(Agence Ecofin) - La réponse de l’Afrique face aux risques du changement climatique a alimenté une partie des discussions entre experts du continent, lors de la sixième conférence sur le développement durable au sein de la région, qui s’est tenue à Kigali, au Rwanda.
Des experts de l'Afrique réunis du jeudi 3 au samedi 5 mars, à Kigali, au Rwanda, dans le cadre du forum régional pour le développement durable, ont souligné l'importance de faciliter la mobilisation des ressources, afin de permettre au continent de s'adapter au changement climatique et à l'atteinte des objectifs visant à annuler complètement les émissions de carbone perçues comme une menace pour la planète.
Vera Songwe, secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA), a exhorté que soient respectées les promesses faites à l’égard de l’Afrique, « notamment en ce qui concerne les moyens de mise en œuvre et le consensus mondial sur la tarification du carbone, afin de récompenser l’Afrique en sa qualité de dépositaire de biens climatiques mondiaux, tels que le carbone séquestré dans la forêt du bassin du Congo et ses tourbières ».
Pour Jean-Paul Adam, un autre expert de la CEA, une attention particulière devrait être portée sur les petits Etats insulaires. « Il est souvent difficile pour les pays à faible revenu d'avoir accès aux ressources. Ils doivent souvent emprunter à des coûts élevés, et accepter des cadres qui ne sont pas nécessairement adaptés à leurs besoins. Il n'existe pratiquement aucun pays au monde qui soit aussi vulnérable au changement climatique que les petits Etats insulaires », a-t-il fait remarquer.
L’Afrique est présentée comme la région du monde qui sera la plus vulnérable, mais aussi la plus injustement frappée par les conséquences du réchauffement climatique. Pourtant, elle contribue selon des opinions scientifiques concordantes, à seulement 4% des émissions de gaz à effet de serre (principalement le CO2), et parallèlement, absorbe à travers sa forêt tropicale une part non négligeable du gaz carbonique émis dans la nature.
Par ailleurs, l'Afrique est aussi un réservoir de ressources qui permettront une transition vers une énergie plus verte. Elle possède des gisements de gaz naturel liquéfié qui est perçu comme la ressource énergétique transitoire vers le net zéro. Aussi, son sous-sol est riche de minerais comme le lithium ou le cobalt, qui sont associés au développement des équipements, essentiels pour les économies non polluantes. Enfin, le continent possède une des plus importantes expositions solaires au monde, ainsi que de l'hydrogène et des points d'exploitation d'énergie éolienne.
Malgré ce potentiel qui s'ajoute à une population jeune, et un marché commun en construction, il peine à mobiliser les ressources nécessaires pour devenir le leader en matière d'énergie renouvelable. De gros financements sont obtenus pour l'exploitation de son gaz. La promesse des revenus qui seront générés masque le fait que le continent se prive de l'opportunité de se construire un système productif qui lui permettra durablement de ne plus dépendre de l'extérieur.
La réponse aux risques de changement climatique n'est pas juste une question politique, mais de survie. Si l'Afrique n'est pas capable d'agir efficacement dans ce sens, son économie continuera de perdre en termes de création de valeur ajoutée. A l'opposé, il existe des opportunités de gains économiques.
Selon le rapport 2020 sur le développement durable en Afrique, la mise en place de politiques fonctionnelles en faveur des objectifs du développement durable pourrait créer un marché de 12 000 milliards $, et créer plus de 380 millions d'emplois, à l'horizon 2030. Mais pour cela, il faut mobiliser des ressources.
Idriss Linge
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.