(Agence Ecofin) - L’or exporté illégalement chaque année depuis les pays d’Afrique Centrale et de l’Est représenterait 4 milliards $, selon un rapport publié cette année par The Sentry. À défaut d’un contrôle dans les pays producteurs, des mesures en aval permettraient de mieux lutter contre la contrebande.
70 % de l’or négocié dans le monde transite physiquement par la Suisse. C’est ce que révèle une étude menée par des chercheurs pour le compte du World Wildlife Fund. Publié lundi 8 novembre, le document précise qu’environ la moitié (49 %) entre dans la production de montres et de bijoux et seulement 15 % sont achetés par les banques centrales.
Malgré cette place importante dans le secteur aurifère mondial, le WWF note l’insuffisance des règles d’approvisionnement responsable en Suisse, comparé à d’autres régions comme l’Union européenne ou les Etats-Unis. Les autorités helvétiques n’imposent pas en effet aux importateurs de prouver que le métal acheté n’est pas lié à des conflits ou produit dans des conditions qui violent les droits de l’homme.
« Nous avons besoin de régulations relatives au devoir de diligence […]. Les engagements volontaires des entreprises désireuses de faire toute la transparence dans leurs chaînes de création de valeur et d’assumer leurs responsabilités peuvent en particulier faire bouger les choses », demande donc Damian Oettli, responsable Sustainable Markets au WWF Suisse.
Si ces critiques sont fondées, il faut noter que la Suisse n’est pas le seul pays concerné. Selon un rapport de l’ONG américaine The Sentry, 4 milliards de dollars d’or sont exportés chaque année des pays d’Afrique de l’Est et du Centre en dehors de tout contrôle officiel, et se retrouvent ensuite aux Emirats arabes unis.
« L’or provenant des zones de conflit est principalement acheminé en contrebande vers des pays voisins comme l’Ouganda, le Rwanda, le Cameroun, le Kenya, le Tchad et le Burundi, avant d’être exporté vers Dubaï et transporté vers les marchés internationaux », précise le document.
In February, the Sentry estimated that $4 billion in high-risk gold mined in war -torn countries like Congo, South Sudan and Central African Republic flows through the international markets annually. pic.twitter.com/jtj89GDNWj
— Attorney General Alliance-Africa (@AGA_Africa) November 4, 2021
En Suisse, certains raffineurs, conscients du problème, lancent progressivement des initiatives pour tenter de le résoudre, à l’image du groupe Metalor. Grâce à une équipe de chercheurs de l’Université de Lausanne, ce dernier a annoncé en mars dernier le lancement du « Passeport géoforensique », un outil qui permet aux usines d’identifier la provenance de l’or.
La construction de raffineries locales dans les pays producteurs, ainsi que le renforcement des mesures de contrôle de la production aurifère artisanale restent aussi des moyens permettant de lutter contre la contrebande.
Emiliano Tossou
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