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Bio Goura Soulé : « l’Afrique n’importe que 16 % de ses besoins alimentaires »

  • Date de création: 13 février 2023 14:45

(Agence Ecofin) - Co-auteur du rapport « L’économie africaine 2023 », publié le 19 janvier 2023 par l’Agence française de développement (AFD), Bio Goura Soulé, professeur-chercheur et assistant technique élevage et pastoralisme à la Cedeao, s’est prêté aux questions de l’Agence Ecofin sur la sécurité alimentaire en Afrique.

Agence Ecofin (AE) : Vous êtes co-auteur du livre « L’économie africaine 2023 »,  un rapport qui analyse les grandes tendances macroéconomiques de l’Afrique et de ses régions. Un chapitre tout entier a été consacré à la question de l’insécurité alimentaire en Afrique. Quel état des lieux faites-vous aujourd'hui de ce phénomène sur le continent ?  

Sans l’aide alimentaire, l’Afrique n’importe de l'extérieur que 16 % de ses besoins alimentaires.

Bio Goura Soulé : On peut le résumer en deux ou trois mots. L'insécurité alimentaire est toujours un phénomène omnipotent, omniscient en Afrique. Elle se manifeste de plusieurs manières, que ce soit sous forme de sous-alimentation globale, aiguë ou modérée, ou sous forme de malnutrition. Tous ces phénomènes aujourd'hui touchent une grande gamme de la population, qu'elle soit en milieu rural ou en milieu urbain. La grande nuance qu’il y a lieu de faire est qu’en Afrique, l'insécurité alimentaire n'est pas aussi extravertie qu'on le pense. Sans l’aide alimentaire, l’Afrique n’importe que 16 % de ses besoins alimentaires.  C’est-à-dire que pour l'équivalent de 100 francs de biens alimentaires que nous consommons, nous n'avons que l'équivalent de 16 francs qui vient de l'extérieur.  

Toutefois, la situation est très variable selon les produits et selon les pays. Globalement, les mieux nantis, c’est-à-dire, ceux qui dépendent le moins de l’extérieur pour se nourrir,  c'est le Maghreb en première position, ensuite l'Afrique australe. L'Afrique de l'Ouest vient en troisième position. Les moins nantis, ce sont d’abord les pays d’Afrique centrale et  en queue ceux de la corne de l’Afrique. 

Par exemple, les pays de l'Afrique centrale sont plus dépendants de l’extérieur que ceux d'Afrique de l'Ouest. Des pays comme le Gabon, la Guinée équatoriale, le Congo-Brazzaville sont dépendants de l'extérieur à plus de 80 %, notamment pour les céréales et autres produits laitiers.  En Afrique de l'Ouest, c'est surtout la région du Sahel qui rencontre beaucoup de difficultés, du fait des effets du changement climatique, de la faible productivité des systèmes agricoles, auxquels est venue s'ajouter ces dernières années, l'insécurité qui fait déplacer beaucoup de populations.   

On a bien l'impression que l'Afrique, c'est un continent où il y a tellement de famine, où tout le monde meurt tous les jours, etc. Non,  ce n’est pas vrai.

AE : Ce constat va tout de même en contradiction avec tout ce qu'on a entendu jusque-là !  

Bio Goura Soulé : Attention ! Cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas dans une situation difficile. L'accès à l'alimentation chez nous est conditionné par deux situations endogènes. C'est d'abord le pouvoir d'achat et la pauvreté. Premier constat : les gens veulent manger, mais ils n'ont pas les moyens d'accéder aux produits alimentaires, même si ceux-ci sont disponibles sur le marché. Deuxième constat : c’est la cherté des produits qui sont sur le marché. L’inflation à laquelle nous faisons face actuellement a contribué à appauvrir une grande masse de la population.

Ce dont on peut se réjouir, c'est que 80 % de notre production est faite par les petites et moyennes exploitations, surtout les petites exploitations familiales. J’aime à dire que ce que l’élite africaine consomme - des produits importés pour la plupart - ne représente pas grand-chose dans ce que l'immense majorité de la population de la région consomme.

