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Entretien avec Olaf Unteroberdoerster, chef de mission FMI pour la Côte d’Ivoire : « Il faudra une consolidation budgétaire »

  • Date de création: 20 avril 2023 18:53

(Agence Ecofin) - Depuis quelques mois, la Côte d’Ivoire est en négociations avec le FMI pour un programme économique financé à hauteur de 3,5 milliards $. A l’occasion des réunions de printemps du Fonds qui ont eu lieu du 10 au 16 avril 2023 à Washington DC, Olaf Unteroberdoerster, chef de mission pour la Côte d’Ivoire a accepté de répondre aux questions de l’Agence Ecofin sur la perception du FMI de la situation économique du pays des élephants.

Agence Ecofin : Le Fonds Monétaire International (FMI) vient de conclure un nouveau programme de 3,5 milliards $ avec la Côte d’Ivoire. A quoi servira concrètement ce nouveau financement ?

Olaf Unteroberdoerster : Merci beaucoup pour votre question. Les négociations se sont inscrites dans une situation où la Côte d’Ivoire a été confrontée à de multiples chocs, avec tout d’abord la pandémie de Covid-19, les retombées graves de la guerre en Ukraine et plus récemment le resserrement des conditions financières internationales. Donc, le premier objectif du programme est de soutenir les autorités ivoiriennes dans leurs efforts pour renforcer la stabilité macroéconomique et pour inverser les déséquilibres budgétaires et extérieurs croissants, alors que, comme je l’ai rappelé, l’économie a été durement touchée par le triple choc de la pandémie, du resserrement financier mondial et des retombées négatives de la guerre en Ukraine. Le deuxième objectif est de préserver la viabilité des finances publiques et de la dette et, troisièmement, de créer ainsi des conditions pour soutenir les politiques socio-économiques des autorités dans le cadre de leur plan national de développement. Celui-ci vise à transformer de manière profonde l’économie. 

A.E : Dans le cadre de l’accord préliminaire conclu à l’issue de votre mission à Abidjan, vous aviez convenu d’un financement de 2,6 milliards $ pour le pays. Mais l’accord final a finalement porté sur 3,5 milliards $. Qu’est-ce qui a changé durant ce laps de temps ?

O.U : C’est une excellente question. La raison de ce changement est liée à un aspect plutôt interne (au FMI ndlr). Ce qui s’est passé c’est que le FMI a récemment modifié sa politique sur les limites d’accès et il était donc nécessaire de tenir des consultations en interne après la mission, à notre siège, pour convenir du niveau d’accès compatible avec les nouvelles limites dans le cadre du programme. Donc, plus précisément, le conseil d’administration du Fonds a augmenté temporairement les limites d’accès normales aux comptes de ressources générales afin de fournir plus d’espace pour les prêts et aider les pays à faire face aux multiples chocs de ces dernières années. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, l’augmentation de l’accès après ces nouvelles consultations reflète quatre critères. Premièrement, la solidité du programme convenu, deuxièmement les besoins de financement de la balance de paiement, troisièmement les solides antécédents dans la mise en œuvre des programmes antérieurs et quatrièmement sa capacité à rembourser le Fonds monétaire.

A.E : Quelles sont les conditions préalables au décaissement du financement ?

O.U : En ce moment, ce que nous avons c’est un « staff level agreement », donc un accord entre les services du Fonds et le gouvernement de Côte d’Ivoire. Donc premièrement ce qu’il nous faut c’est l’approbation de l’arrangement financier qui soutient le programme économique des autorités ivoiriennes, par le conseil d’administration. Après l’approbation, il faut aussi se rendre compte que les décaissements se font en tranche et par semestres. Les décaissements semestriels supplémentaires sur les trois années du programme seront soumis à un examen ou une revue des résultats obtenus dans le cadre du programme par l’administration du FMI. 

A.E : En cas de non-respect des conditions du FMI, pour une raison ou pour une autre, la Côte d’Ivoire peut-elle faire face à une suspension de son programme bien qu’il ait commencé ?

O.U : Si le conseil d’administration, constate lors de la revue des performances économiques et des objectifs du programme que les résultats ne sont pas satisfaisants, il y a effectivement une possibilité qu’il n’y ait plus de décaissements.  

