(Agence Ecofin) - La firme sénégalaise de conseil AfriCatalyst a présenté un guide pour la nouvelle opportunité de financement mise en place par le FMI. Une solution de plus, mais qui ne règle pas le traitement inégal de l’Afrique quant à l’accès aux marchés internationaux des capitaux.
AfriCatalyst, une société de conseil en développement mondial qui est basée à Dakar au Sénégal a présenté lundi 27 mars, son guide pratique pour informer les décideurs politiques et les parties prenantes nationales africaines des caractéristiques clés, des critères d'éligibilité et des objectifs de la Facilité de résilience et de durabilité, un instrument de financement du Fonds monétaire international (FMI).
« La Facilité de résilience et de durabilité (FRD) a un potentiel bénéfique pour les pays africains en proie à un endettement élevé. Avec le soutien de la Fondation Bill & Melinda Gates, AfriCatalyst renforce la capacité pour les décideurs à réunir des preuves, et leur apporte l'appui technique afin de faciliter l'accès des pays africains à ce mécanisme de financement », a déclaré Daouda Sembene, fondateur et PDG d'AfriCatalyst (photo), selon une synthèse de sa présentation faite lors d'un webinaire organisé par la Commission économique pour l'Afrique (CEA).
Le guide explore également la manière avec laquelle l'appui du FMI dans le cadre de ce mécanisme pourrait soutenir la conception et la mise en œuvre de politiques macroéconomiques nationales visant à intégrer les risques climatiques et pandémiques, ainsi que le coût de l'adaptation dans leurs cadres macro-budgétaires.
Le FMI a en effet annoncé le lancement de ce fond qui vise à aider les pays en développement et à revenu intermédiaire inférieur à renforcer leur résilience aux chocs externes et à atteindre une croissance durable. L'initiative semble être une alternative à la difficulté de l'institution à favoriser une remise sans condition des nouveaux droits de tirage spéciaux (DTS) récemment émis par les pays riches au profit des pays qui ont des défis de liquidité.
Si cette solution rentre en droite ligne avec l'ambition de la CEA de réduire les coûts d'accès aux financements internationaux pour les pays africains et réduire les défis de liquidités, les conditions d'accès sont en effet assez complexes. La possibilité d'un remboursement sur 30 ans est diluée par l'imposition qui est faite aux pays qui en font la demande d'effectuer des réformes parfois complexes et difficiles.
Aussi, l'enveloppe initiale du Fonds, qui est de 50 milliards $, est très loin des seuls besoins de l'Afrique pour ses infrastructures (130 à 150 milliards $ annuels, selon la Banque africaine de développement), et les pays du continent sont en concurrence avec tous les autres à faible revenu, ceux qui sont vulnérables en développement, ainsi que la totalité des pays à revenu intermédiaire dont la richesse nationale créée chaque année par habitant est inférieure à 12 000 $. Ces critères concernent le tiers des membres du FMI.
Le Rwanda est actuellement le seul pays africain avec un programme soutenu par la facilité approuvée par le FMI. Il a reçu 319 millions $ pour être utilisé dans la gestion du changement climatique. Cela lui permettra, selon le FMI, de catalyser un financement supplémentaire, organiser une meilleure planification dans son processus budgétaire pour les risques liés au changement climatique, et accréditer son ministère de l'Environnement auprès du Fonds vert pour le climat et du Fonds d'adaptation.
On est loin d'une solution effective en vue d'une réelle transformation de l'architecture financière mondiale. De nombreux analystes n'hésitent pas à critiquer un modèle d'analyse de viabilité de la dette qui ne prend pas toujours en compte la richesse effective des pays africains, comme les terres agricoles, le potentiel hydrographique, et la présence des minéraux stratégiques.
Même avec les indicateurs actuels, la dette internationale de l'Afrique subsaharienne ne dépassait pas 800 milliards en 2021, selon la Banque mondiale, et cela s'étalait sur une maturité moyenne de huit ans.
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.