(Agence Ecofin) - Depuis plusieurs années, le Nigeria est confronté à des défis sécuritaires grandissants. La principale menace, la secte islamiste Boko Haram, multiplie les attaques contre les positions militaires et les enlèvements de lycéens. Une situation qui vaut de nombreuses critiques à l’armée nationale.
Au Nigeria, les 4 chefs des forces armées nationales ont remis leur démission au président Muhammadu Buhari. C’est ce qu’a annoncé le dirigeant dans un tweet publié ce 26 janvier 2021.
I have accepted the immediate resignation of the Service Chiefs, and their retirement from service. I thank them all for their overwhelming achievements in our efforts at bringing enduring peace to Nigeria, and wish them well in their future endeavours.
— Muhammadu Buhari (@MBuhari) January 26, 2021
L’annonce concerne les chefs d’état-major, de l’armée de terre, de la marine et de l’armée de l’air nigériane. « J'ai accepté la démission immédiate des chefs de corps et leur mise à la retraite. Je les remercie tous pour les résultats remarquables qu'ils ont obtenus dans le cadre de nos efforts visant à instaurer une paix durable au Nigeria et je leur souhaite bonne chance dans leurs futures activités », a indiqué le chef de l’Etat.
Cette décision survient en pleine crise sécuritaire au Nigeria, marquée par les exactions des groupes terroristes, le grand banditisme, les conflits intercommunautaires mais également les actes de sabotage de groupes séparatistes. Depuis le début de l’insurrection lancée par Boko Haram en 2009, le pays n’a jamais pu vaincre le terrorisme.
Malgré la promesse de Muhammadu Buhari d’éradiquer le fléau djihadiste de son territoire, la secte islamiste s’est au fil du temps muée en une hydre à deux têtes, avec la création d’une nouvelle faction (dissidente) affiliée à l’organisation Etat Islamique. Au total, on estime qu’au moins 36 000 personnes ont été tuées dans les attaques de Boko Haram au Tchad, au Cameroun, au Niger, mais surtout dans le nord-est du Nigeria.
Autre fait important à souligner, ces démissions interviennent quelques mois après le lancement du mouvement END SARS qui a marqué une véritable rupture de confiance entre la population et les forces de police accusées de nombreux abus. Il faut rappeler que l’armée avait été accusée d’avoir tiré sur les populations qui manifestaient contre les brutalités des forces de police.
Malgré les nombreuses critiques, le chef de l’Etat s’était contenté de défendre ses soldats, et de mettre en avant les succès de son armée dans la résolution des défis sécuritaires du Nigeria. Deux semaines plus tôt, le porte-parole de l’armée avait déclaré qu’une soixantaine de terroristes avaient été abattus dans le nord du pays dans le cadre des opérations Lafiya Dole et Tura Takaibango.
L’annonce de ces démissions semble donc marquer un changement de cap dans la gestion de la crise sécuritaire que traverse le pays le plus peuplé d’Afrique.
Notons que dans la foulée des démissions, le président Buhari a donné les noms des nouveaux chefs de son armée. Ainsi, le nouveau chef d'état-major est le général Leo Irabor et le nouveau chef de l'armée de terre est Ibrahim Attahiru (photo). L'amiral A.Z Gambo va quant à lui diriger la marine, tandis que le général Isiaka Oladayo Amao sera à la tête de l'armée de l'air.
Moutiou Adjibi Nourou
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.