(Agence Ecofin) - Ces derniers mois, la Chine a investi énormément dans des initiatives ayant pour but de renforcer les capacités des journalistes africains. Le CESA, un think tank américain financé par le Congrès, s’est penché sur les méthodes utilisées et leur ampleur.
Selon une publication du Centre d’Etudes Stratégiques Africain (CESA), la Chine mène une vaste offensive pour influencer le paysage médiatique africain. Le think tank estime notamment que les nombreux investissements de la Chine dans la formation de journalistes africains ont pour but d’utiliser les journalistes africains pour promouvoir la Chine sur le continent. D’après le CESA, « pour consolider la voix de la Chine, le département de la propagande du Parti Communiste Chinois fournit des contenus gratuits, négocie des accords de partage de contenu avec des médias, et paie grassement […] ou offre des équipements aux médias les plus importants ».
« De nombreux jeunes journalistes africains sont formés en Chine et rémunérés par des médias chinois. Rien qu'au Kenya, 500 journalistes et collaborateurs locaux sont employés par des agences de presse chinoises, qui diffusent 1800 articles par mois », ajoute le CESA.
Joseph Odindo, journaliste kenyan et ancien directeur éditorial de Nation Media Group a communiqué au CESA quelques informations sur le volume de formations offert par la Chine. « Nous devions établir un tableau nous permettant de savoir qui était parti suivre une formation en Chine à un moment donné, qui devait revenir et qui était le suivant, faute de quoi la moitié de la rédaction se retrouvait à Pékin pour suivre une formation », explique-t-il.
« Les entités médiatiques soutenues par la Chine sont censées rendre compte favorablement du régime local et amplifier leurs projets et récits politiques. Elles font de même pour les investissements chinois, sans tenir compte des réticences locales qui se manifestent fréquemment », assure le CESA.
Le think tank cite l’exemple d’une situation ayant impliqué Standard Group, un conglomérat médiatique local. « Standard Group a publié un rapport d'enquête sur la corruption dans le Standard Gauge Railway construit par la Chine, le projet d'infrastructure le plus coûteux jamais réalisé au Kenya. Selon Joseph Odindo, alors rédacteur en chef du Standard Group, l'ambassade de Chine et son directeur de la communication ont annulé toutes les publicités qu'ils avaient passées avec nous. Ils ont exigé que nous mettions un terme à la couverture négative ».
Il faut rappeler que le CESA, think tank financé par le Congrès américain comme le mentionne son site web, évoque essentiellement ce type de pratiques chez les pays concurrents de l’influence américaine en Afrique. Cependant, plusieurs pratiques reprochées à la Chine visant à influencer le continent africain sont communes à de nombreuses puissances étrangères présentes en Afrique.
Servan Ahougnon
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