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Henri-Claude Oyima : « Il n’y aura pas un désert parce que certains s’en vont »

Henri-Claude Oyima : « Il n’y aura pas un désert parce que certains s’en vont »
  • Date de création: 22 mai 2024 16:21

(Agence Ecofin) - A fin 2023, BGFIBank a dépassé 5 000 milliards de FCFA de total bilan et approché les 100 milliards de FCFA de résultat net, confortant ainsi sa position de premier groupe bancaire d’Afrique centrale. Dans une interview accordée à Investir au Cameroun (IC) et à EcoMatin (EM), le PDG de cette institution bancaire, basée à Libreville au Gabon, dévoile les secrets de ce succès, clarifie le positionnement clientèle et la stratégie d’expansion du groupe, à un moment où certaines banques occidentales se retirent de l’Afrique. Henri-Claude Oyima revient également sur les performances de la filiale camerounaise, où le résultat net a pratiquement quadruplé en 4 ans.

Amina Malloum (EcoMatin) : Pour 2023, le groupe BGFIBank a déclaré un résultat net de 96 milliards de FCFA, enregistrant une hausse de 55% en glissement annuel. Quels facteurs ont contribué à soutenir une telle performance ?

Henri-Claude Oyima : Depuis 2010, et même depuis 2005, le groupe BGFIBank a adopté une approche basée sur des plans quinquennaux. Le plan actuel, nommé Dynamique 2025, structure notre stratégie de développement autour de cinq piliers principaux : la gouvernance, le capital humain, la gestion des ressources, la maîtrise des risques, et le développement. Ce plan a établi des directives claires pour l’atteinte du total du bilan, la maîtrise des risques et, par conséquent, les résultats nets. À titre d’exemple, le résultat que nous avons réalisé en 2023, qui s’élève à 96 milliards de FCFA en consolidé et à plus de 101 milliards en combiné, correspond exactement à nos prévisions. Pour nous, cela n’est pas une surprise.

Le plan stratégique dynamique 2025 a réservé de belles surprises pour nous. Lors de sa mise en place en 2020, nous avions initialement fixé un objectif de total de bilan à 5 000 milliards de FCFA pour 2025. À notre grande satisfaction, cet objectif a été dépassé dès le 31 décembre 2023, avec un bilan atteignant 5 300 milliards de FCFA.

Qu’avions-nous prévu de faire dans ce plan ? D’abord, mettre en place une démarche commerciale minutieuse au niveau de tous nos pôles de développement. Le groupe a défini quatre pôles principaux dans sa stratégie : la République démocratique du Congo, la Côte d’Ivoire, le Gabon, et le Cameroun. Bien que ces pôles de croissance ne soient pas hiérarchisés, chaque pays a des objectifs clairement définis. Par ailleurs, nous avons établi une politique efficace de maîtrise des risques qui nous a permis d’éviter des pertes opérationnelles et des provisions pour créances douteuses. Le dernier élément crucial est la maîtrise des frais généraux. L’ensemble de ces mesures, combiné à un bon niveau d’accompagnement de nos économies, nous a permis d’atteindre ces résultats.

AM (EM) : De manière générale, où vous situez-vous dans l’atteinte des objectifs du plan stratégique dynamique 2025 ?

HCO : Le plan stratégique dynamique 2025 a réservé de belles surprises pour nous. Lors de sa mise en place en 2020, nous avions initialement fixé un objectif de total de bilan à 5 000 milliards de FCFA pour 2025. À notre grande satisfaction, cet objectif a été dépassé dès le 31 décembre 2023, avec un bilan atteignant 5 300 milliards de FCFA. En conséquence, nous avons revu cet objectif à la hausse ; le nouveau but du plan dynamique 2025 est désormais de parvenir à un total de bilan de 6 000 milliards de FCFA. En outre, nous visons maintenant un résultat net supérieur à 150 milliards de FCFA, alors que l’objectif initial était de moins de 100 milliards. Ces nouvelles orientations ont été communiquées à nos collaborateurs.

