s’agit d’abord d’une contradiction de la part du gouvernement qui par la voix du précédent ministre de l’Agriculture avait indiqué que le pays « pouvait compter sur ses chercheurs pour développer des variétés résistantes et à haut rendement et n’avait pas besoin par conséquent d’OGM sur les 100 prochaines années ».
Du point de vue de l’intérêt de ces nouvelles cultures pour la sécurité alimentaire, la PFAG a exprimé son incompréhension. En effet, la structure faîtière estime que les producteurs ghanéens n’ont pas attendu les OGM pour investir dans leurs fermes et produire dans l’optique de satisfaire les besoins locaux malgré les nombreux défis liés à la commercialisation.
« En 2023, les exploitants ghanéens ont réussi sans l’aide du gouvernement à produire assez de céréales, des tubercules et les légumes qui sont à la recherche de débouchés. Les efforts du gouvernement pour aider à l’accès aux marchés ont échoué actuellement et les producteurs de riz et de maïs dépendent des Burkinabè et des Togolais pour leur écoulement. Si nous pouvons produire autant avec nos variétés locales, pourquoi cet attrait pour les semences de laboratoires qui viennent avec leurs lots de conséquences négatives sur la santé, l’économie et l’environnement », dénonce Wepia Addo Adugwala, président du groupement.
Plus globalement, l’organisation estime que les nouvelles cultures représentent une menace pour la diversité variétale et le système actuel où les producteurs s’approvisionnent en semences via des prélèvements sur les précédentes récoltes ou des achats auprès des sélectionneurs locaux.
Face à cette approbation qui selon elle, « marque le début de la perte de contrôle par le Ghana de son système agricole indigène au profit d’une poignée de multinationales », la PFAG a appelé le gouvernement à jouer la carte de la transparence et les producteurs à ne pas utiliser les nouvelles semences.
« L’Association demande une réponse immédiate et une assurance de la part du ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture (MoFA) que les intrants qui seront fournis dans le cadre de la seconde phase du programme PFJ (Planting for Food and Jobs) n’inclura pas des semences OGM. Nous appelons tous nos membres à rejeter toute semence OGM qui sera fournie par une compagnie, un individu ou le gouvernement. De plus nous exhortons la NBA à divulguer le processus et les procédures de validation de ces autorisations y compris les étiquettes nécessaires pour ces variétés aussi bien pour les producteurs que pour les consommateurs », peut-on lire dans le communiqué.
Il faut noter qu’a contrario de la PFAG, certains acteurs du marché voient cette nouvelle approbation qui a été faite 4 mois plus tard que prévu comme un développement positif pour le secteur ghanéen des biotechnologies qui rivalise avec celui du Nigéria dans la sous-région.
En juin 2022, l’ex-Gold Coast a été le second pays de la zone après le géant ouest-africain à adopter le niébé génétiquement modifié afin de lutter contre le foreur de gousses « Maruca vitrata » qui peut réduire les rendements de 20 à 80 % selon la sévérité des attaques.
Après cette approbation, la BNA avait aussi donné son feu vert pour l’importation par Bayer South Africa de deux variétés de soja et une variété de maïs transgéniques uniquement pour les besoins de l’alimentation humaine et animale.
Espoir Olodo
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