Ebola s’étend en Ouganda, un sirop tue 66 enfants en Gambie : le point de santé hebdomadaire en Afrique
(Agence Ecofin) - Survol de l’actualité sanitaire hebdomadaire en Afrique : en Ouganda, l’épidémie d'Ebola continue à s’étendre. Plusieurs pays annoncent des mesures pour contenir la propagation du virus. En Gambie, les cas d'insuffisance rénales aiguës qui ont tué une soixantaine d’enfants semblent élucidés : ils sont en lien avec des produits médicaux de mauvaise qualité. Pour l’une comme pour l’autre situation sanitaire, une alerte internationale a été lancée…
Gambie : les mystérieux décès d’enfants étaient liés à des sirops contre la toux
La semaine dernière, l'Agence Ecofin relevait des cas de lésions rénales aiguës d'étiologie inconnue en Gambie, ayant entraîné de nombreux décès chez des enfants. Les enquêtes menées par les autorités sanitaires et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont révélé un lien potentiel avec des médicaments contre la toux de qualité inférieure fabriqués par Maiden Pharmaceuticals Ltd à Haryana, en Inde. Selon les derniers chiffres publiés mercredi par l'OMS, 66 décès dus à l'insuffisance rénale aiguë chez les enfants sont survenus depuis que le problème a été identifié pour la première fois en août. Depuis, une alerte a été lancée à l’international.
Syrup manufactured by Haryana based company Maiden Pharmaceuticals! pic.twitter.com/Nm1mBX4boQ
— Gone Girl ✨ (@gonegirlisback) October 5, 2022
« La présente alerte OMS relative aux produits médicaux concerne quatre produits non conformes aux normes, identifiés en Gambie et signalés à l'OMS en septembre 2022. Les produits médicaux de qualité inférieure sont des produits qui ne répondent pas à leurs normes de qualité ou à leurs spécifications et sont donc "hors normes". », indique-t-on.
« Les quatre produits sont la solution orale de prométhazine, le sirop pour bébé Kofexmalin contre la toux, le sirop pour bébé Makoff contre la toux et le sirop Magrip N Cold. Le fabricant déclaré de ces produits est Maiden Pharmaceuticals Ltd (Haryana, Inde). À ce jour, le fabricant déclaré n'a pas fourni de garanties à l'OMS sur la sécurité et la qualité de ces produits. » Cette situation a donné lieu à un exercice de rappel de médicaments dans trois régions, puis à un déploiement à l'échelle nationale. Plusieurs pays de la sous-région ont également sonné l’alerte.
Ebola en Ouganda : les cas détectés en hausse
En Ouganda, l'épidémie d'Ebola continue de se répandre. De septembre à cette première semaine d'octobre, au moins 64 cas (confirmés ou suspectés) sont recensés d’Ebola Sudanensis. Une forme plus rare du virus pour lequel aucun vaccin ou traitement n'est disponible. A ce jour, environ 30 personnes sont décédées, selon les données. Parmi elles, on note un médecin de 37 ans, le Dr Mohammed Ali, de nationalité tanzanienne.
Un deuxième docteur tanzanien âgé de 37 ans, en spécialisation dans une université ougandaise meurt des suites du virus Ebola. Très inquiétant ❗RIP ?
— Bôra Madochka-Bica (@Nzebalafricaine) October 2, 2022
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Serikali yathibitisha kifo cha daktari Mtanzania Uganda https://t.co/ETmpmPS4JH via @MwananchiNews
Pour rappel, le ministère ougandais de la Santé avait déclaré l'épidémie de maladie à virus Ebola (MVE) - souche soudanaise, le 20 septembre 2022, à la suite d'un résultat de test positif chez un homme adulte dans le district de Mubende. Le cas a été développé localement et non importé. La date de début de l'épidémie est le 1er septembre 2022. Dans le pays, les infections ont jusqu'à présent été confirmées dans cinq districts : Kagadi, Mubende, Kyegegwa, Kassanda et Bunyangabu. Si l'épicentre reste le district de Mubende, avec 36 cas confirmés, seize autres districts présentent un risque élevé, tandis que le reste des districts ougandais sont classés dans la catégorie des risques modérés, indiquent les autorités de suivi. Des équipes de surveillance du ministère de la Santé ont été déployées dans tous les districts à risque. Une unité de dépistage a été ajoutée par l’OMS, qui renforce son appui dans la lutte contre la maladie.