AM (EM) : Au terme de l’année 2023, vous avez encore annoncé la distribution des dividendes. Comment parvenez-vous à concilier une politique de dividendes généreuse avec les contraintes réglementaires ?

HOC : En la matière, nous avons défini un ratio de solvabilité. Car, dans le métier qui est le nôtre, il faut qu’on s’assure qu’on a un ratio de solvabilité qui est très fort parce que c’est l’élément qui nous permet d’avoir la capacité d’accorder du crédit. Donc, en fonction de ce ratio de solvabilité, nous déterminons le niveau de dividende à verser chaque année. 

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Pour le groupe, nous allons nous réunir en assemblée générale le 27 juin prochain et nous allons proposer à cette assemblée générale de distribuer 11 000 FCFA par action pour l’année 2023. Cela peut sembler inférieur aux 15 000 FCFA par action distribués l’année dernière. Mais, il faut noter que ces 15 000 FCFA incluaient une compensation pour les trois années où la distribution de dividendes avait été interdite par la Commission bancaire en raison de la Covid. Si on divise 15 000 FCFA par trois ans, on aura 5000 FCFA par an. Donc, en réalité, le dividende de 2023 est pratiquement le double de celui de l’année précédente. Ce qui va plaire à nos actionnaires.

AM (EM) : Vous avez participé au conseil d’administration de BGFIBank Cameroun ce 15 mai. Quelles sont les principales décisions qui ont été prises ?

HCO : Lors de ce conseil d’administration, trois décisions importantes ont été adoptées. Premièrement, nous avons approuvé la distribution d’un dividende de 8,3 milliards de FCFA à nos actionnaires. Deuxièmement, monsieur Mahamat Abakal a été reconduit dans ses fonctions de directeur général pour un nouveau mandat de cinq ans. Troisièmement, j’ai été nommé président du conseil d’administration, succédant à Monsieur Richard Lowe, à qui je tiens à rendre hommage pour son travail remarquable durant les douze années de notre présence au Cameroun.

Aboudi Ottou (Investir au Cameroun) : Quelle est la feuille de route qui a été fixée au directeur général pour son nouveau mandat de cinq ans ?

Le groupe fonctionne selon un plan quinquennal, et chaque filiale, y compris BGFIBank Cameroun, opère selon un plan triennal. Ainsi, le directeur général de BGFIBank Cameroun suit un plan de trois ans qui s’aligne sur les indicateurs du plan stratégique du groupe. Ce plan comprend plusieurs axes principaux : premièrement, assurer une bonne gouvernance conforme aux normes réglementaires ; deuxièmement, transformer le capital humain ; troisièmement, gérer efficacement toutes nos ressources, qu’elles soient financières, matérielles ou humaines, avec la plus grande lucidité.

Nous sommes très satisfaits de l’évolution de BGFIBank Cameroun, qui constitue l’un de nos principaux pôles de croissance. Notre objectif est de nous positionner parmi les premières institutions financières du pays et de devenir un partenaire clé pour l’État dans l’accompagnement des projets structurants, ainsi qu’un partenaire fiable pour les entreprises et les particuliers.

Le quatrième axe concerne la gestion des risques. Étant donné que nous opérons dans un environnement à risques multiples, il est essentiel que tous les crédits que nous octroyons et toutes les opérations que nous gérons soient encadrés par un outil robuste de maîtrise des risques. Le dernier axe est le développement : le conseil a autorisé l’élargissement de notre base clientèle et le renforcement de notre présence sur le marché. L’objectif est d’établir des agences partout et de saisir toutes les opportunités qui se présentent pour renforcer notre présence dans le pays. Notre ambition est de positionner BGFIBank Cameroun parmi les cinq premières banques du pays dans les trois prochaines années, voire parmi les deux ou trois meilleures.

