(Agence Ecofin) - Dans l’optique de lever les obstacles qui freinent le plein engagement des banques kényanes dans le financement de projets liés au climat, la BEI a lancé un programme spécifique qui leur permettra de comprendre, évaluer et mesurer les risques climatiques dans leurs activités.
La Banque européenne d’investissement (BEI) a lancé le lundi 11 décembre 2023, une initiative visant à encourager des banques commerciales kényanes à financer des projets climatiques.
Dénommé « Greening Financial Systems », ce programme de deux ans mis sur pied avec le concours de la Banque centrale kényane permettra aux institutions financières locales d’évaluer et surveiller les risques liés au climat dans leurs portefeuilles, mais aussi de lever les barrières qui freinent leur engagement dans la mobilisation de financements climatiques.
Greening Financial Systems qui se déploiera sous forme d’assistance technique est la première initiative du genre à être mise en œuvre en Afrique de l’Est. Il fait partie d’un programme plus large de verdissement des systèmes financiers de l’institution européenne.
Au Kenya, il devra aboutir à une meilleure compréhension des risques climatiques et de l’impact du financement climatique par les banques. Ces établissements pourront ainsi catalyser de nouveaux financements pour des projets verts.
« Il existe au Kenya des obstacles qui freinent le plein engagement des banques dans le financement de projets liés au climat. Il s’agit du manque de financement à long terme correspondant à la durée de vie économique des investissements verts, du risque perçu plus élevé des investissements climatiques et d’une expérience limitée sur la manière d’initier et de surveiller le financement climatique », regrette le vice-président de la BEI, Thomas Östros (photo).
Celui-ci explique qu’une « augmentation du financement climatique sera essentielle pour stimuler la transition verte et contribuer à réduire l’impact du changement climatique ». C’est la raison pour laquelle un partenariat a été initié avec la Banque centrale du Kenya pour « accroître l'impact du financement climatique et débloquer des investissements qui protègent mieux les infrastructures et les entreprises du changement climatique », assure Thomas Östros.
La Banque centrale kényane travaillera à intégrer le risque climatique dans le cadre réglementaire kényan. L’organe de régulation du secteur bancaire s’était déjà engagé dans ce sens à travers la publication en octobre 2021 de lignes directrices sur la gestion des risques liés au climat à l’intention des banques commerciales. Ce guide visait à aider les banques à intégrer des considérations liées au risque climatique dans leur cadre de gouvernance, de stratégie, de gestion des risques et de communication d’informations.
En Afrique, le financement de l’action climatique ne représente qu’environ 5% du financement climatique mondial, et le continent est fortement tributaire de financements extérieurs qui représentent 90 % du financement de l’action climatique sur son sol.
Selon une enquête de la BEI sur le secteur bancaire africain, 59 % des banques en Afrique ont déjà mis en place une stratégie de lutte contre le changement climatique et 22 % envisagent de le faire. En outre, 65 % des banques tiennent compte des risques climatiques lors de l’évaluation d’un nouveau client ou de l’instruction d’un nouveau projet et 23 % prévoient de le faire.
Chamberline Moko
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.