Des associations d'étudiants et des professeurs d’université s’inquiètent du durcissement des règles applicables aux étudiants étrangers. Une nouvelle manifestation est prévue jeudi.
Limiter le nombre d'étudiants étrangers sur les bancs des facs et prier un certain nombre de diplômés de quitter la France. Ces mesures gouvernementales ont déclenché la colère d'un nombre croissant d'étudiants venus du monde entier. Ils étaient quelques centaines, samedi, à crier leur mécontentement sous les fenêtres du ministère du Travail. Jeudi prochain, ils vont faire un “boucan Guéant” – du nom du ministre de l'Intérieur –, dans une vingtaine de villes.
Le 31 mai, Claude Guéant et Xavier Bertrand, ministre du Travail, envoyaient aux préfets une circulaire visant à durcir « la procédure de changement de statut des étudiants demandant un titre de séjour professionnel », afin de réserver en priorité les offres d'emploi aux Français.
« Conséquence, on a vu dès la rentrée des diplômés de grandes écoles avec une lettre d'expulsion, alors qu'ils avaient décroché un emploi », explique Fatma Chouaieb, porte-parole du Collectif du 31 mai, qui regroupe quelques uns des dix mille diplômés étrangers qui souhaitent entamer leur carrière dans l'Hexagone. Selon elle, « la France se prive des cerveaux qu'elle a elle-même formés ! »
Le décret paru le 6 septembre dernier au Journal officiel a renforcé la mobilisation des étudiants.
Pour obtenir leur carte de séjour, ils doivent désormais justifier de 615 euros de ressources minimales par mois, contre 460 euros auparavant. Une mesure censée leur permettre d'étudier dans de meilleures conditions, selon l'Intérieur. « En réalité, ça va exclure une grande partie des étudiants étrangers, dont bon nombre d'Africains », assure Baki Youssoufou, président de la Confédération étudiante.
De son côté, la Conférence des présidents d'université « ne peut accepter cette politique restrictive » alors même que l'accueil des étudiants étrangers « participe au rayonnement international, culturel, scientifique et économique de la France ». En coulisse, elle mène un intense lobbying pour faire abroger ces dispositions.
Témoignage : Yunes, Marocain, 25 ans, diplômé d'une grande école d'ingénieurs à Grenoble
« J'ai reçu plusieurs propositions d'embauche avant même la fin de mon cursus, en juin. L'entreprise que j'ai choisie a rédigé une promesse d'embauche pour appuyer ma demande de changement de statut en préfecture. Mais c'est non, au motif que les entreprises doivent embaucher un Français à ma place! Fin novembre, je serai donc en situation irrégulière sur le territoire. Je ne vais pas avoir d'autre choix que de chercher ailleurs de quoi acquérir suffisamment d'expérience avant de rentrer au Maroc. La France nous forme pour que d'autres pays en profitent... C'est du gâchis! »
Par Alexandra Bogaert