(Agence Ecofin) - Face à la persistance des « défauts de conception » dans les systèmes de contrôle de sa centrale en construction de Medupi, Eskom, l’opérateur sud-africain en charge de la production et la distribution d’énergie électrique, envisage sérieusement de remplacer la multinationale française Alstom, malgré le risque de nouveaux retards et des coûts supplémentaires qui pourraient découler d’une telle décision.
L’éventualité a été fortement évoquée mercredi 11 septembre par Dan Marokane (photo), l’administrateur du groupe Eskom, alors qu’il intervenait devant la commission du National Council of Provinces, précisant qu’il mettait aujourd’hui la pression sur Alstom et le groupe Hitachi pour que l’installation puisse fonctionner dans les délais prévus dans les contrats.
M. Marokane a fait savoir que son groupe avait déjà engagé l’allemand Siemens pour la conduite d’une collecte de données, en vue du remplacement du système défaillant, pour un montant de 7,2 millions de rands. Les travaux ont débuté le1er juillet et devraient durer 10 semaines. Le dirigeant d’Eskom a aussi révélé qu’un appel d’offre restreint avait été lancé à l’endroit de 7 entreprises locales sud-africains et internationales en vue d’apporter une solution à ce problème. L’allemand Siemens s’est dit disposé à faire le travail pour 90 millions de rands.
Au mois de juillet 2013, on apprenait par le journal français Le Monde qu’une délégation d’Eskom s’était rendue au siège parisien du groupe Alstom pour manifester le mécontentement de l’entreprise suite aux retards pris sur les délais contractuels. Initialement attendus fin en fin 2013, les 800 premiers mégawatts des 4800 mégawatts prévus par le projet étaient alors programmés pour le deuxième semestre 2014. Or, font remarquer des analystes spécialisés du secteur de l’énergie, une annulation du contrat d’Alstom ferait prendre un temps et des coûts supplémentaires au projet. Un risque qu’Eskom semble désormais prêt à prendre, si Alstom ne lui apporte pas la garantie qu’elle peut trouver une solution au blocage actuel, et surtout face à la pression de la demande d’énergie en Afrique du Sud.
Les prochaines semaines risquent d’être décisives pour l’avenir du Français dans son projet sud-africain. Alstom il faut le rappeler est une entreprise spécialisée dans les secteurs des transports, principalement ferroviaires (trains, tramways et métros), et de la production d'énergie (centrales électriques et énergies renouvelables). Bien que son titre soit en légère reprise (0,52%) le 16 septembre en début de journée sur la bourse de Paris où elle est cotée, la réaction de ses investisseurs reste selon les analystes, marquées par la prudence. Une prudence qui pourrait se renforcer si le groupe perdait son contrat en Afrique du sud.