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La censure sur Internet, une technologie américaine au service des dictatures

  • Date de création: 04 mai 2011 12:06

(Agence Ecofin) - La plupart des technologies de censure sur Internet, écrit le rapport de Helmi Norman et Jilian York, proviennent d’entreprises américaines et canadiennes.

Si l’on en croit un rapport produit par Helmi Norman et Jilian York (« West Censoring East: The Use of Western Technologies by Middle East Censors », 2010-2011), il y a un réel marché de la censure sur Internet, avec les gouvernements qui veulent limiter la capacité de leurs populations à s’informer et à informer via le réseau mondial. Mais cette censure ne perdure qu’à travers une certaine forme de complicité des éditeurs de logiciels et des autorités.

L’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, auxquels le rapport s’intéresse, sont des régions où, à des échelles variables selon les pays, la censure est abondamment pratiquée. Si, au Maroc, elle se limite actuellement au blocage de certains sites, d’autres pays comme Bahrein, la Syrie et le Yémen ont des niveaux de censure beaucoup plus importants.

La censure sur Internet serait cependant sans objet sans la collaboration, d’une manière ou d’une autre, des fournisseurs de technologies, mais aussi des gouvernements. La plupart de ces technologies, écrit le rapport de Helmi Norman et Jilian York, proviennent d’entreprises américaines et canadiennes.

McAfee au service de Ben Ali

A Bahreïn, en Arabie saoudite, à Oman, au Soudan et au Koweït, le programme SmartFilter, développé par la société américaine McAfee est l’un des outils utilisés. Avant la révolution du jasmin, la Tunisie l’avait également adopté. Le Yémen, après s’être servi du programme américain WebSense, s’est maintenant tourné vers NetSweeper, un logiciel canadien utilisé aussi au Qatar et dans les Emirats arabes unis. En Chine, les produits Cisco semblent avoir la préférence des autorités. Tous ces programmes permettent de bloquer des milliers de sites d’un seul coup après les avoir identifiés par catégories.

Aucune action publique, s’étonne le rapport, n’a été entreprise par les autorités américaines pour freiner l’exportation de ces logiciels, malgré, l’existence, au Département d’Etat américain, d’un programme pour la liberté de l’internet qui octroie des subventions à des technologies servant à contourner ce genre de programmes. Pour Jilian York, « si le but du programme pour la liberté de l’internet est d’exporter la liberté du Net, peut-être faut-il commencer par ne plus exporter la censure de l’Internet ».