(Agence Ecofin) - 9 ans après son arrivée, la France va quitter le Mali par la petite porte, sur fond de tensions persistantes avec Bamako. Au lendemain d’une réunion avec les pays sahéliens, Paris et ses partenaires annoncent un retrait coordonné, mais indiquent qu’ils poursuivront leur lutte avec les autres pays.
La France va se retirer du Mali avec ses partenaires d’Europe et du Canada. L’annonce a été faite ce jeudi 17 février, dans une déclaration conjointe.
Les pays sahéliens et voisins, les partenaires internationaux, se sont réunis hier à l’Élysée pour échanger sur la lutte contre la menace terroriste et le soutien à la paix et à la sécurité au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Leur déclaration conjointe :https://t.co/vXMf8CwDOb
— Élysée (@Elysee) February 17, 2022
La décision qui paraissait inévitable était attendue depuis plusieurs jours. Mercredi, le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, a en effet réuni ses partenaires ouest-africains pour discuter d’une réorganisation de ses forces dans le Sahel, après que Paris a constaté que les conditions de sa présence militaire sur le sol malien où tout avait commencé en 2013 « ne sont plus réunies ».
« En raison des multiples obstructions des autorités de Transition maliennes, le Canada et les Etats européens opérant aux côtés de l’opération Barkhane et au sein de la Task Force Takuba estiment que les conditions politiques, opérationnelles et juridiques ne sont plus réunies pour poursuivre efficacement leur engagement militaire actuel dans la lutte contre le terrorisme au Mali, et ont donc décidé d'entamer le retrait coordonné du territoire malien de leurs moyens militaires respectifs dédiés à ces opérations », a indiqué le communiqué publié sur le site Internet de la présidence française.
Cette annonce intervient en pleine escalade des tensions entre Paris et Bamako, depuis l’arrivée au pouvoir du colonel Assimi Goïta. Après avoir annoncé une révision de l’accord militaire qui le lie à la France, Bamako avait demandé au Danemark de retirer les troupes qu’il venait de déployer sur son territoire « sans son consentement ». Cette décision avait été vivement critiquée par les pays européens, dont plusieurs (Suède et Estonie notamment) ont déjà annoncé eux aussi leur retrait de la force Takuba.
Après neuf ans de lutte terroriste dans le pays avec un succès mitigé, c’est donc par la petite porte que sort la France, pourtant perçue en 2013 comme le sauveur du peuple malien contre les terroristes. Pour de nombreux observateurs, ce retrait pourrait accélérer un rapprochement russo-malien, le Kremlin s’étant affiché ces derniers mois comme l’un des principaux soutiens de Bamako, malgré les critiques des gouvernements occidentaux.
EN DIRECT | Conférence de presse sur l'engagement de la France et de ses partenaires au Sahel. https://t.co/re8gvDmgzG
— Élysée (@Elysee) February 17, 2022
« Engagés » à rester dans la région malgré le retrait du territoire malien, Paris et ses partenaires indiquent néanmoins qu’ils poursuivront leur action conjointe contre le terrorisme dans la région du Sahel, notamment au Niger et dans le golfe de Guinée, « à la demande de leurs partenaires africains, et sur la base de discussions sur les futures modalités de leur action conjointe ». Une nouvelle feuille de route devrait être arrêtée dans ce cadre, d’ici juin prochain.
« Nous constatons et regrettons que les autorités maliennes de Transition n’aient pas tenu leurs engagements envers la CEDEAO, soutenue par l’Union africaine, d’organiser des élections présidentielle et législatives avant le 27 février. Nous exhortons les autorités maliennes à achever la période de transition, et à organiser des élections libres, équitables et crédibles », ajoute le communiqué de l’Elysée.
Moutiou Adjibi Nourou
Une initiative lancée par l'Association des universités africaines de télévision (AAU TV).