A.E : Ces dernières années la croissance économique de la Côte d’Ivoire a crû à un rythme exponentiel. Mais parallèlement le niveau de la dette publique par rapport au PIB s’est accéléré, ce qui laisse penser que l’Etat a beaucoup fait appel aux prêts pour financer ses projets. En tant qu’expert du FMI cette situation vous inquiète-t-elle ?

O.U : C’est une très bonne question. Il faudrait peut-être commencer par se pencher sur l’analyse selon laquelle la croissance était exponentielle. En réalité je pense que la Côte d’Ivoire a eu une période avec beaucoup de succès entre 2012 et avant la pandémie, avec une croissance très forte. Mais à partir de la pandémie, la performance était beaucoup plus mitigée à cause des multiples chocs. Mais en 2020 la croissance est tombée à 2% et il y avait un rebondissement à 7% en 2021. Et à cause de la guerre en Ukraine il y a maintenant un léger ralentissement de la croissance à 6%. Donc si on prend la relation PIB/Dette, on ne peut pas dire qu’il y a vraiment une croissance explosive de la dette parce qu’il faut aussi se rendre compte que la croissance du PIB n’était pas vraiment exponentielle. Cependant, nous pensons sur la base d’une analyse de viabilité de la dette que nous faisons chaque année conjointement avec les services de la Banque mondiale, que la dette publique et la dette extérieure de la Côte d’Ivoire sont soutenables. Nous notons quand même qu’il y a des vulnérabilités du fait notamment de la part croissante du service de la dette vis-à-vis des recettes intérieures. Dans cette perspective, nous soutenons pleinement l’engagement ferme des autorités à maintenir un risque modéré de surendettement et nous soutenons spécialement les efforts des autorités dans le cadre du programme pour mobiliser significativement des recettes intérieures. Et cela permettra aussi d’alléger la pression sur la dette tout en donnant l’espace budgétaire pour les dépenses prioritaires sociales comme la santé et l’éducation.   

A.E : On a vu à quel point la Covid-19 et maintenant la crise en Ukraine ont ébranlé les économies mondiales, des plus fortes aux plus faibles. Bien qu’elle ait globalement résisté à ces deux crises, pensez vous qu’aujourd’hui la Côte d’Ivoire dispose des fondamentaux économiques nécessaires pour résister à des chocs de cette ampleur qui pourraient survenir dans le futur ?

O.U : Nous pensons en effet que les fondamentaux économiques de la Côte d’Ivoire sont solides et lui ont permis de faire face aux crises successives que vous avez cité, en position de force. A présent ce qui est important c’est de reconstituer ces marges budgétaires et cette position de force. Pour ce faire, il faudra une consolidation budgétaire qui permettra de créer de nouveaux des marges budgétaires et extérieures qui sont nécessaires pour faire face aux prochaines crises, dont la survenue est sûre et inévitable.

A.E : Durant la pandémie, plusieurs pays ont dû desserrer les étaux sur leurs budgets en se permettant un peu plus de largesse ce qui concerne le niveau du déficit budgétaire. Cela semble avoir été efficace dans la mesure où la plupart de ces pays ont fait preuve de résilience, sans grandes conséquences sur leurs économies. Pourtant, le FMI et d’autres bailleurs de Fonds continuent à réclamer aux pays de l’UEMOA, dont la Côte d’Ivoire, un plafonnement strict et restrictif de leurs déficits budgétaires, alors que plusieurs économistes appellent à plus de largesse. Quel est votre avis sur la question ?

O.U : Effectivement la réponse fiscale apportée face à ces multiples chocs était la bonne. Mais on doit aussi être clair sur le fait que cela ne peut être qu’une réponse temporaire. Une réponse permanente avec un déficit aussi haut n’est pas soutenable. On a vu après trois chocs que les réserves de la BCEAO sont en baisse, que le compte courant de la balance des paiements est en hausse et que aussi les conditions financières sur le marché régional, mais aussi sur le marché international, impliquent une hausse des coûts de financement. Donc la position fiscale qui a été prise juste après les chocs n’est pas vraiment soutenable à long terme. Et comme je l’ai rappelé plus tôt, les marges de manœuvres sont amenuisées et ce qu’il faut maintenant c’est les reconstituer pour la viabilité fiscale et de la dette à long terme mais aussi pour avoir des marges budgétaires en cas de chocs futurs.

Propos recueillis par Moutiou Adjibi Nourou, envoyé spécial à Washington DC.    


 
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