(Agence Ecofin) - La croissance rapide de la population kampalaise augmente l’insécurité alimentaire et la rareté des terres, surtout pour les familles démunies. Pour Lilian Nakigozi, la solution se trouve dans les fermes verticales, une technique agricole urbaine qu’elle met au profit de l’autonomisation des femmes.
Women Smiles Uganda, une entreprise basée à Kampala, a développé un concept de fermes verticales fabriquées à partir de bois et de matériaux recyclés. C’est une forme d’agriculture urbaine fondée sur l'idée de maraîchage sur petites surfaces, et qui nécessite peu ou pas de sol. Chaque unité fabriquée par l’entreprise est capable de faire pousser jusqu'à 200 fruits et légumes. Le dispositif dispose également d'un système de roulement interne pour garantir une utilisation optimale de la lumière du soleil, d'un système d'irrigation intégré et de matériel de serre pour répondre aux risques climatiques.
L’entreprise génère des revenus par la vente de fermes verticales, des formations en agriculture urbaine dans des ONG et la commercialisation des produits cultivés par les femmes qu’elle forme. Fondée par Lilian Nakigozi (photo), elle est née de l’expérience personnelle de l’entrepreneure qui a grandi dans une famille pauvre du bidonville de Katanga à Kampala, où elle a été très tôt confrontée à la faim.
« Plus tard, pendant mes études de commerce en 2017, j'ai eu l'idée de développer une ferme verticale. J'utilisais l'argent du déjeuner pour épargner mon capital de démarrage. J'ai réussi à accumuler 300 USD et je les ai utilisés pour acheter les matériaux nécessaires à la fabrication des 20 premières fermes verticales. Je les ai données à 20 familles, et en 2018, nous avons pleinement démarré nos activités dans différents bidonvilles urbains », a-t-elle confié sur How We Made it in Africa.
Bien que plus des deux tiers des Ougandais vivent en zone rurale, les zones urbaines font face à une croissance rapide de la population. À Kampala, la capitale de l'Ouganda, on compte plus de 1,5 million de personnes et les terres sont rares. C’est pour répondre aux besoins alimentaires d'une population croissante que certaines initiatives comme Women Smiles Uganda veulent encourager les habitants à cultiver des légumes et des fruits en utilisant les nouvelles techniques agricoles des fermes verticales.
Over 300 #Vertical #Farms have been constructed by #WomenSmilesUganda for 880 women from Ugandan urban settlements, raising over €90,000 in 3 years. Find out how they do it here: https://t.co/Kipx7XLK45 pic.twitter.com/db83SMASYB
— Spore Magazine (@Spore_mag) October 16, 2019
Contrairement à l’agriculture conventionnelle qui nécessite de grands espaces et dépend des saisons, les fermes verticales peuvent être installées sur un toit, une véranda, une passerelle, les espaces non utilisés d’un immeuble, etc. Cela permet la croissance de cultures tout au long de l'année, sans qu’elles soient affectées par les changements climatiques, dont la sécheresse. Elles ont pour avantage d’assurer la sécurité alimentaire dans les grandes villes souvent confrontées à la rareté ou la cherté des denrées agricoles hors-saison. En plus d’assurer la disponibilité des aliments, Women Smiles Uganda contribue à l’autonomisation des femmes issues des bidonvilles, qu’elle recrute et forme aux pratiques agricoles modernes, réduisant ainsi la pauvreté dans les familles démunies de Kampala.
Comme pour toute nouvelle entreprise, Women Smiles Uganda a connu plusieurs défis durant ses premières années d’exercice. Le premier est le manque de fonds des petits exploitants agricoles pour acheter les exploitations verticales. Pour pallier ce problème, Lilian Nakigozi intègre certains d'entre eux dans son programme de formation, ce qui les aide à générer des revenus à partir des produits frais qui sont rachetés par l’entreprise. Le second est celui de la concurrence, notamment Camp Green et Spark Agro-Initiatives, qui proposent des activités d’agriculture urbaine similaires.
À ce jour, Women Smiles Uganda compte parmi ses clients des petits exploitants agricoles, des particuliers, des restaurants, des hôtels et des écoles de la capitale. Pour étendre ses activités, l’entreprise a établi un partenariat avec des micro-institutions financières qui paient et distribuent ensuite les fermes verticales à leurs clients sous forme de prêts, remboursés à un taux d'intérêt de 2%. Par ce partenariat, la fondatrice, Lilian Nakigozi, ambitionne d’équiper chaque famille pauvre d’une ferme verticale, ce qui permettra une augmentation des produits agricoles qu’elle rachète pour la commercialisation sur les marchés locaux.
Aïsha Moyouzame
Marrakech - Maroc - Tech et startups