(Agence Ecofin) - En juin 2022, quatre sirops produits en Inde sont soupçonnés d’avoir causé le décès de 70 enfants en Gambie. Les familles des victimes ont intenté un procès contre le gouvernement et attendent toujours que justice soit rendue. Lundi 17 juillet, le procès à peine ouvert a été reporté.
Lundi 17 juillet, le procès ouvert contre les autorités gambiennes, à la suite du décès de 70 enfants après avoir consommé du sirop contre la toux, a été reporté au 24 octobre prochain. C’est ce qu’a appris Agence Ecofin, hier, mardi.
Ces sirops contre la toux et le rhume, fabriqués en Inde par l’entreprise Maiden Pharmaceuticals Limited, contenaient selon le rapport d’alerte de l'OMS, « du diéthylène glycol et de l’éthylène glycol en quantités inacceptables ». Deux substances toxiques et potentiellement mortelles, selon l’institution.
Depuis 2022, les familles des victimes poursuivent en justice le ministère gambien de la Santé et le service des Inspections de la qualité des médicaments. Lundi, le report du procès au 24 octobre a relancé le débat sur le contrôle de la qualité des produits pharmaceutiques importés sur le continent.
Si l’incident est le premier du genre en Gambie, ce n’est pas la première fois que des produits indiens entraînent des conséquences dramatiques. En 2020 par exemple, onze enfants indiens sont morts après avoir bu du sirop produit par des entités locales. Plus grand exportateur mondial de médicaments en volumes, l’Inde exporte des produits pharmaceutiques vers plus de 200 pays et fournit plus de 50 % des besoins en génériques de l'Afrique, où le contrôle des produits fait parfois défaut.
La prolifération des faux médicaments en Afrique constitue selon l’ONU une problématique de santé publique. Dans un rapport d'évaluation des menaces, l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) révèle que « les médicaments de qualité inférieure ou contrefaits, comme le sirop de contrebande pour bébés, tuent près d'un demi-million d'Africains subsahariens chaque année ».
D’autre part, environ 40% des produits médicaux, non conformes aux normes et falsifiés signalés dans les pays du Sahel entre 2013 et 2021 atterrissent dans la chaîne d'approvisionnement réglementée, indique une note relais de l’ONU citant l’OMS.
Selon les estimations de l'OMS, la prise en charge des personnes ayant utilisé des produits médicaux falsifiés ou de qualité inférieure pour le traitement du paludisme en Afrique subsaharienne, coûte jusqu'à 44,7 millions $ par an.
Afin de réduire la dépendance excessive des pays africains aux produits médicaux importés, l'Union Africaine (UA) travaille à l’opérationnalisation de l'Agence africaine du médicament, dont le traité portant création est ratifié par plusieurs pays depuis octobre 2021.
Siamlo Victoria Sedji
Une initiative lancée par l'Association des universités africaines de télévision (AAU TV).