(Agence Ecofin) - Une autre affaire de dette, impliquant une fois de plus le géant suisse du trading des matières premières Glencore, ainsi que son compatriote Trafigura, constitue désormais une entrave au processus d'appui du FMI à la République du Congo, apprend-on de Reuters qui cite des sources ayant requis l'anonymat.
Fin décembre 2019, l'Agence Ecofin apprenait qu'une mission du FMI, dans le cadre de son appui au Congo, avait été renvoyée à une date ultérieure. Aucune raison n'avait été avancée à cette époque. Les évènements actuels semblent en être une explication logique. En effet, Brazzaville négocie depuis près de deux ans une restructuration de sa dette contractée auprès de ces deux traders.
Le Congo a très souvent eu recours à ces pratiques qui, en Afrique subsaharienne, se caractérisent par une certaine opacité et une difficile surveillance par des organisations indépendantes. L'attention du FMI aurait été forcée par des accusations de la société civile internationale qui lui reprochait d'apporter un appui à un pays qui, en principe, ne devrait pas en avoir besoin.
Chez Global Witness, on estime que, s’ils sont gérés correctement, ces endettements garantis par des productions de pétrole, permettent aux gouvernements pauvres en liquidités mais riches en ressources naturelles de capitaliser sur leur principal atout. « Le problème est que trop souvent, ils deviennent des lignes de financement troubles pour les groupes de dirigeants corrompus, en augmentant la dette du pays et en plongeant l'économie dans le chaos », déplorent les experts.
Le FMI attend donc que cette question soit réglée pour concrétiser son assistance à la République du Congo. Or, on semble loin d'un accord entre les deux parties. Le Congo souhaite qu'une partie du capital soit abandonnée, et refuse de continuer de fournir des barils de pétrole à Glencore et à Trafigura. Aucun représentant des parties impliquées n'a évidemment apporté des précisions exactes sur l'affaire.
On est proches de la situation qu'a connue le Tchad, il y a quelques années, lorsque le FMI a suspendu son assistance à cet autre pays de la CEMAC, du fait d’une restructuration de dette non résolue avec Glencore. L'affaire a pris du temps avant de se résoudre, et des sources tchadiennes estiment que l'affaire a plutôt été réglée de manière politique et diplomatique.
Si cette situation perdure, c'est la CEMAC tout entière qui risque d'en subir les répercussions. La sous-région qui mutualise ses réserves de change, a grandement besoin de renforcer sa position extérieure. Fin novembre 2019, l'encours global des engagement d'appuis du FMI pour la sous-région était de 2,25 milliards $. Or, 1,37 milliard $ a déjà été déboursé. Selon Moody's, l'appui au Congo et celui à la Guinée Equatoriale sont cruciaux, pour continuer de renforcer la position extérieure de la CEMAC.
Idriss Linge
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.