(Agence Ecofin) - Comme les autres producteurs africains d’or, la Tanzanie fait face au problème persistant que constitue l’exploitation minière illégale. À la recherche de meilleures conditions de vie, les mineurs illégaux sont prêts à prendre tous les risques et le payent parfois de leur vie.
En Tanzanie, 22 mineurs ont trouvé la mort le week-end dernier dans le district de Bariadi, après l’effondrement de la mine d’or de Ng’alita dans laquelle ils se trouvaient illégalement. Dans un message posté sur le réseau social X (ex-Twitter), la présidente Samia Suluhu Hassan a exprimé « sa grande tristesse » face à ce drame qui a frappé de « petits mineurs […] contribuant au développement » de la nation.
Nimepokea kwa masikitiko makubwa taarifa ya vifo vya watu zaidi ya 21 kufuatia ajali ya kufunikwa na ardhi katika Mgodi wa Ng'alita, Wilaya ya Bariadi, mkoani Simiyu. Ndugu zetu hawa walikuwa wachimbaji wadogo katika eneo hili, wakijitafutia riziki zao, familia zao na kuchangia…
— Samia Suluhu (@SuluhuSamia) January 14, 2024
Selon les détails rapportés par plusieurs médias locaux et internationaux, l’accident s’est produit tôt samedi dans une zone où les opérations minières étaient restreintes en raison de fortes pluies. La zone réputée riche en ressources aurait été découverte il y a deux ou trois semaines et les mineurs ont accouru sans obtenir les approbations réglementaires requises. Malheureusement, les fortes pluies qui s’abattent actuellement sur la Tanzanie, avec des inondations à la clé, ont provoqué des glissements de terrain fatals à ces mineurs illégaux.
« Les accidents avec un nombre de morts aussi élevé sont exceptionnels. Malheureusement, les accidents graves sont toutefois encore assez fréquents dans les milliers de petites mines de Tanzanie. Nos recherches ont montré que près d'une sur cinq est victime d'un accident grave chaque année », indique à l’Agence Ecofin Hans Merket, chercheur pour l’ONG belge International Peace Information Service (IPIS).
Ce drame rappelle qu’en dépit des efforts des autorités, en Tanzanie et dans plusieurs autres pays miniers en Afrique, la route vers une exploitation minière avec le minimum de risques reste encore longue. L’exploitation minière illégale reste la principale concernée, puisqu’elle se fait au mépris des règles de sécurité par des populations qui la considère comme le seul moyen de sortir de la pauvreté.
En dehors de la répression, la nécessité de leur trouver des alternatives devient donc indispensable, et c’est ce qu’un pays comme le Ghana, premier producteur africain d’or, tente depuis quelques années. De son côté, M. Merket plaide pour l’implication des autorités dans la formalisation de l’exploitation minière artisanale, afin de responsabiliser les mineurs.
« La surveillance gouvernementale reste trop axée sur l'objectif de taxer cet énorme secteur. Le développement des zones rurales en Tanzanie bénéficierait sans doute beaucoup plus d'un changement de priorité qui consisterait à aider les quelque 1 million de mineurs artisanaux et à petite échelle à travailler de manière plus sûre et plus durable », estime le chercheur de l’IPIS.
Emiliano Tossou
Sofitel Manhattan, NY, USA