(Agence Ecofin) - Déjà critiquées dans les médias, les autorités éthiopiennes le sont encore plus sur les réseaux sociaux. Les internautes du monde entier reprochent au pays du prix Nobel de la paix 2020 le bellicisme de ses autorités dans la crise tigréenne.
Face aux critiques du monde entier sur leur gestion de la crise dans la région du Tigré, le gouvernement éthiopien a pris une décision pour le moins surprenante dans le but d’offrir un autre regard sur la situation. En effet, l'Agence nationale de sécurité des communications du pays vient d’annoncer que l’Ethiopie travaille à créer un réseau social pour concurrencer, au plan local, les plateformes comme Facebook, Twitter et WhatsApp.
D’après des propos de Shumete Gizaw (photo), le directeur de l'Agence nationale de sécurité des communications, l’Ethiopie souhaite que son réseau social « remplace » ces grandes plateformes et ne prévoit pas bloquer l’accès à Facebook, Twitter, Whatsapp ou Zoom sur son territoire. Il faut dire que la situation entre les autorités locales et ces plateformes est de plus en plus tendue notamment sur le conflit en région tigréenne.
Shumete Gizaw a, par exemple, accusé Facebook de supprimer des publications et des comptes d'utilisateurs qui, selon lui, « diffusaient la vraie réalité de l'Ethiopie ». En juin, dans le cadre de sa lutte contre les campagnes d’influence, Facebook a supprimé un réseau de faux comptes actifs en Ethiopie ciblant une audience locale. Certains des comptes appartenaient à des individus liés à l'Agence nationale de sécurité des communications.
Il faut également rappeler que les autorités éthiopiennes avaient subi des critiques acerbes pour avoir bloqué, en mai dernier, l’accès aux réseaux sociaux pendant quelques jours, dans certaines régions du pays.
Shumete Gizaw, sans donner d’informations sur la date de lancement du projet ou le budget engagé, a assuré que l'Ethiopie disposait de l'expertise locale pour parvenir à ses fins sans l’intervention de spécialistes étrangers. Dans une intervention dans un média local, l’intéressé a même évoqué l’essai d’une plateforme capable de remplacer Whatsapp.
En attendant, lorsqu’on considère que le régime éthiopien et ses adversaires locaux s’affrontent également sur les réseaux sociaux, on peut s’interroger sur l’accès qui sera offert par le réseau social envisagé aux voix dissidentes. Au final, prétextant raconter « la réalité du pays » les autorités pourraient finir par ne se servir du projet que pour véhiculer leur version.
Servan Ahougnon
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