(Agence Ecofin) - Ce 13 août 2015 marquait le 11ème jour après la violente agression au Burundi du journaliste Esdras Ndikumana, correspondant local de Radio France International (RFI) et de l’Agence France Presse (AFP). Pour protester contre le silence des autorités burundaises, les deux médias avaient fini par rendre publique la lettre adressée au chef de l’Etat du Burundi, Pierre Nkurunziza (photo), au lendemain des actes de violence subies par Esdras Ndikumana, le 2 août dernier. Ce 13 août donc, la présidence de la République a officiellement condamné cette agression perpétrée par des hommes du Service national de renseignements (Snr).
Dans un communiqué, la Présidence écrit : « La Présidence accuse bonne réception de la correspondance de RFI et de l’AFP à propos d’un mauvais traitement qui aurait été infligé au journaliste Esdras Ndikumana, leur correspondant au Burundi, le 2 août. » Par ailleurs, la Présidence « condamne ce comportement violent et inacceptable dans un Etat de droit ». Le communiqué indique également que « le chef de l’Etat a personnellement instruit l’Administrateur Général du Service National de Renseignements de déterminer les circonstances de ces actes d’un autre âge afin que les auteurs soient poursuivis et châtiés conformément à la loi. »
Esdras Ndikumana, âgé de 54 ans, avait été arrêté puis roué de coups par des hommes du Snr alors qu’il prenait des photos sur les lieux de l’assassinat du général Adolphe Nshimirimana, un cacique du régime de Pierre Nkurunziza. L’arrestation du journaliste s’est faite sous les yeux de certains dirigeants du pays, des chefs de la sécurité, et même des cadres de la Présidence. Aucun d’eux n’a levé le petit doigt.
Esdras Ndikumana a ensuite été conduit dans les locaux de la Snr, où il a été torturé pendant au moins 2 heures : frappé au dos, aux jambes et sur la plante des pieds. Le journaliste s’en est sorti avec un doigt fracturé, des contusions, un déchirement du tympan et un taux de diabète inquiétant. D’abord hospitalisé à Bujumbura, il a finalement été évacué à l’étranger.
L’exercice du journalisme est devenu très dangereux au Burundi où, malgré la contestation populaire et un coup d’Etat manqué, Pierre Nkurunziza a brigué un 3ème mandat et remporté l’élection présidentielle de juillet dernier. Craignant pour leur vie, plusieurs journalistes ont fui le pays.
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