(Agence Ecofin) - La Banque mondiale (BM) a démenti, le 5 février, son désengagement du grand projet de barrage hydroélectrique Inga III en République démocratique du Congo (RDC). Le conseil d'administration de la Banque, qui représente ses 188 Etats-membres, a cependant indiqué avoir reporté sine die sa réunion prévue le 11 février qui devait valider un prêt de 73 millions de dollars en faveur de ce projet situé sur le fleuve Congo. «Nous avons reporté la présentation, devant notre conseil, du projet d'assistance technique lié à la conception du projet mais il n'a pas été annulé», a déclaré à l'AFP le porte-parole de l’institution, David Theis, sans préciser davantage les motifs de cette décision. «Notre engagement envers le projet Inga III reste inchangé», a-t-il ajouté.
Les autorités congolaise ont, de leur côté, indiqué que la décision de la Banque mondiale n’est qu'un report de l'étude du projet et en rien une remise en cause de ce grand projet énergétique dont les enjeux concernent toute l'Afrique. Un conseiller technique du gouvernement congolais, cité par l’AFP, a également fait savoir que le projet Inga III «reste porté par un engagement très fort des Américains à le faire aboutir».
Premiers actionnaires de la Banque mondiale, les Etats-Unis disposent d'une voix prépondérante au Conseil d'administration de cette institution.Le chef de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) Rajiv Shah s'était rendu en décembre sur le site d'Inga III et avait alors indiqué que les Etats-Unis envisageaient de soutenir le projet d'extension des installations existantes.
Mais fin janvier, douze ONG congolaises ont adressé une lettre aux administrateurs de la Banque mondiale mettant en doute la capacité de ce projet de combler le fossé énergétique en RDC et redoutant son impact sur les populations locales, dont la survie repose entièrement sur le fleuve Congo. A noter toutefois que, dans l’ensemble, les grandes ONG environnementales ont reconnu que l’impact social et environnemental du projet d’Inga reste acceptable au regard de son apport en terme de développement économique du continent.
Le coût total du projet Inga III, dont la capacité de production électrique devrait s’élever à 4800 mégawatts, est évalué à 12,5 milliards de dollars. L’Afrique du Sud s’est déjà engagée à acheter plus de la moitié de la production du barrage dont les travaux de construction démarreraient en octobre 2015 pour une mise en service fixée entre 2020 et 2021.
Selon les projets du gouvernement, quelque 1300 MW produits par Inga III seraient par ailleurs destinés aux industries minières du Katanga (sud-est de la RDC), dont le développement est limité par le manque d'énergie disponible.
Le reste de la production serait dévolu à la population congolaise, dont 9% seulement dispose aujourd'hui d'un accès à l'électricité, selon des chiffres officiels.