Ebola : inquiétudes et mesures dans les autres pays
Au Kenya, pays voisin de l’Ouganda, les autorités publiques ont instauré un dépistage obligatoire d’Ebola à la frontière depuis le samedi 1er octobre. Selon plusieurs sources, tous les conducteurs doivent recevoir un certificat après avoir subi le dépistage. « Nous devons prendre des précautions. En tant que responsabilité collective pour prévenir l'introduction de maladies dans notre pays, il est obligatoire de se soumettre à un dépistage au bureau de santé et de recevoir une carte de dépistage », a déclaré à cet effet Paul Kibii, responsable de la santé de Malaba, ville frontalière avec l’Ouganda.
Au Nigéria, le Centre de contrôle et de prévention des maladies (NCDC) s’est mis en alerte, suite à l'apparition du virus en Ouganda. Le Centre nigérian a évalué le risque global d'importation du virus Ebola et l'impact sur la santé des Nigérians comme élevé. Un risque jugé “élevé” notamment à cause du manque de traitement et de vaccin contre cette maladie virale.
Hors du Continent, les Etats-Unis ont annoncé des mesures de dépistage systématique pour les voyageurs ougandais. L'administration Biden va en effet commencer à rediriger les voyageurs à destination des États-Unis qui se sont rendus en Ouganda au cours des 21 derniers jours vers cinq grands aéroports américains afin qu'ils subissent un dépistage à Ebola.
Des agents formés à la détection précoce des risques sanitaires
Des agents de santé sont formés dans plusieurs pays du continent, pour mieux détecter les risques sanitaires. Ces formations, données avec l’appui de l’Organisation mondiale de la Santé, se sont déroulées cette semaine, notamment au Togo et au Burundi. Au Togo, les acteurs de la lutte contre les maladies étaient ainsi en atelier toute la semaine, pour se former à l'intelligence épidémique, en vue d’améliorer la réponse nationale aux maladies. Au Burundi, il s'agit de former plus de 170 prestataires de soins pour améliorer leurs compétences en détection rapide précoce des cas d’épidémies, collecte, décodage, analyse et transmission des données de surveillance épidémiologique.
La formation appuyée financièrement et techniquement par @WhoBurundi permettra au #Burundi d’avoir des cadres de la santé capables de répondre efficacement à une épidémie et autres évènements de santé publique, suivre, évaluer et améliorer la surveillance épidémiologique. pic.twitter.com/BsZBbU9zt6
— WHO Burundi (@WhoBurundi) October 7, 2022
Ces formations, à caractère panafricain, visent à améliorer la réponse à une épidémie et autres événements de santé publique, à suivre, à évaluer et à améliorer la surveillance épidémiologique. Elles s’inscrivent dans la continuité de 3 projets phares initiés par l’OMS. Leur mission est d’améliorer la capacité des Etats à se préparer (Projet PROSE), détecter (Projet TASS) et répondre aux urgences de santé publique (Projet SURGE).
Soudan : des cas de dengue et chikungunya signalés au Sud-Darfour
Au Soudan, on a relevé un cas de dengue et huit cas de chikungunya récemment, selon les responsables sanitaires du Sud-Darfour. Selon le directeur du département des urgences et de l'épidémiologie du ministère de la Santé de l'État du Darfour Nord, Dr Abbas Shams El Din, la plupart des cas ont été enregistrés dans diverses localités de Nyala (ville de l'ouest du Soudan d’un peu plus de 500 000 habitants). Ces cas pourraient avoir été favorisés par les récentes inondations qui ont frappé le Soudan, créant une situation de manque d'hygiène et de contamination de l'eau potable.
Pour rappel, la dengue est une maladie causée par un virus qui se propage par les piqûres de moustiques. La maladie peut prendre jusqu'à deux semaines pour se développer, et dure généralement moins d'une semaine. Ses effets sur la santé comprennent la fièvre, les maux de tête, les nausées, les vomissements, les éruptions cutanées, les douleurs musculaires et articulaires et les saignements mineurs.
De même, le chikungunya est aussi transmis à l’homme par des piqûres de moustiques infectés par le virus du chikungunya. Contrairement à la Dengue, il n’existe pour l’heure, aucun vaccin ou médicament spécifique contre le virus du chikungunya.
