(Agence Ecofin) - Depuis 4 mois, le Mali détient 46 soldats ivoiriens qu’il accuse d’être des mercenaires. Alors que l’annonce en juillet dernier par le président Sissoco Embalo de la création d’une force anti-putsch de la CEDEAO semble prendre corps, l’organisation a décidé de durcir le ton contre Assimi Goïta.
La CEDEAO a posé un ultimatum au Mali pour la libération des 46 soldats ivoiriens accusés d’être des mercenaires. La décision a été prise à l’issue du 62e sommet des chefs d’Etat de l’Organisation qui s’est tenu dimanche 4 décembre.
Réunis à Abuja, la capitale du Nigeria, les chefs d’Etat de la région ont appelé Bamako à libérer les soldats ivoiriens d’ici 1er janvier 2023. Ces derniers sont détenus depuis plus de 04 mois à Bamako et font l’objet d’intenses négociations sous la médiation du président togolais Faure Gnassingbé.
La décision de la CEDEAO intervient alors que la Côte d’Ivoire a annoncé récemment qu’elle se retirerait de la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA). Alors que Bamako et Abidjan continuent d'écharper sur les conditions de libération des soldats arrêtés, la CEDEAO pourrait adopter de nouvelles sanctions contre le gouvernement d’Assimi Goïta en cas de non-respect de l’ultimatum fixé.
Durant la rencontre, les chefs d’Etat de la Communauté ont également validé la création d’une force régionale. Celle-ci « sera une force d’intervention contre le terrorisme et les changements anticonstitutionnels dans la sous-région », a confié à RFI, Omar Alieu Touray (photo), le président de la Commission de la CEDEAO, qui a prêté serment au cours de ce 62e sommet.
Le Président Touray a prêté serment lors de la 62ème Session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO à Abuja... pic.twitter.com/OtWclCJIKt
— Ecowas - Cedeao (@ecowas_cedeao) December 5, 2022
Et d’ajouter : « Pour cette force-là, les chefs d’État ont décidé de ne pas dépendre des financements volontaires, car jusqu’à maintenant, nous avons vu que les financements volontaires ne viennent jamais. Nous allons regarder comment financer la force avec nos propres moyens ».
En juillet, le président en exercice de la CEDEAO Umaro Sissoco Embalo avait déjà émis l’idée de la création d’une force anti-putsch, pour répondre à la vague de coups d’Etat qui a frappé l’Afrique de l’Ouest depuis 2020. « On ne peut pas penser que pour arriver au sommet de l’Etat, c’est un fast-track [...] Il y a des procédures pour devenir chef d’Etat. Il faut que nous soyons tous républicains. C’est le peuple qui a le droit de sanctionner les dirigeants même si les peuples sont parfois aussi complices », avait indiqué le dirigeant bissau-guinéen lors d’une visite du président français Emmanuel Macron, qui a d’ailleurs soutenu cette initiative.
Pour rappel, trois pays ouest-africains ont connu en moins de deux ans des putschs qui ont renversé leurs gouvernements démocratiquement élus. Il s’agit du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso, qui ont désormais à leurs têtes des gouvernements militaires avec lesquels la CEDEAO essaie de négocier des transitions courtes et pacifiques.
Moutiou Adjibi Nourou
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