(Agence Ecofin) - L’Afrique a enregistré plus de 10,8 millions de cas de covid-19, depuis le début de la pandémie. Parmi les pays les plus touchés, figure l’Afrique du Sud, dont le gouvernement a dégagé d’énormes moyens pour faire face à la crise.
En Afrique du Sud, 62% des contrats liés à la covid-19 ont été attribués à des prestataires de façon frauduleuse. C’est ce que révèle le rapport final de l’Unité d’enquête spéciale (SIU) sur l’attribution des marchés publics liés à la covid-19, dont le président de la République vient d’autoriser la publication.
L’enquête de la SIU a porté sur 5467 contrats attribués à 3066 prestataires. Leur coût global est de plus de 933 millions de dollars. Sur 4549 contrats finalisés, 2803 se sont avérés frauduleux, soit 62%. D’après le chef de l’Etat, Cyril Ramaphosa, ce rapport représente une avancée importante pour « la lutte contre la corruption dans les secteurs public et privé » et pour « la bonne gouvernance ».
« Le rapport final détaille les questions transmises par la SIU à l’autorité nationale chargée des poursuites, aux départements et entités du secteur public et d’autres parties, qui finaliseront le processus visant à traduire les malfaiteurs en justice et à remédier aux faiblesses identifiées par l’enquête », a par ailleurs révélé M. Ramaphosa.
L’enquête a permis d’enregistrer quarante-cinq affaires d’une valeur totale de 2,1 milliards de dollars devant le tribunal spécial sur la corruption, la fraude et les flux financiers illicites. Ce tribunal « a pour mandat de récupérer les fonds publics détournés » par ces procédés frauduleux.
De plus, la SIU a adressé « 224 demandes de mesures disciplinaires à l’encontre de fonctionnaires de ministères ou d’entités gouvernementales » et « 330 demandes d’action administrative, y compris l’inscription sur liste noire ». Elle a également transmis « 386 dossiers à l’Autorité nationale chargée des poursuites » et « trois dossiers pour une action exécutive ».
Le gouvernement sud-africain qui est déjà entré en possession de 2,2 millions de dollars au titre d’argent liquide et d’actifs détournés espère récupérer environ 35,7 millions de dollars au terme de cette procédure. D’après les autorités, cette enquête qui a duré 18 mois a permis au pays d’éviter une perte potentielle de près de 7,4 millions de dollars. En ce qui concerne les contrats mis de côté, ils s’élèvent à 11 millions de dollars.
Déjà marquée par des scandales de corruption à répétition impliquant de hautes personnalités de l’Etat, notamment l’ancien président Jacob Zuma, l’Afrique du Sud a vu sa stratégie de lutte contre le coronavirus être très vite entachée de soupçons de fraudes dès 2020. En effet, alors que le pays compte le plus grand nombre de contaminations en Afrique, plusieurs membres du gouvernement se sont retrouvés impliqués dans des scandales de détournement de fonds destinés à lutter contre la covid-19. En juillet 2020, Khusela Diko, la porte-parole de la présidence, a été suspendue de ses fonctions parce que son mari se serait vu attribuer un marché d’équipements anti-covid-19 dans la province du Gauteng, alors que le propre fils de Cyril Ramaphosa est soupçonné de conflit d’intérêts sur des contrats publics.
Dans un rapport paru en septembre de la même année, l’auditeur général d’Afrique du Sud, Kimi Makwetu, a indiqué que le scandale implique désormais tout le programme anti-coronavirus de 30 milliards $ mis en place par le président Ramaphosa. L’audit de la gestion de plus de 147,4 milliards de rands (environ 9 milliards $) du programme d’aide, destinés à lutter contre le chômage et la pauvreté a révélé de forts risques de fraude et de détournement. On soupçonne également plusieurs fonctionnaires d’avoir surfacturé jusqu’à cinq fois le prix initial des commandes d’équipements de protection, ou d’avoir octroyé des fonds à des personnes qui n’y étaient pas éligibles, au détriment des plus vulnérables.
Une initiative lancée par l'Association des universités africaines de télévision (AAU TV).