RDC : péril sur la monétisation de l’or noir !

(Agence Ecofin) - La RDC possède plus de 22 milliards de barils de réserves de pétrole exploitable, mais plusieurs défis restent à relever pour exploiter ce volume de pétrole.

Depuis plusieurs mois, la RDC a lancé un vaste cycle d’octroi de licences d’explorations pétrolières, afin d’attirer des investisseurs pour monétiser des réserves de pétrole logées entre le centre et l’est du pays. Notons que certains des blocs mis aux enchères alimentent une grande polémique actuellement, car ils sont situés dans des zones écologiquement sensibles, comme le parc des Virunga.

Malgré l’opposition des organisations de la société civile et des ONG internationales spécialisées dans la protection de l’environnement, Kinshasa veut aller jusqu’au bout du projet. En juillet dernier, l’ONG 350.org avait relevé que non seulement l’exploitation du pétrole pourrait détruire la biodiversité, mais elle pourrait aussi affecter la vie de 100 000 personnes, vivant autour de ces points sensibles. À cela, le ministre du Pétrole, Didier Budimbu, a ironisé : « 100 000 personnes c’est bien, mais nous représentons un pays et les intérêts de ses [près de, Ndlr] 100 millions d’habitants et nous n’allons pas subir le diktat d’une ONG ».

Mais les lobbys de la protection de l’environnement sont à l’œuvre et militent pour que les compagnies internationales ne s’associent pas au projet. Une démarche qui semble porter ses fruits. En effet, le ministère a annoncé une nouvelle tournée de promotion le 11 mai, à Londres pour faire connaître l'appel d'offres, après avoir reporté pour la deuxième fois les dates limites de soumission des offres pour 24 blocs la semaine dernière.

Problème de transport 

Si les réalités environnementales représentent une certaine menace pour l’effectivité de l’exploitation du pétrole congolais, un autre enjeu de taille pourrait bloquer la RDC dans ce sens. D’après Bloomberg, « l'ambition de la RDC de tirer des milliards de dollars de revenus de ses blocs pétroliers enclavés restera lointaine si ces périmètres ne sont pas reliés au pipeline ougando-tanzanien, en cours de développement par TotalEnergies ».

En effet, le gouvernement congolais tient depuis plusieurs mois, des pourparlers avec l’Ouganda et la Tanzanie pour relier ses bassins de production au pipeline est-africain EACOP. Techniquement, c’est un itinéraire plus abordable, pour ces réserves situées dans une région enclavée. Si le gouvernement ougandais est ouvert à cette possibilité, TotalEnergies n’est pas du même avis.

« EACOP devrait fonctionner à pleine capacité ou presque, sur la base de la production ougandaise, pendant la majeure partie de la première décennie de son exploitation », a fait remarquer un porte-parole de la société française à Bloomberg.

D’ailleurs, le directeur général de la major française, Patrick Pouyanne, a déclaré en novembre à une commission parlementaire française que la société ne ferait pas d'offre pour les blocs pétroliers de la RDC. « TotalEnergies ne sera pas en RDC pour faire du pétrole, donc ce fameux oléoduc ne sera pas utilisé pour cela », avait-il indiqué.

Notons que les organisations de protection de l’environnement ont expressément fait pression dans l’opinion pour que l’entreprise ne participe pas au cycle de licences en cours dans le pays.

Ces remarques ont contrarié Didier Budimbu, qui souhaite contourner la position de TotalEnergies, en organisant des pourparlers directement avec l’Ouganda et la Tanzanie, pour négocier une connexion à la ligne. « Ce n'est pas TotalEnergies qui aura le dernier mot », a-t-il déclaré. 

Cependant, les observateurs restent pessimistes en ce qui concerne la possibilité que la RDC construise une autre ligne pour exporter son pétrole. « Si TotalEnergies n'autorise pas le transport de brut extérieur par l'oléoduc, je pense qu'il n'y a pas d'options d'exportation disponibles de ce côté du pays », a déclaré Pranav Joshi, analyste chez Rystad Energy. 

Olivier de Souza

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