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La conquête marocaine de l’Afrique

  • dimanche, 02 septembre 2012 06:54

Même si les entraves (politiques, réglementaires…) ne sont pas totalement levées pour investir dans le continent africain, elles ne semblent plus être totalement un motif pour repousser les investisseurs, en particulier les Marocains. Les banques ne s’y sont pas trompées, en premier, et les autres grandes entreprises publiques (ONE, ONEP…) et privées (Maroc Telecom, Managem…) du Royaume. Elles ont fait du continent l’une de leur priorité dans la bataille de la croissance. A commencer par Attijariwafa bank, BMCE Bank et la Banque Centrale Populaire qui disposent aujourd’hui d’un large réseau sur le continent. En dehors du marché domestique, la bataille entre les trois opérateurs aura également lieu sur le continent avec une petite longueur d’avance pour la filiale de SNI et BMCE Bank. La BCP vient seulement de se renforcer sur le continent.
Attijariwafa bank ambitionne de couvrir 16 à 20 pays subsahariens d’ici 2015. Pour l’heure, le premier groupe bancaire marocain est présent dans 11 pays moins de dix ans après sa première acquisition sur le continent. Au-delà de l’Afrique de l’Ouest et centrale où il détient des intérêts (il a également une filiale en Tunisie), l’opérateur n’exclut pas aujourd’hui de s’attaquer au marché anglophone. Le potentiel de croissance est tout aussi important que sur les marchés francophones. Mais surtout, ces pays s’avèrent des relais de croissance importants, d’où l’intérêt de se positionner tôt avant que les multinationales ne s’intéressent de plus près au continent. Pour ces opérations, la filiale de SNI privilégie la prise de participation majoritaire dans les entités ciblées. Ce mode opératoire permet non seulement d’avoir le pilotage de la filiale, mais surtout de maîtriser le facteur risque qui peut être important selon les pays de présence. La révolution en Tunisie ou encore la crise en Côte d’Ivoire, qui a nécessité la fermeture de la filiale durant 45 jours, en sont la preuve. Le groupe dispose d’un index risque pays pour les pays dans lesquels il opère mais également pour les marchés cibles.

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La finance marocaine s’étend sur le continent.

A fin 2011, les filiales subsahariennes ont généré le quart du PNB du groupe. L’objectif affiché est de relever cette contribution à 1/3 des revenus du groupe à l’horizon 2015.
Présent sur le continent depuis le début des années 90 avec des filiales en Guinée et en Centrafrique, la Banque Centrale Populaire a frappé un grand coup cette année avec l’acquisition de 7 banques après un accord avec l’ivoirien Atlantic Financial Group. Cette opération permet au groupe marocain de se positionner d’un coup dans sept pays (Côte d’Ivoire, Sénégal, Bénin, Togo, Burkina Faso, Mali et Niger). Si l’opérateur détient la moitié, 50% du tour de table de la nouvelle entité créée à égalité avec AFG, il a obtenu la gestion du groupe. Comme à Attijariwafa bank, le souci semble le même à la BCP c’est-à-dire avoir la gestion du risque et des affaires bancaires.
Côté business, les sept banques devraient générer un produit net bancaire de 1,48 milliard de DH et des profits de l’ordre de 261 millions de DH en 2012. Les prévisions pour 2015 tablent sur un PNB de 2,5 milliards de DH et un résultat net de 769 millions de DH.
Comme la Banque Centrale Populaire, la présence de BMCE Bank sur le continent remonte aux années 90. Mais contrairement à la banque au cheval, BMCE a multiplié ses acquisitions au fil des ans. Il couvre aujourd’hui le plus grand nombre de pays sur le continent parmi les trois principaux groupes bancaires marocains. Il le doit principalement à une participation de 59,4% (à fin 2011) dans le capital du groupe Bank Of Africa. Celui-ci disposait à fin 2011 d’un réseau d’agences supérieur à 330 dans une quinzaine de pays sur le continent. En outre, il a généré à cette échéance 252 millions d’euros de produit net bancaire, l’équivalent de 2,7 milliards de DH et des profits de près de 58 millions d’euros (640 millions de DH). Après 2010, les filiales subsahariennes ont été l’un des principaux moteurs de la croissance du groupe. BMCE Bank ambitionne de couvrir l’ensemble des pays du continent d’ici 2020-2025.
Dans le secteur des assurances, le rachat de Colina en 2011 avait permis à Saham Finances de se positionner sur ce créneau dans pas moins de 13 pays sur le continent. Après la levée de 250 millions de DH (plus de 2 milliards de DH) auprès de la SFI et d’Abraaj Capital, Saham Finances a résolument accéléré son développement sur le continent étant donné que le taux de pénétration de l’assurance y est encore très faible. Plusieurs marchés sont dans son viseur: Nigéria, Congo, Ouganda, Kenya, Rwanda, Tanzanie, Mozambique ou encore la Zambie. En 2011, le groupe Colina a émis 2,4 milliards de DH de primes soit plus de 41% du chiffre d’affaires de Saham Finances. De quoi laisser entrevoir un avenir radieux!

