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« L’année 2022 représente une opportunité en or pour mettre la pêche artisanale sur le devant de la scène » (Béatrice Gorez)

  • Date de création: 18 janvier 2022 10:12

(Agence Ecofin) - Dans le monde, la pêche et l’aquaculture artisanales jouent un rôle économique important pour les communautés côtières et contribuent à la sécurité alimentaire de plusieurs millions de personnes. Si pour ces différentes raisons, l’Assemblée générale de l’ONU a décidé de faire de 2022 une année internationale consacrée au secteur, la portée de l’évènement ne sera pas la même dans toutes les régions du monde. Sur le continent africain, il s’agit d’une véritable opportunité pour se mobiliser face aux besoins et aux défis rencontrés par le secteur selon Béatrice Gorez, Coordinatrice de la Coalition pour des accords de pêche équitables (CAPE). Dans un entretien à l’Agence Ecofin, la militante analyse les enjeux de cette année pour l’Afrique et plaide pour un renforcement du soutien public aux acteurs de la pêche artisanale en particulier les femmes.

Agence Ecofin : Quelle est aujourd’hui en Afrique l’importance de la pêche et de l’aquaculture artisanales ?

Béatrice Gorez : D’abord, il faut dire que sur le continent africain, la pêche et l’aquaculture artisanales ont un rôle vital pour la garantie de revenus des communautés côtières et la sécurité alimentaire de la population. C’est un secteur qui mobilise actuellement plus de 10 millions de personnes et contribue à l’alimentation de plus de 200 millions de personnes. Dans ces différentes filières, les femmes représentent un pilier important. Elles sont au cœur de la chaîne de valeur depuis la pirogue jusqu’à la distribution. Elles préfinancent par exemple la sortie des produits, sont présentes lors du débarquement sur les côtes ainsi que durant la préparation et la transformation en poissons séchés, salés ou fumés et la commercialisation des produits sur les marchés locaux. Il s’agit d’une activité qui a une véritable importance économique et sociale.  

AE : Que peut-on dire actuellement sur le soutien actuel des gouvernements à ces filières ?  

Béatrice Gorez : Je dois dire actuellement que les gouvernements n’ont pas encore pris la mesure de l’importance de la pêche et de l’aquaculture artisanales. Il y a actuellement dans plusieurs pays africains plusieurs menaces pour la survie des acteurs de ces filières. Nous avons par exemple des projets d’exploitation de pétrole à quelques kilomètres de la côte où opèrent les pêcheurs artisans. C’est le cas du Sénégal et de la Mauritanie où un projet gazier GTA qui est en cours de développement sous le contrôle de la société britannique BP et la compagnie australienne Woodside Energy. Il y a eu beaucoup d’efforts effectués par certaines organisations pour documenter les impacts des industries extractives parce que si elles ont le champ libre pour se développer comme elles le souhaitent, cela risque d’avoir un effet destructeur sur les activités de la pêche artisanale à travers les risques de pollution et menaces pour les communautés côtières.

Au niveau du tourisme, il y a deux ans, un grand hôtel en Guinée a voulu agrandir son terrain et pour cela, il y a eu un déguerpissement des communautés de femmes qui transformaient le poisson sans une proposition de site alternatif de travail. Elles ont été obligées de se délocaliser dans un autre endroit qui était déjà occupé par d’autres femmes et qui n’est pas idéal du point de vue des conditions de travail et de l’hygiène. Ce sont des situations vécues par les communautés côtières et qui ne sont pas acceptables surtout quand on connait leur importance pour la sécurité alimentaire.

Et c’est pourquoi, l’année 2022 représente une occasion unique pour attirer l’attention des gouvernements, des acteurs privés en passant par les organisations de la société civile, sur la nécessité de protéger le secteur contre la pêche industrielle et d’autres industries comme le tourisme ou l’exploitation pétrolière qui sont plus puissantes économiquement, mais qui ne sont pas à la hauteur de la pêche artisanale en matière de création d’emplois et de contribution à la sécurité alimentaire.

AE : D’un point de vue global, la FAO a adopté dans le cadre de cette année internationale, un plan d’action avec plusieurs piliers comme la viabilité écologique, économique et sociale. A votre niveau, quelles sont vos attentes ? 