Cependant, en Afrique, les crises alimentaires restent très aiguës. Elles se manifestent de façon très dure et sous forme de malnutrition chronique, aiguë ou modérée.  Aussi, aujourd’hui, de plus en plus de gens mangent très mal et souffrent d’obésité, etc. Ce sont des phénomènes qui sont devenus récurrents et lorsqu'on les projette, on a bien l'impression que l'Afrique, c'est un continent où il y a tellement de famine, où tout le monde meurt tous les jours, etc. Non,  ce n’est pas vrai. C'est vrai que 20 % de notre population est encore sous-alimentée. Au total, ce sont 322 millions d’Africains qui sont touchés par l’insécurité alimentaire grave et 473 millions supplémentaires par des formes modérées.

La seconde grande tendance, c'est qu'on a une amélioration quand même sensible d'un des indicateurs majeurs de l'insécurité alimentaire, qui est la malnutrition. L’indicateur de malnutrition qui touche les enfants de moins de cinq ans est en nette évolution favorable ces dernières années. Quand vous regardez les statistiques du Togo ou du Bénin, ou même des pays comme le Ghana, on est dans une sorte de transition bien prononcée d'amélioration de cette situation de malnutrition au niveau des plus jeunes. 

Certes, on rencontre encore des femmes allaitantes qui sont dans des situations difficiles, mais la proportion a tendance à diminuer.

Aujourd'hui, l’Afrique a un potentiel d'environ 30 millions d'hectares de terre qu'on peut irriguer pour développer notre agriculture. Moins de 16 millions sont sous irrigation partielle ou totale. Cela fait environ 50 %, mais ce n'est pas suffisant.

AE : Quelles sont les causes profondes de cette insécurité alimentaire ? 

Bio Goura Soulé : On peut distinguer cinq grandes causes. Le premier, c'est la pauvreté. La population africaine est celle qui abrite le plus grand nombre de pauvres au monde. En moyenne 60 % de la population africaine a moins de 1,9 $ pour vivre. 

La deuxième cause, c'est la cherté des produits sur le marché, pour une raison très simple :  la faible productivité et les rendements bas ne permettent pas d'avoir de grandes quantités. A cela s'ajoutent les pertes et les chocs extérieurs sur des produits importants à la consommation, notamment le riz, les huiles, ainsi que l'instabilité des marchés internationaux. Un ensemble de situations qui renchérissent les prix. 

Une troisième cause, c’est le changement climatique et sa variabilité dans le temps qui peuvent provoquer des inondations, des irrégularités de pluie, ou une mauvaise distribution des pluies. Notre agriculture est encore une agriculture essentiellement pluviale; très peu de superficies irrigables sont irriguées réellement. 

Aujourd'hui, l’Afrique a un potentiel d'environ 30 millions d'hectares de terres qu'on peut irriguer pour développer notre agriculture. Moins de 16 millions sont sous irrigation partielle ou totale. Cela fait environ 50 %, mais ce n'est pas suffisant. On a encore de vastes superficies où on a besoin de l'irrigation.  Par exemple, dans les pays traversés par le désert du Sahel, il y a de l’eau souterraine. Si Israël a réussi à maîtriser son désert, que l'Australie en a maîtrisé le sien, l’Afrique devrait pouvoir  aussi y arriver. 

Ensuite, j'ai signalé tout à l'heure les chocs qui viennent de l'extérieur, les chocs sur marché international. La guerre entre la Russie et l'Ukraine. Au-delà même des céréales pour lesquelles on attendait que l'Afrique succombe, mais n'a pas succombé, le renchérissement des prix des intrants agricoles représente un vrai problème. Bien que l’Afrique soit beaucoup plus dans une agriculture un peu plus écolo, comparée aux autres régions, certaines cultures sont encore très dépendantes d’intrants pour améliorer la productivité. 

La cinquième cause, c'est l'insécurité, qui est devenue tentaculaire, surtout en milieu rural en Afrique de l’Ouest.

