(Agence Ecofin) - L’uranium a récemment dépassé 100 dollars la livre, soit près du double de son prix il y a un an. Cette hausse intervient alors que plusieurs pays cherchent à développer leur parc nucléaire, en pleine transition énergétique. Cela devrait stimuler la demande d’uranium dans les années à venir.
Après leur récent rallye haussier, les prix de l’uranium devraient rester élevés pendant au moins une décennie. C’est du moins l’avis de John Borshoff (photo), PDG de Deep Yellow, société qui veut produire de l’uranium à partir du projet Tumas en Namibie dès 2026.
L’uranium a atteint plus de 100 dollars la livre entre fin décembre 2023 et janvier 2024, une première depuis 2007. Pour le cabinet de conseil australien Shaw and Partners, le combustible nucléaire devrait même voir son prix culminer à 150 dollars/livre entre 2025 et 2027.
Dans des propos relayés cette semaine par Bloomberg, M. Borshoff abonde dans ce sens en expliquant que ces prix élevés seront soutenus par la demande accrue de pays comme la Chine, le Japon ou la France, qui relancent ou élargissent leur parc nucléaire.
Dans l’Hexagone par exemple, le président Emmanuel Macron a annoncé la construction de six réacteurs nucléaires d’ici 2050, le premier devant être mis en service vers 2035. De même, participant à la COP 28 de Dubaï en décembre 2023, plus de 20 pays ont appelé à tripler la capacité mondiale d’énergie nucléaire d’ici 2050.
Bien qu’il faille attendre plusieurs années pour voir ces projets de centrales consommer effectivement de l’uranium, les compagnies minières peuvent déjà profiter de ces perspectives. Non seulement les contrats d’approvisionnement des centrales nucléaires sont négociés des années à l’avance, mais les investisseurs devraient aussi se montrer plus enclins à financer les projets de construction de mines d’uranium, dans ce contexte plus favorable.
Pour rappel, les prix s’étaient effondrés ces dernières années, notamment après la catastrophe de Fukushima au Japon qui a réduit l’intérêt des dirigeants mondiaux pour l’énergie nucléaire. Alors que la transition énergétique s’accompagne de la nécessité de produire une énergie décarbonée, le nucléaire revient donc en grâce pour le bonheur des producteurs d’uranium, notamment en Afrique.
En dehors de Deep Yellow et son projet Tumas, Bannerman Energy pilote aussi en Namibie le projet Etango, avec une entrée en production prévue d’ici 2027. Mentionnons aussi le redémarrage de la mine Langer Heinrich, en régime de maintenance et entretien depuis 2018 toujours en Namibie, ainsi que les projets Dasa et Madaouela au Niger. Ces deux pays sont les deux principaux producteurs d’uranium en Afrique.
Emiliano Tossou
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