(Agence Ecofin) - Le Zimbabwe est le premier producteur africain de lithium. Disposant d’importantes réserves inexploitées, il attire un nombre croissant d’investisseurs ces dernières années. Harare veut profiter de cet intérêt pour approvisionner directement le marché des batteries pour véhicules électriques.
Au Zimbabwe, le gouvernement envisage d’imposer une taxe sur les exportations de concentré de lithium à l’avenir, dans le but de stimuler l’émergence d’une industrie de transformation locale. C’est ce qu’a déclaré mercredi 31 mai le ministre des Mines Winston Chitando, au cours de son discours à l’assemblée générale annuelle de la Chambre des mines du pays d’Afrique australe, premier producteur africain de ce métal utilisé pour produire les batteries de véhicules électriques.
« En tant que gouvernement, lorsque nous aurons une entité capable d’apporter une valeur ajoutée au-delà des concentrés de lithium et d’aller plus loin, deux choses se produiront : le cas extrême sera d’interdire l’exportation de concentrés de lithium, ce qui n’arrivera pas, ou nous imposerons une taxe », a expliqué le dirigeant, cité par Reuters, précisant que cela ne se ferait néanmoins pas du jour au lendemain.
Il faut dire que les autorités locales sont confrontées à un choix complexe, entre les revenus plus importants que la transformation locale peut générer et la volonté de rester compétitif pour les investisseurs, face aux autres pays riches en lithium. Classé deux années de suite comme la pire juridiction au monde pour l’investissement minier d’après le sondage annuel du Fraser Institute, le Zimbabwe n’est pas le seul pays riche en lithium sur le continent africain, d’autant plus que les grands producteurs actuels du métal se trouvent en Amérique du Sud.
Par ailleurs, la production de lithium de qualité batterie ferait face à certaines contraintes d’après Huayou Cobalt, un groupe chinois qui a investi près de 700 millions $ dans l’acquisition et la mise en service de la mine de lithium Arcadia. Outre la question récurrente de l’approvisionnement énergétique qui se pose en Afrique dès qu’il s’agit d’industrialisation, la compagnie évoque le manque de matériaux clés dont l’importation rendrait un tel projet non rentable.
Le Zimbabwe a néanmoins à son actif quelques succès dans cette stratégie de transformation locale, puisque Harare a conclu en septembre dernier un protocole d’accord avec les entreprises chinoises Eagle Canyon International Group et Pacific Goal Investment Ltd pour la transformation de plusieurs métaux, dont le lithium. Le gouvernement peut aussi envisager des synergies avec d’autres pays producteurs africains de métaux nécessaires aux véhicules électriques, à l’image du partenariat naissant entre la Zambie et la RDC.
Emiliano Tossou
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