Il y a d'abord le terrorisme, qui n’est pas seulement l’apanage des pays du Sahel. Le terrorisme fragilise la production agricole et empêche les Etats d'avoir une vision prospective sur ce qu'on peut produire pour nourrir une population, qui est celle qui croit le plus rapidement au monde, et qui s'urbanise de plus en plus.  On dira que c'est une bonne chose, mais si la démographie ne peut pas faire valoir les dividendes démographiques, mettre tout le monde au travail pour pouvoir bénéficier de ses avantages, alors elle devient un poids important sur lequel la première répercussion est la question de la sécurité alimentaire. 

Quand vous ajoutez le niveau de l'inflation et l'incapacité à contrôler tout ce que nous consommons, à faire face aux chocs du marché, la démographie nous retombe sur la figure.

AE : Justement, vous parlez de la démographie en Afrique. Une question sensible sur le continent. Dans le livre, on peut lire ceci : « Même si l’autosuffisance alimentaire comme condition de la sécurité alimentaire est une approche devenue désuète lors des deux dernières décennies, la pression démographique et les risques de désordres sur les marchés internationaux remettent les enjeux de production agricole et d’autonomie alimentaire au centre des stratégies en Afrique. » La démographie est-elle un problème si important en Afrique ? N’est-elle pas plutôt un atout ?

Bio Goura Soulé :  Je crois que ce serait une hypocrisie de dire que la démographie n'est pas un problème. Mais elle peut être aussi une opportunité. Si on met en place les conditions pour exploiter le potentiel que cela regorge en termes de main d'œuvre, en termes de capacité de création, en termes de marché. Mais malheureusement, en Afrique, c'est comme si on a quelqu'un qui a mal à la tête, mais qui s'occupe d'abord de ses pieds. 

Parce que le problème est surtout du côté de l'éducation de qualité, qui est le facteur essentiel pour mettre les gens au travail, pour améliorer leur productivité et leur capacité de création. 

En Afrique, on n'a pas un savoir-faire renouvelé qui suit le modèle économique dans lequel nous vivons. Cela pose sérieusement problème de voir comment les pays éprouvent des difficultés à améliorer leurs revenus, à assurer la résilience des populations, du fait qu'il y a une croissance économique qui est globalement presque équivalente au taux de croissance de la population. Le taux de croissance du PIB de l'Afrique se situe autour de 2,5 ou 3% en moyenne contre 2,6% en moyenne pour le taux de croissance de la population. Quand vous ajoutez le niveau de l'inflation et l'incapacité à contrôler tout ce que nous consommons, à faire face aux chocs du marché, la démographie nous retombe sur la figure. On voit qu'il y a une inadéquation prononcée entre notre production et notre capacité de production et le nombre de bouches à nourrir.  

AE : Face à ce tableau noir, quelles politiques sont mises en place, existe-t-il des stratégies qui sont déployées ?

Bio Goura Soulé :  En 2003, à la suite des réunions de Yamoussoukro, les Etats africains ont décidé de fédérer leurs politiques agricoles et de donner un contenu aux orientations agricoles. Chaque région s'est dotée d'une politique agricole et des plans nationaux et régionaux d'investissement agricole ont suivi.

En Afrique de l’Ouest, on est à la deuxième génération de ces plans. Cette deuxième phase s’étale jusqu’en 2025. Elle promeut qu'il faut d'abord soutenir une agriculture familiale, sans négliger l'entrepreneuriat agricole.  Dans cette sous-région, on a également lancé une politique qu'on appelle « l'offensive pour la relance durable de l’agriculture » qui prévoit qu'il faut produire 25 millions de tonnes de riz blanchis et usinés à l'horizon 2025 pour atteindre un taux acceptable  dans la course vers la souveraineté alimentaire.

Dans le domaine du lait, qui est pratiquement le second produit le plus importé par le continent, on pense aussi qu'il faut, à l'horizon 2030, à travers l'offensive pour la promotion des chaînes de valeur du lait local, arriver à produire l'équivalent de 10 milliards de litres de lait contre cinq aujourd'hui et pouvoir en collecter environ 25 % pour faire fonctionner les unités de production. 