Malawi : près de 4000 cas de choléra
Au Malawi, l’épidémie de choléra se poursuit. Au 5 octobre, le nombre cumulé de cas confirmés et de décès signalés depuis le début de l'épidémie en mars 2022 est de 3960 et 111 respectivement, avec un taux de létalité de 2,8 %. Parmi les districts touchés, Nkhata Bay a signalé le plus grand nombre de cas avec 858 cas et 22 décès, suivi de Blantyre (609 cas/24 décès), Rumphi (563/10) et Nkohotakota (436/14). En tout, 22 districts ont signalé des cas de maladie diarrhéique aiguë. La plupart des décès sont survenus dans les communautés ou dans les établissements de santé après s'y être présentés tardivement pour un traitement.
Mauritanie : 4 nouveaux cas humains de fièvre de la Vallée du Rift, 1 décès enregistré
Dans le cadre du suivi de la situation de la fièvre de la vallée du Rift (FVR) humaine en Mauritanie, le ministère de la Santé du pays a signalé 4 cas humains supplémentaires, ainsi qu’un décès de plus. Cela porte le nombre de cas signalés à 32 et 17 décès causés par la FVR. La fièvre de la vallée du Rift est une fièvre hémorragique virale aiguë qui provoque des maladies chez les animaux (bovins, buffles, moutons, chèvres et chameaux).
Afrique du Sud : un 2e cas de fièvre hémorragique de Crimée-Congo
En Afrique du Sud, les autorités sanitaires signalent un nouveau cas de fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC), le deuxième dans le pays depuis le début de cette année. Il s'agit d’un homme de 32 ans originaire de Burgersdorp, dans la province du Cap oriental. La fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC) a été confirmée le 10 septembre. Le patient a été hospitalisé dans la province de Free State. Le patient s'est rétabli et est sorti de l'hôpital. Le premier cas était un cas mortel de FHCC, signalé dans la province du Cap occidental.
La FHCC est une maladie très répandue, causée par un virus transmis par les tiques (Nairovirus) de la famille des Bunyaviridae. Le virus de la FHCC provoque de graves épidémies de fièvre hémorragique virale, avec un taux de létalité de 10 à 40 %. C’est une maladie humaine rare en Afrique du Sud, avec 220 cas signalés depuis 1981, année où elle a été signalée pour la première fois dans le pays d’Afrique australe.
Les changements climatiques pourraient favoriser les fièvres de Lassa en Afrique
Selon le Scripps Research Institute, un centre de recherche biomédicale américain, le changement climatique et d'autres facteurs pourraient bientôt faire de la fièvre mortelle de Lassa, un problème de santé publique beaucoup plus important en Afrique sur les prochaines décennies. Avec une extension des zones zones propices à la propagation du virus de Lassa, de l’Afrique de l'Ouest à l'Afrique centrale et orientale sur la période.
#Lassa virus endemic area may expand dramatically in coming decades: Scripps Research #Africa #Nigeria #climatechange https://t.co/Eq9hQC2vSL
— Robert Herriman (@bactiman63) October 5, 2022
Dans une publication parue le mois dernier, les scientifiques de ce centre ont analysé des décennies de données environnementales associées aux épidémies de virus de Lassa. Ils révèlent que la température, les précipitations et la présence de zones de pâturage sont des facteurs clés contribuant à la transmission du virus. « Notre analyse montre comment l'évolution du climat, de l'utilisation des terres et de la population au cours des 50 prochaines années pourrait accroître considérablement le risque de fièvre de Lassa en Afrique », explique la première auteure de l'étude, Raphaëlle Klitting, docteur en médecine, chercheuse postdoctorale au Scripps Research.
Le virus de Lassa est un virus zoonotique, qui se transmet à l'homme à partir d'autres animaux, dont le rat. Si 80 % des infections sont bénignes ou asymptomatiques, les autres cas sont plus graves, avec des signes et symptômes pouvant inclure des hémorragies buccales et intestinales, une hypotension artérielle (choc) et une perte auditive potentiellement permanente. Chez les patients hospitalisés, le taux de létalité est généralement élevé, atteignant parfois 80 %.
Ayi Renaud Dossavi
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Ayi Renaud DOSSAVI
Une initiative lancée par l'Association des universités africaines de télévision (AAU TV).