(Agence Ecofin) - Amadou Koné, un ancien soldat, s’est reconverti dans l’agroécologie après avoir constaté l’effet néfaste des pesticides sur l’environnement. En moins de 3 ans, sa ferme a employé un tas de personnes et compte dans sa clientèle quelques-unes des personnes les plus célèbres de Côte d’Ivoire.
En périphérie de Bouaké, au centre de la Côte d’Ivoire, Amadou Koné s’est spécialisé dans l’agroécologie avec la culture maraîchère. Cette pratique consiste à concevoir des systèmes de production qui respectent l’écosystème en diminuant les effets néfastes de l’agriculture conventionnelle sur l’environnement. Sa ferme a pour particularité de n’utiliser aucun produit chimique ou phytosanitaire. Outre les produits maraîchers, il pratique également de l’apiculture et l’élevage.
C’est après avoir passé 34 ans dans les forces armées que cet ancien militaire, aujourd’hui âgé de 57 ans, s’est reconverti dans l’agriculture bio en 2018. Il avait constaté que l’utilisation de pesticides par les agriculteurs voisins était néfaste pour l’apiculture à laquelle il consacrait son temps libre. Il a décidé de mener des recherches, de côtoyer des spécialistes et de se former en ligne sur une agriculture respectueuse de l’environnement.
« Je ne suis pas venu au bio parce que c’était le plus malin ou le plus intéressant, mais parce que c’est ce qui convenait le mieux à mes abeilles », a-t-il précisé sur Le Monde.
En Côte d’Ivoire, l’agriculture conventionnelle est la plus répandue. Le modèle agricole du pays fondé sur la productivité, l’exportation et l’utilisation systématique des pesticides appauvrit les sols, selon certains experts agronomes. Pour transiter vers une agriculture responsable, des chercheurs français et ivoiriens ont créé un consortium soutenu par l’Union Européenne à hauteur de 2 millions d’euros.
Baptisé Marigo, le projet vise à développer sur 4 ans la filière bio, avec pour modèle la ferme d’Amadou Koné, apprend-on. Toutefois, le coût élevé de la reconversion au bio et la proximité avec des exploitations agricoles conventionnelles rendent difficile la pratique de l’agroécologie pour de nombreux agriculteurs, soulevant l’hypothèse d’une certification bio adaptée au contexte ivoirien.
Parmi les défis rencontrés par Amadou Koné, les insectes ravageurs qui s’attaquent aux cultures.
« Les criquets, c’est une unité très spécialisée, ils décapitent tout ce que tu plantes. Il faut sans cesse trouver des astuces pour mener la lutte (…) C’est vraiment difficile émotionnellement. Parfois, vous retrouvez tout ce que vous avec planté deux, trois jours plus tôt dégommé par les insectes. Mais il faut s’interdire d’utiliser les pesticides, c’est comme une doctrine. Les problèmes sont faits pour être surmontés », a-t-il ajouté.
Malgré les difficultés, Amadou Koné persévère dans l’agroécologie. Ses efforts lui ont valu le label français Ecocert en 2019, suscitant l’intérêt des consommateurs les plus aisés de Côte d’Ivoire, dont des expatriés, qui constituent sa plus grande clientèle. Si l’activité n’est pas encore rentable, la ferme a déjà permis de créer une dizaine d’emplois. Satisfait d’être le seul Ivoirien à avoir pleinement répondu aux exigences de l’agriculture bio, l’ex-soldat compte bien marquer les esprits avec son parcours au fil des années
Casablanca, Maroc - Salon international de la logistique