Béatrice Gorez : Nous travaillons de concert avec nos partenaires africains qui ont formulé trois priorités. La première est un accès sécurisé aux ressources pour la pêche artisanale. Cela implique de réserver des droits d’accès exclusifs aux pêcheurs artisans dans les zones côtières, que la pêche industrielle ne soit plus admise dans ces zones et que les ressources soient gérées de façon durable avec la collaboration des communautés. A côté de ce point, la demande est que les autorités capitalisent sur les capacités qui existent dans la pêche et l’aquaculture artisanales par l’innovation pour améliorer les conditions de vie et de travail surtout celles des femmes qui jouent un rôle très important pour la survie du secteur et la sécurité alimentaire des populations.

Quand on parle d’innovation, les transformatrices ont par exemple introduit dans le secteur des fours qui consomment moins de combustibles, sont moins polluants et permettent d’obtenir un poisson de meilleure qualité. Pour nous, il est crucial de reconnaître, valoriser et soutenir ce potentiel en plus de faire en sorte que les femmes reçoivent une meilleure attention de la part des décideurs publics au même titre que les hommes.

Enfin, il faut protéger la pêche artisanale de la compétition de secteurs comme l’exploitation pétrogazière, les usines de production de farine de poisson, ou le tourisme de masse avec les grands complexes hôteliers. Ces secteurs mettent en péril l’avenir de la pêche artisanale parce qu’ils empêchent les pêcheurs de débarquer dans les zones qu’ils occupent traditionnellement. Face à cette situation, on demande que les autorités exigent des études d’impact environnemental et social des projets afin d’assurer qu’ils n’empiètent pas sur les moyens de subsistance des acteurs de la pêche artisanale. 

AE : Que prévoyez-vous cette année en termes d’actions et de plaidoyer ?

Béatrice Gorez : De notre côté, nous avons identifié plusieurs rendez-vous en 2022 où nous pourrons interpeler les décideurs pour leur donner des conseils sur comment ils peuvent soutenir l’année artisanale et en particulier la demande de nos collègues africains. Déjà, il y a le sommet UE-UA prévu les 17 et 18 février prochains à Bruxelles. C’est une rencontre qui doit tracer la voie pour le futur partenariat entre les deux entités. Une des priorités qui sera discutée à ce sommet sera la gestion des océans. Cette thématique nous donne l’opportunité de mettre sur la table la question de la pêche artisanale. Parallèlement, nous travaillons aussi sur les politiques européennes en matière de pêche et sur les accords de partenariat pour une pêche durable avec une composante qui répond aux besoins de développement locaux.

A côté du rendez-vous, il y aura au Ghana du 4 au 8 avril, la 7ème rencontre entre les ministères des Pêches des pays d’Afrique, Caraïbe et Pacifique (ACP). Ces nations doivent décider des futures relations entre elles et aussi des contours de leur collaboration avec l’UE. Nous comptons mettre en avant l’importance de la pêche artisanale. Au mois de septembre, il y aura aussi la réunion du comité de la pêche de la FAO.   

En termes de plaidoyer, nous produisons plusieurs vidéos, des articles de sensibilisation et des reportages pour faire en sorte que l’importance de la pêche soit bien comprise par les décideurs, les bailleurs internationaux et les partenaires des pays africains. Nous intervenons aussi au niveau des institutions européennes pour faire valoir nos revendications et celles de nos partenaires africains qui font des plaidoyers au niveau des pays, des régions et des organisations panafricaines.

Ils participent notamment à un mécanisme de consultation sur la pêche mis en place par l’UA et qui rassemble tous les acteurs de la pêche pour donner des avis à l’organisation et aux pays africains. Il s’agit d’un nouvel instrument qui devrait permettre de rendre plus durable la pêche artisanale. Ce sont des enjeux qui doivent être pris en compte pour permettre à la pêche artisanale d’exprimer tout son potentiel pour créer de l’emploi, faire vivre les communautés côtières et contribuer à la sécurité alimentaire des populations.

Propos recueillis par Espoir Olodo


 
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