AE: Globalement, où en est-on ?

Bio Goura Soulé : L'implémentation ? Globalement, nous cherchons encore les financements nécessaires.  

AE: Et les budgets nationaux ?

Bio Goura Soulé : Les budgets nationaux ne consacrent pas plus de 10 % à la question agricole. Une bonne partie de ces ressources est distraite par les questions d'insécurité, d'organisation, et même d'élection. De mauvaise gouvernance plus globalement. C'est vraiment des débats très importants et qui font que nous sommes encore aujourd'hui à la merci des grandes institutions internationales. 

Agence Ecofin : Au-delà de tout ceci, est-ce qu'on ne manque pas d'ingéniosité, nous-mêmes en Afrique, quand il s’agit d’aller chercher les moyens de nos politiques ?

Bio Goura Soulé :  Ce n'est pas faute d'y avoir réfléchi. Quand la CEDEAO mettait en œuvre sa politique agricole, les dirigeants ont décidé de créer un fonds de développement agricole qui est logé à la BIDC à Lomé. Ce fonds devait avoir une double fonction. D'abord, aider à canaliser toutes les interventions, les financements qui viennent au niveau régional en direction de l'agriculture. Ensuite, l’ériger comme un levier pour lever d'autres ressources, notamment sur le plan international, pour financer l'agriculture. Mais on a  eu du mal à faire démarrer ce fonds parce que la plupart de nos bailleurs ne veulent pas créer un panier commun. Chacun veut avoir son drapeau en vue.

L’Afrique semble trop connectée à l'environnement international et continue d’implémenter ce modèle de désinvestissement comme voulu par les institutions internationales, alors qu'en Asie, l'Etat continue d'intervenir massivement dans l'agriculture.

AE : Qu’en est-il des banques locales qui sont par nature des instruments de financement de l’économie. Le secteur agricole ne représente que 3 % de leur portefeuille de crédit alors qu’il pèse 30 à 35 % du PIB du continent.  Pensez-vous qu’il faille ramener le problème à un niveau plus domestique et se poser la vraie question des engagements réels et de la volonté à financer un secteur aussi vital ?

Bio Goura Soulé : C'est le modèle agricole que nous avons qui ne nous permet pas de nous appuyer sur le financement domestique. On a une agriculture familiale qui est, par essence, très dispersée, qui n'évolue pas dans des conditions optimales de maîtrise de l'environnement dans lequel elle devrait évoluer. Les banques sont très frileuses à investir dans un domaine qui a beaucoup de risques. Aujourd'hui, le rendement peut varier du simple au double, soit parce que la pluie est plus abondante ou parce que la pluie n'est pas venue, ou parce qu'il y a des chenilles, etc. Aucune banque n'est préparée à cela. 

Quand vous voyez ces institutions de microfinance qui sont implantées en milieu rural, ces institutions de proximité n'ont pas de gros portefeuilles pour financer les projets agricoles, faute d'un soutien massif de l'Etat. On nous a fait accepter depuis 1986 avec les politiques d'ajustement structurel qu'il ne faut plus que l'Etat intervienne dans ce domaine. L'Etat s'est désengagé, laissant un secteur privé qui n'a pas de moyens, qui n'a pas de ressources, des pauvres paysans qui n'ont pas d'autres moyens à hypothéquer que leurs forces de travail pour accéder à des ressources.

D’autre part, l’Afrique semble trop connectée à l'environnement international et continue d’implémenter ce modèle de désinvestissement comme voulu par les institutions internationales, alors qu'en Asie, l'Etat continue d'intervenir massivement dans l'agriculture. En Europe, même s'il n'y a que 3 à 5 % de la population qui continue d’exercer dans le secteur agricole, les ressources que l'Etat et les communautés régionales lui consacrent sous forme d’aides à la production, à la mise sur le marché, à la consommation, à l'exploitation, sont faramineuses. C’est une question de volonté politique. C’est une question de paradigme. C'est surtout une question de souveraineté.

Interview réalisée par Fiacre E. Kakpo


 
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