 

Dans le viseur, Casablanca Finance City

Casablanca Finance City veut rayonner sur l’Afrique (voir aussi page 28). La future place financière ambitionne d’être la plateforme d’échanges pour le continent et ainsi contribuer à son développement. Mais seulement pour se développer, l’Afrique a besoin de centres financiers. Or, l’Afrique ne compte que deux places financières qui n’apparaissent qu’aux 54 (Johannesburg) et 62e (Ile Maurice) positions sur les 75 premiers centres mondiaux. Contrairement à Johannesburg qui est particulièrement orienté vers l’Afrique australe, l’offre de Casablanca Finance City se focalise sur toute la partie «Grand Nord-Ouest» du continent en prenant en compte quelques pays anglophones (Ghana et Nigeria notamment).

Gemadec cible la Côte d’Ivoire et le Gabon

Mauritanie, Sénégal, Mali, Gabon, Côte d’Ivoire, Togo, Burkina Faso, Madagascar… Gemadec est partout  en Afrique. Créée en 1977, l’entreprise est spécialisée dans l’édition de solutions informatiques. L’opérateur marocain ne s’est pas contenté de petits projets. En 2009, il décroche le marché de recensement des fonctionnaires au Gabon. Une année après une opération similaire est menée en Côte d’Ivoire. Gemadec a piloté et exécuté le projet de recensement des fonctionnaires et agents de l’Etat. L’objectif était de résorber le fléau des emplois fictifs et les différentes fraudes à l’emploi. Pour ce marché précis, l’entreprise s’est basée sur une technologie d’identification biométrique à travers les empreintes digitales. Gemadec opère également dans le secteur du courrier hybride. Le plus grand projet réalisé par Gemadec en Afrique en dehors du Maroc est celui accompli en 2009 pour le compte de la Poste du Sénégal d’un montant de 3,1 millions d’euros. Le contrat portait sur la mise en place d’un système de courrier hybride dans un périmètre comparable à celui de la Poste de Côte d’Ivoire.

Ciments d’Afrique: Une stratégie, deux axes
D’une pierre deux coups! Anas Sefrioui, PDG du groupe Ciments de l’Atlas (Cimat), se développe sur le marché africain. Une stratégie qui s’articule autour de deux volets. Le premier porte sur la réalisation de petits centres de broyage du clinker dans cinq pays d’Afrique subsaharienne. Trois chantiers sont déjà ouverts en Côte d’Ivoire, Guinée Conakry et au Cameroun. Les démarches viennent d’être finalisées en vue de l’ouverture du chantier de centre de broyage au Gabon. Quant au cinquième pays d’Afrique qui accueillera un projet similaire, il a été identifié et les travaux de construction devraient démarrer incessamment. Les cinq unités industrielles, qui totaliseront un investissement de 30 millions d’euros chacune, sont appelées à broyer l’excédent du clinker produit par Ciments de l’Atlas. Le deuxième volet de la stratégie de Sefrioui en Afrique porte sur la construction de logements sociaux et le transfert du savoir-faire en matière d’immobilier dans ces pays. Des chantiers qui seraient approvisionnés par les centres de broyage de Ciments d’Afrique (Cimaf).

ONE: Concession d’électrification au Sénégal
La plus grande percée de l’Office national d’électricité (ONE) en Afrique s’est faite en mai 2008. L’ONE a signé, avec le gouvernement du Sénégal, le premier contrat de concession d’électrification rurale qui couvre les départements du nord du Sénégal. Le contrat portait sur Saint-Louis, Dagana et Podor. L’Office est en charge de l’électrification et la gestion de la distribution pendant 25 ans. Les zones rurales de ces trois départements couvrant plus de 550 villages. Une année plus tard, l’ONE décroche une deuxième concession qui couvre les départements  de Louga, Kébémér et Linguére  au centre-nord du Sénégal. A cette époque, l’Office s’est engagé à raccorder plus de 11.000 foyers ruraux situés dans 372 villages. Cependant, l’essentiel de l’activité de l’Office en Afrique porte sur le conseil et l’ingénierie. En 2006, l’ONE a réalisé une mission d’appui d’urgence à la société mauritanienne d’électricité pour sauver Nouadhibou d’une situation électrique précaire à cause d’importants délestages.

