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La fausse facturation commerciale occasionne 88,6 milliards $ de fuite de capitaux chaque année en Afrique (CNUCED)

  • Date de création: 08 octobre 2020 18:29

(Agence Ecofin) - Principale source des flux financiers illicites en Afrique, la fausse facturation commerciale contribue à 88,6 milliards $ de fuite de capitaux chaque année sur le continent, selon la CNUCED. Dans ce montant, la part liée aux exportations de produits extractifs est particulièrement préoccupante.

Dans son rapport 2020 sur le développement économique en Afrique, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) s’est inquiétée de ce que les flux financiers illicites (FFI) restent considérables sur le continent, et ne cessent de croître avec le temps. Privant ainsi les trésors publics des pays africains de ressources nécessaires au financement des dépenses de développement.

Intitulé « Les flux financiers illicites et le développement durable en Afrique », le rapport identifie quatre grandes catégories de FFI sur le continent, à savoir : les pratiques fiscales et commerciales, les marchés illégaux, la corruption, et les activités relevant du vol et financement du terrorisme.

Toutefois, parmi ces catégories, les activités commerciales, à travers principalement la fausse facturation commerciale, sont une source majeure de flux illicites transfrontiers de valeur, représentant notamment 65% des FFI en Afrique.

Selon la CNUCED, la fausse facturation dans le commerce international a atteint 30 à 52 milliards $ et contribue aux 88,6 milliards $ de fuite de capitaux chaque année sur le continent africain. Un montant bien supérieur aux 48 milliards $ d’Aide publique au développement (APD) et aux 54 milliards $ d’investissements directs étrangers (IDE), dont il bénéficie.

Le rapport révèle également que l’ampleur des FFI liés aux exportations de produits extractifs des pays africains est très préoccupant. La sous-facturation totale des exportations africaines de produits extractifs a en effet atteint au moins 40 milliards $, dont 77% provenant de l’or, 12% du diamant, 6% du platine, et 5% d’autres produits.

Des inquiétudes concernant les effets sur la stabilité économique, sociale et politique

Dans son rapport, la CNUCED met en évidence une série de déterminants au niveau national par lesquels les FFI occasionnent des préjudices d’ordre économique, institutionnel, environnemental et social sur le continent. Il s’agit notamment d’une réglementation inadéquate du système financier et du compte de capital, de l’ouverture au commerce en conjonction avec une réglementation faible et une mauvaise gouvernance, de la médiocre qualité des institutions, ainsi que de la dépendance excessive à l’égard des exportations de matières premières.

Les incidences négatives des FFI sur le développement ont par ailleurs deux grands phénomènes pour relais. D’une part, les FFI issus d’activités commerciales réduisent les recettes publiques. Leurs déterminants sont entre autres, les incohérences des politiques et de la réglementation, une surveillance restreinte, des intérêts particuliers bien ancrés et une transparence insuffisante des processus économiques et financiers.

D’autre part, les FFI contribuent à affaiblir la gouvernance et les systèmes institutionnels, y compris l’Etat de droit, entravent la transparence et la responsabilité et, en fin de compte, sapent les fondements de la démocratie et du progrès.

À l’heure où les pays ont du mal à répondre à l’urgence sanitaire mondiale provoquée par la pandémie de coronavirus, les pays africains qui sont déjà affaiblis par les flux financiers illicites ont devant eux une route semée d’embûches, car la maladie entraîne un essoufflement de la demande d’exportations africaines, au risque de provoquer un sérieux ralentissement, s’inquiète la CNUCED.

Borgia Kobri

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