(Agence Ecofin) - 85 % de la migration africaine est liée au commerce et aux déplacements transfrontaliers courants. Cela apporte une contribution concrète à la stabilité économique, à la résorption des pénuries de main-d'œuvre et au bien-être socio-économique des pays de destination.
Contrairement aux idées reçues, la migration apporte de nombreux avantages aux pays hôtes. C’est ce qu’a indiqué la Commission économique pour l’Afrique (CEA), à l’issue d’un atelier sur la contribution de la migration au développement en Afrique, tenu à Dakar le mercredi 17 janvier dernier.
« La migration est à la fois bénéfique aux pays hôtes et aux pays d’origine des migrants », a souligné l’institution dans un communiqué lu par l’Agence Ecofin.
La commission justifie cela en soulignant que la migration simplifie le transfert de compétences, dynamise la main-d'œuvre et favorise le développement du capital humain et du progrès technologique dans les pays d'accueil. Une idée qui va à l’encontre de l’opinion selon laquelle les migrants « voleraient » les richesses du pays d’accueil pour les transférer vers leur pays d’origine.
A titre d’illustration, de nombreux pays du Nord choisissent de cibler des travailleurs issus de pays du Sud pour combler leurs déficits dans des secteurs clés. En octobre 2023, la Tunisie et l’Italie ont signé ainsi un accord visant à offrir chaque année, à 4 000 travailleurs tunisiens qualifiés, l’opportunité d’aller travailler en Italie sur une période de trois ans.
Selon un rapport de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), une augmentation de 10 % de la population migrante à l'intérieur et entre les pays d'Europe contribue à une hausse de 0,15 % du revenu régional par habitant en moyenne, avec des effets plus significatifs pour les régions en retard. De plus, les migrants renforcent les liens commerciaux, en stimulant les exportations et les importations, notamment avec des destinations hors de l'Union européenne et les régions accueillant des migrants instruits.
Outre les pays de l’Occident, ces avantages s'étendent également à la migration intra-africaine. Bien que souvent méconnues, la plupart des migrations africaines se déroulent à l'intérieur du continent, principalement motivées par des opportunités d'emploi, selon les données du Centre d’études stratégiques de l’Afrique. Le centre estime que 85 % de la migration africaine est liée au commerce et aux déplacements transfrontaliers courants. Cela apporte une contribution concrète à la stabilité économique, à la résorption des pénuries de main-d'œuvre et au bien-être socio-économique des pays de destination. Parallèlement, « l'essor de l'Accord de libre-échange continental africain (ZLECAf) et de son Protocole sur la libre circulation des personnes ouvrira la voie à d'autres avantages économiques découlant de la migration », a-t-il ajouté.
Pour la CEA, cet atelier a été l’occasion d'examiner les expériences des pays africains dans l'optimisation de la contribution des migrants au développement de leurs pays d'origine. L'accent était également mis sur l'identification des outils, des actions et des politiques susceptibles d'accélérer cette contribution, ainsi que sur le renforcement de la coopération Sud-Sud entre les parties impliquées dans la gestion des questions migratoires en Afrique.
Charlène N’Dimon
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.