(Agence Ecofin) - Au Kenya, le barreau demande le rejet du projet de loi qui prévoit la nationalisation de Kenya Airways. Le corps des avocats soulève plusieurs vices de forme, dont l’absence d’une étude de faisabilité. Gouffre à sous, la compagnie détenue à 48,9% par l’Etat entre dans sa 8e année consécutive de pertes.
C’est un nouvel obstacle au processus de nationalisation de Kenya Airways (KQ), quelques jours seulement après un nouveau report de l’étude du projet de loi y relatif. Dans un communiqué publié cette semaine, le barreau kenyan (Law Society of Kenya - LSK) s’oppose audit projet, et à la fusion de la compagnie aérienne avec la Kenya Airport Authority (KAA).
Ce projet de loi comporte « des problèmes juridiques importants », a déclaré le président du LSK, Nelson Havi. « Le projet de loi devrait être retiré pour permettre les processus préalables nécessaires ». Il soulève 12 questions fondamentales, notamment la violation potentielle du droit de la concurrence, l’absence d’une étude de faisabilité, la mauvaise gouvernance et les pratiques de corruption ainsi que l’inefficacité des entreprises publiques.
Selon le barreau kenyan, l’aboutissement de ce processus entrainera un lourd fardeau financier pour les contribuables. « La nationalisation et la fusion proposées, ainsi que le changement de propriétés qui en résulte, obligeront en effet le règlement immédiat de tous les dettes et engagements existants de KQ et KAA, conduisant à d'énormes paiements sur les fonds publics », écrit Nelson Havi.
Prévu pour durer au moins 21 mois, le processus de nationalisation, enclenché depuis juillet 2019, permettra à l’Etat kenyan, actionnaire à 48,9%, de racheter les participations du consortium de créanciers Kq Lenders Co 2017 Ltd (38,1%), Air France-KLM (7,8%), et celles d'autres actionnaires minoritaires qui se partagent le reste.
Dans sa nouvelle forme, Kenya Airways deviendra l'une des trois filiales d'une nouvelle société holding appelée Kenya Aviation Corporation (KAC). Les deux autres étant KAA qui s’occupera de la gestion des aéroports et Aviation Investment Corporation (AIC), dont les fonctions seront d'investir dans des activités directes et auxiliaires liées au secteur de l'aviation au Kenya.
Cette dernière décennie, Kenya Airways a été confrontée à une période de turbulences qui limite sa capacité à affronter efficacement la concurrence internationale. Le transporteur s’achemine vers une 8e année consécutive dans le rouge, avec une perte annuelle projetée de 550 millions de dollars en 2020. La compagnie a déjà perdu 133 millions de dollars au cours du premier semestre, après avoir enregistré une baisse de 54% du trafic passagers qui s’est établi à 1,1 million de voyageurs de janvier à juin. Son plan de licenciement prévoit le retranchement de 40% de ses 3 734 salariés.
Romuald Ngueyap
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