Maroc Telecom: Connecting Africa
C’est, en partie, grâce à la contribution de ses filiales que Maroc Telecom parvient à maintenir un niveau élevé de résultats. Fort d’une première expérience réussie en 2001 en Mauritanie avec Mauritel, l’opérateur historique de Mauritanie, IAM a vite concrétisé son développement dans le continent. Il prend, ensuite, des participations majoritaires dans les opérateurs historiques Onatel au Burkina Faso en décembre 2006, Gabon Telecom au Gabon en février 2007 et Sotelma au Mali en juillet 2009. L’objectif pour l’ensemble de ces filiales: être un opérateur de référence dans leur région et contribuer à y développer les Technologies de l’Information et de la Communication. Grâce à la modernisation des infrastructures (près de 32% du chiffre d’affaires des filiales sont consacrés aux investissements), à une politique d’innovation et de promotions régulières sur les prix ainsi qu’à l’amélioration dans la gestion des différents domaines d’activités, les filiales de Maroc Telecom en Afrique réalisent de  bonnes performances, notamment en termes de qualité de service, d’amélioration de leurs parts de marché et de croissance de leur chiffre d’affaires. En 2011, le parc mobile des filiales atteint près de 10 millions de clients, en hausse de près de 39% par rapport à 2010, après avoir presque doublé au Mali et a connu une croissance de près de 24% au Burkina Faso et d’environ 11% en Mauritanie. De quoi faire pousser des ailes au groupe qui envisage de poursuivre sa rentable offensive africaine.

Managem: L’Afrique, une mine d’or 
L’aventure africaine pour Managem a démarré en 1997, avec les premiers permis d’exploration acquis en Guinée. Aujourd’hui, acteur à dimension régionale, Managem développe plusieurs projets dans le continent. A commencer par celui des fours de production des alliages en République Démocratique du Congo. Situé à Lubumbashi, il consiste en la valorisation par voie pyrométallurgique des minerais cupro-cobaltifères. En RDC toujours, le groupe dispose du projet Pumpi de cobalt & cuivre situé sur le territoire de Kolwezi au Katanga. Il a pour vocation de mettre en exploitation un gisement cuprifère et cobaltifère. Les ressources minières de ce projet sont en cours de certification. Autre projet celui de l’or au Soudan. Il a pour objectif de découvrir des permis au nord du pays. Des permis qui font actuellement l’objet d’étude de faisabilité et de travaux d’exploration. Le second projet, situé dans la région de Mouila au Gabon, est actuellement en phase d’exploration. Enfin, des permis aurifères sont actuellement en phase d’exploration en République du Congo, en Mauritanie et en Ethiopie. En 2011, 857 millions de DH ont été alloués au développement des nouveaux projets.

Onep: De l’eau pour les Camerounais
En 2007, un groupement marocain a été déclaré adjudicataire de l’appel d’offres international pour la production, le transport et la distribution d’eau au Cameroun. Il s’agit de l’Office national d’eau potable (Onep), Delta Holding, Ingema et Med
Z, filiale de la CDG. Le consortium est également en charge d’un programme de densification qui s’étend sur 10 ans à l’horizon 2020. L’Onep opère via sa filiale Cameroun des eaux (CDE). 
Les derniers chiffres montrent que 7,2 millions des 20 millions de Camerounais sont desservis par le réseau de la CDE. L’Onep a pu décrocher ce contrat grâce à une première expérience en Mauritanie en 2006. L’Office devrait alimenter la capitale du pays en eau potable à partir du fleuve Sénégal.

M2M: Pour la 1ere banque d’Ethiopie
Le spécialiste en monétique M2M a très vite misé sur l’internationalisation avec 50 pays à accueillir l’expertise de l’entreprise. L’Afrique a depuis quelques années émergé comme une véritable opportunité. Faible taux de bancarisation mais véritable volonté de développement monétique. Le dernier marché conclu par M2M était en Afrique de l’Est. M2M Group et la Commercial Bank of Ethiopia (CBE) ont  signé un contrat d’un montant de 70 millions de DH pour la mise en œuvre de la deuxième phase du plan monétique de la banque. Le partenariat avec la banque éthiopienne remonte à 2009 avec un premier projet de fourniture, d’intégration et de déploiement d’une solution globale de paiement électronique à base de cartes. CBE n’est autre que la première banque d’Ethiopie. Mars dernier, M2M finalisait dans des délais record de 4 mois, la nouvelle plateforme multi-produits, multi-services et multi-applications de la BCDC (Banque Commerciale Du Congo). M2M a également réussi à prendre pied en Algérie. En 2007, l’entreprise signe un important contrat avec Algérie Poste. Il s’agit d’un projet de  mutualisation des plateformes d’Algérie Poste et de Mobilis, qui a permis à des millions d’abonnés Mobilis de recharger automatiquement leurs comptes prépayés ou celui d’un tiers abonné.

La Rédaction

Article original : www.leconomiste.com/article/897776-la-belle-histoire-de-la-conqu-te-africainele-royaume-banquier-du-continent

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