(Agence Ecofin) - La semaine dernière, Adriano Meleiane (photo), le ministre mozambicain des finances, a invité les investisseurs obligataires de son pays, pour une discussion sur le moyen de restructurer les obligations souveraines contractées ou garanties par son gouvernement.
Les firmes Lazard et White & Case LLP accompagnent ce processus assez délicat.
Les obligations concernées sont les 622 millions $ contractés pour la société Proindicus et les 535 millions $ garantis par la Mozambique Asset Management, qui avaient été dissimulés aux investisseurs et le FMI, et dont la découverte a entraîné une vague de réactions négatives du marché international des capitaux à l'encontre du pays. L'autre stock d'obligations concerné par ce projet de restructuration est l'eurobond émis en mars 2015 pour repousser la maturité d'un précédent emprunt souverain effectué pour le compte de l'entreprise Ematum (Compagnie mozambicaine de thon).
Le Mozambique espère, avec cette restructuration, sortir de la liste des pays en détresse du FMI, et surtout rendre sa dette plus soutenable. Celle-ci est à 81% externe et son encours est parti pour atteindre 130% du Produit Intérieur Brut du pays d'ici la fin de l'année 2016. Par ailleurs, la seule dette due aux investisseurs privés internationaux (30% du stock à valeur actuelle) est de 1,7 milliard $. Un montant mis en comparaison avec les réserves extérieures qui sont actuellement de 2 milliards $.
Le gouvernement n'a pas encore présenté le sens qu'il veut donner à sa proposition de restructuration. Les experts de Moody's estiment que les marges de manœuvre dans les discussions qui se tiendront sont très faibles. Selon Lucie Villa, une des analystes séniors de l'agence de notation américaine, le meilleur scénario pour les investisseurs est celui dans lequel, la maturité des obligations contractées sous le couvert de la MAM et au profit de Proindicus, est repoussée au-delà des cinq prochaines années. Par ailleurs le gouvernement devra obtenir des investisseurs de l'obligation prise pour Ematum, que son taux d'intérêt soit revu à la baisse, tout maintenant la maturité à 2023.
Restera désormais la dette bilatérale qui constitue 42% des obligations extérieures du pays, et qui est seule capable d'apporter une soutenabilité complète à sa dette publique. Les négociations sont mal embarquées. Plus personne ne semble vouloir investir sur les titres du Mozambique. Selon les données fournies vendredi 28 octobre 2016 par l'initiative de la BAD pour les marchés financiers en Afrique, l'eurobond mozambicain d'un taux de 10,5% et arrivant à maturité en 2023, a terminé la semaine à 59% de sa valeur d'émission, avec l'écart de rendement le plus important des obligations souveraines africaines (+12,7 points de base, soit 23,1%).
Le gouvernement s'est donné jusqu'en janvier pour parvenir à au moins un accord de restructuration. Mais rien n'indique pour l'instant que les investisseurs vont adhérer aux propositions qui leur seront faites. Par ailleurs, le FMI n'a pas donné d'indication sur le niveau de restructuration qui lui permettra de mieux classer ce pays d'Afrique sub-saharienne, qui était cité comme une des meilleures opportunités en Afrique, il y a quelques années encore.
Idriss Linge
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.