AM (EM) : L’activité de votre filiale camerounaise a progressé, notamment dans le segment du crédit, avec une augmentation de près 20%. Cela témoigne d’une certaine implication dans le financement de l’activité économique. Comment appréciez-vous l’évolution de cette filiale ?

HCO : Nous sommes très satisfaits de l’évolution de BGFIBank Cameroun, qui constitue l’un de nos principaux pôles de croissance. Notre objectif est de nous positionner parmi les premières institutions financières du pays et de devenir un partenaire clé pour l’État dans l’accompagnement des projets structurants, ainsi qu’un partenaire fiable pour les entreprises et les particuliers. En effet, nous souhaitons que notre réseau de distribution soit davantage orienté vers la proximité. Nous envisageons également de développer nos quatre métiers principaux avec force et vigueur : la banque commerciale, la banque d’entreprises, la banque privée et la gestion d’actifs, ainsi que les services financiers spécialisés et l’assurance.

AO (IC) : On observe que plusieurs de vos filiales multiplient les initiatives pour développer la banque de détail. De manière précise, quel est le positionnement clientèle de BGFIBank aujourd'hui ?

BGFIBank est un portail financier qui répond aux besoins diversifiés de sa clientèle, avec des services spécialement adaptés à chaque contexte régional. Nous nous positionnons comme une banque universelle, accessible à tous, tout en adaptant nos stratégies aux particularités de chaque pays et aux exigences du marché local.

Au sein du groupe BGFIBank, nous observons attentivement le retrait de ces banques du continent. Nous saisissons progressivement les opportunités créées par leur départ. Donc rassurez-vous, il n’y aura pas un désert parce que certains s’en vont. Il y aura de la complémentarité et des places pour les banques africaines.

Ainsi, dans les pays à forte démographie, nous mettons l'accent sur la banque de détail ; dans ceux avec un tissu entrepreneurial dense, nous privilégions la banque d’entreprises ; et là où prédomine une population plus aisée, nous nous concentrons sur la banque privée. Lorsque ces caractéristiques se mélangent, nous offrons des services financiers spécialisés. En somme, BGFIBank n’est pas une banque des riches, mais celle de tous.

AO (IC) : Au Cameroun, nous constatons un renforcement des équipes sur la banque du patrimoine. Est-ce à dire qu’il y a plus de riches au Cameroun aujourd’hui que par le passé ?

HCO : (Rires…) Le Cameroun est un pays riche, non seulement de par sa population, mais aussi par son sol et son sous-sol. Il est donc naturel que le pays compte des personnes fortunées. En tant que banquier, il est de notre responsabilité de gérer cette clientèle. Bien qu’aujourd’hui mélangée avec une clientèle commerciale classique, cette clientèle mérite une attention particulière et des produits adaptés à ses besoins. C’est la raison pour laquelle nous avons développé notre banque privée, qui vise à répondre précisément à ses préoccupations. Notre objectif est de s’assurer que chaque client, quels que soient ses besoins, trouve chez nous une solution adaptée. C’est pourquoi nos services s’étendent de la banque de détail à la banque privée.

AO (IC) : Nous supposons que vous avez déjà réalisé une étude de marché pour ce segment. À combien estimez-vous ce marché au Cameroun et dans la sous-région ?

HCO : Nous ne traitons pas le problème de cette manière. Nous commençons d’abord par nous interroger sur l’existence d’une clientèle correspondant à ce service spécifique. Et la réponse est oui dans notre sous-région. La vraie question pour la banque privée est de déterminer où placer le curseur. Ainsi, nous disposons d’une clientèle aisée qui requiert des services spécifiquement adaptés à ses besoins.

AO (IC) : Il y a deux ans, vous avez posé la première pierre de l’immeuble siège de la filiale camerounaise, avec une réception des travaux prévue pour 2024. Nous y sommes. Où en sont les travaux ?

HCO : Les travaux avancent conformément au plan. Le siège sera inauguré au quatrième trimestre de 2024, comme prévu.

