(Agence Ecofin) - Depuis quelques semaines, les autorités burkinabés et la presse locale sont en désaccord sur la volonté du gouvernement de nommer le patron du régulateur des médias. Le 4 octobre, le projet de loi permettant au gouvernement d’y parvenir a été annoncé au conseil des ministres.
Au Burkina Faso, il a suffi de quelques lignes publiées le 4 octobre pour provoquer de vives réactions de la part des associations professionnelles de la presse locale. Dans le compte rendu du conseil des ministres tenu à cette date, les autorités locales annoncent un projet de loi modifiant certains détails du fonctionnement du conseil supérieur de la communication (CSC), le régulateur des médias.
« Les innovations majeures portent notamment sur l’élargissement du champ des compétences et des attributions du Conseil supérieur de la communication, la fixation de profils obligatoires pour la désignation des membres du collège des conseillers et le changement du mode de désignation du président du CSC », informe le compte rendu.
Pour la presse locale, ce sont les prémices d’une situation crainte depuis plusieurs semaines avec le possible avènement d’une loi qui permettrait au gouvernement de nommer le patron du CSC. « Nous osons espérer que cela ne passera pas », a déclaré le 5 octobre Guézouma Sanogo, président du comité de pilotage du Centre national de presse Norbert Zongo. D’après lui, les organisations de la presse locale font tous les efforts nécessaires pour s’opposer à cette loi. « De façon unanime, nous avons remis en cause les dispositions de la loi que nous ne trouvions pas pertinentes », a confirmé Boukari Ouoba, secrétaire général de l’Association des journalistes du Burkina Faso.
Ce désaveu, les médias locaux l’ont notamment exprimé le 31 août lors d’une séance de travail sur la réforme du Conseil supérieur de la communication (CSC). Lors de cette séance, ils ont fait savoir aux autorités que le CSC est censé être un organe indépendant et ne devrait pas avoir un président choisi par le gouvernement. Actuellement le chef du régulateur est élu par les membres du CSC, qui sont eux-mêmes élus par la corporation, avant qu’un décret présidentiel ne confirme le choix du président.
Au final, toutes les récriminations n’ont pas empêché l’annonce survenue le 4 octobre lors du conseil des ministres. Du côté des autorités burkinabés, le ministre de la communication, Jean Emmanuel Ouédraogo, avait expliqué devant le parlement de transition, le vendredi 13 janvier 2023, que le gouvernement voulait limiter les effets néfastes de l’abus de la liberté d’expression. Par exemple, le gouvernement compte également « s’appuyer sur l’expérience d’autres pays africains pour la maîtrise des pages sur les réseaux sociaux et la régulation de la manipulation de l’information et des discours de haine ».
Les changements les plus évoqués concernant les réseaux sociaux sont « que désormais, le CSC a vocation à les réguler » et « les profils ou pages Facebook d’au moins 5000 abonnés se verront appliqués les règles qui concernent la régulation des médias ».
Seul l’assemblée législative de transition peut encore empêcher la loi d’entrer en vigueur.
Servan Ahougnon
Genève, Suisse et online