(Agence Ecofin) - Face à l’urbanisation galopante et la désertification, les populations africaines s’intéressent de plus en plus à l’architecture abordable et écologique. En Afrique de l’Ouest, l’association Voûte Nubienne assure avec succès cette transition, avec des constructions en terre aux allures traditionnelles.
L’Association Voûte Nubienne, spécialisée dans l’architecture durable en Afrique de l’Ouest, remet au goût du jour les constructions ancestrales. La technique de la voûte nubienne venue de l’ancienne Nubie (aujourd’hui la zone frontalière entre le Soudan et le sud de l’Egypte), est utilisée pour réaliser des habitations bas carbone, solides et peu coûteuses. Construites en terre crue, sans bois ni tôle, ces voûtes sont par ailleurs mieux adaptées au climat chaud du continent. Parmi les réalisations, des maisons, mais aussi des écoles, des centres de santé, des bureaux, et même des lieux de culte.
« Un habitat adapté, pour le plus grand nombre, le plus rapidement possible ». Cécilia Rinaudo, Directrice générale adjointe de l’Association La Voûte nubienne, a l'ambition de construire autrement en Afrique de l'Ouest.
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L’Association Voûte Nubienne (AVN) a été créée en 2000 par un maçon français, Thomas Granier, et un paysan burkinabè, Séri Youlou. La technique de la voûte est assez simple : on superpose les briques une à une pour bâtir les murs. Puis on utilise un câble pour nous guider et former la courbe. Cette méthode ancestrale revisitée ne nécessite ni un coffrage ni une structure porteuse. Elle ne nécessite pas non plus de matériaux coûteux, comme le bois devenu rare, et la tôle, polluante et peu adaptée à certains climats.
Les pays du Sahel font face à une urbanisation rapide, entraînant surpopulation et manque de logements. Autre problème, les méthodes de constructions calquées sur les modèles occidentaux sont encore très répandues. Pourtant la tôle ondulée et les blocs de bétons sont chers et ont un impact négatif sur l’environnement en termes de consommation d’énergie et de production de CO2. Au niveau mondial, l’industrie du bâtiment consomme annuellement 40% d’énergie et émet 30% de gaz en effet de serre.
La voûte coûte 30 à 60 % moins cher à fabriquer que les maisons en blocs de ciment. Elle est aussi plus solide et résistante aux intempéries, avec une durée de vie estimée à cinquante ans au minimum, soit cinq fois plus que les habitats en tôle et en parpaings, confie les fondateurs sur Le Monde. Par ailleurs, elle s’adapte particulièrement au climat sahélien, où les températures souvent extrêmes peuvent dépasser les 40 °C. Il faut compter seulement onze jours en moyenne pour construire une voûte.
Si ces constructions anciennes grandissent désormais un peu partout au Sahel, le projet AVN était loin de faire l’unanimité à ses débuts. Les habitants de Boromo au Burkina Faso où ils ont entamé leurs premiers essais, étaient sceptiques. A l’époque, ces constructions étaient peu valorisées en Afrique de l’Ouest, la terre étant considérée comme le matériau ‘’du pauvre’’. Leur première construction ayant mieux résisté aux intempéries que les constructions de l’époque, l’AVN a réussi à gagner la confiance des populations et à étendre progressivement son empreinte.
? L'@essec a décerné le prix spécial de la Ville africaine francophone solidaire et durable à l'association La Voûte Nubienne @EarthRoofs
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Il récompense son programme d'#habitat adapté en Afrique de l'Ouest.
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En une vingtaine d’années, l’AVN a construit plus de 4 000 bâtiments en Afrique de l’Ouest et formé environ 4 500 artisans à ce type d’architecture. Son programme de formation est déployé dans 5 pays, le Burkina Faso, Mali, Sénégal, Bénin et Ghana. Elle a déjà reçu de nombreuses récompenses parmi lesquelles une distinction de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques à la COP20 en 2014. Thomas Granier et Séri Youlou ambitionnent de construire 100 000 toits pour le Sahel.
Aïsha Moyouzame
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.