AO (IC) : Des banques occidentales se retirent de l’Afrique. Pensez-vous qu’un groupe comme BGFIBank, qui met en avant son africanité, ainsi que d’autres groupes similaires, disposent des capacités nécessaires pour remplacer efficacement ces institutions ?

HCO : La réponse à cette question est évidente, étant donné les volumes de financement que nous fournissons actuellement à nos États et entreprises. Au sein du groupe BGFIBank, nous observons attentivement le retrait de ces banques du continent. Nous saisissons progressivement les opportunités créées par leur départ.

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À titre d’exemple, au Congo, nous avons déjà entamé des démarches pour reprendre la filiale de Société Générale. Nous attendons actuellement les autorisations de la commission bancaire pour finaliser ces opérations, bien que les accords soient déjà en place.

Par ailleurs, nous explorons activement d’autres opportunités dans nos pôles de croissance. Notre stratégie inclut à la fois des acquisitions et des expansions internes, selon les opportunités du marché. Donc rassurez-vous, il n’y aura pas un désert parce que certains s’en vont. Il y aura de la complémentarité et des places pour les banques africaines.

AO (IC) : Avec la reprise des actifs de Société Générale au Congo, ce pays prend une importance accrue pour le groupe BGFI Bank. Quelle contribution aux performances du groupe attendez-vous du Congo suite au renforcement de votre présence sur ce marché ?

HCO : Il faut savoir que BGFIBank Congo est actuellement la première banque du pays, avec près de 40% des parts de marché. Notre objectif, en reprenant la filiale de Société Générale au Congo, est de consolider cette position dominante. Cette acquisition fait du Congo l'un de nos principaux pôles de croissance, et nous attendons de lui une contribution significative aux performances du groupe.

Actuellement, le Maghreb ne fait pas partie de notre plan stratégique. Même si une opportunité se présentait dans cette région, nous choisirions de ne pas y aller, car elle ne correspond pas à la stratégie que nous avons établie. Nous préférons renforcer notre présence dans les pays que nous avons soigneusement sélectionnés et dont nous comprenons pleinement l'écosystème et l'environnement.

Actuellement, le Congo est le deuxième contributeur aux résultats du groupe après le Gabon, avec un résultat net de 22,7 milliards de FCFA en 2023, contre 33 milliards pour le Gabon. Cependant, il est essentiel de souligner que nos filiales ne se comparent pas entre elles, mais plutôt en fonction de leur marché respectif et des objectifs spécifiques que nous leur fixons.

AO (IC) : On annonce la mise en cession de nouvelles filiales de Société Générale au Cameroun, au Ghana et en Tunisie. N’est-ce pas là une opportunité pour renforcer votre présence en zone Cemac et peut-être tenter une expansion dans le Maghreb ?

HCO : Notre développement suit une stratégie propre à notre entreprise, indépendamment de celle des autres. Actuellement, le Maghreb ne fait pas partie de notre plan stratégique. Même si une opportunité se présentait dans cette région, nous choisirions de ne pas y aller, car elle ne correspond pas à la stratégie que nous avons établie. Nous préférons renforcer notre présence dans les pays que nous avons soigneusement sélectionnés et dont nous comprenons pleinement l'écosystème et l'environnement. Ainsi, nous nous concentrons sur les mouvements dans les pays où nous sommes déjà implantés, et respectons la stratégie de long terme que nous avons définie.

AM (EM) : Justement au Cameroun, l’État a lancé le processus de cession des parts majoritaires qu’il détient dans Commercial Bank Cameroon (CBC). Êtes-vous intéressés par l’acquisition de CBC ?

HCO : Dans notre stratégie actuelle, CBC ne fait pas partie de nos options. Il est possible de considérer cela comme une opportunité manquée, mais nous avons délibérément choisi de ne pas explorer cette voie. Nous restons cependant ouverts aux opportunités qui s’alignent sur notre stratégie.

Interview réalisée par Aboudi Ottou (IC) et Amina Malloum (EM)

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