(Agence Ecofin) - Au Nigeria, la dette publique reste stable et dans la limite maximale des 40% du PIB fixée par l’Etat. Cependant, la perturbation de la production pétrolière pousse les autorités à continuer à emprunter pour pallier la hausse du déficit budgétaire.
Au deuxième trimestre 2022, la dette publique nigériane se chiffrait à 103,3 milliards $. C’est ce qu’indique l’office nigérian de gestion de la dette (DMO), dans un rapport publié le lundi 19 septembre.
Bien qu’il s’inscrive en hausse par rapport aux 100 milliards $ de dette enregistrée à fin mars dernier, ce montant représente 23,06% du PIB du pays ouest-africain, soit un ratio similaire à celui observé à la fin du premier trimestre (23,27%).
En majorité, la dette nigériane est alimentée par les emprunts intérieurs qui ont atteint 63,2 milliards $ sur la période étudiée. D’après le DMO, ce montant est dû aux « nouveaux emprunts contractés par le gouvernement fédéral pour financer en partie le déficit de la Loi de finances 2022, ainsi que de nouveaux emprunts contractés par les gouvernements des Etats ».
Le Nigeria fait face depuis quelques années à des déficits budgétaires importants dus aux perturbations qu’enregistre le pays dans sa production pétrolière, principale source de revenus pour l’Etat. Ces perturbations sont dues aux retards de production mais également aux actes de vandalisme et de vol qui ciblent les sites pétroliers à travers le pays.
Selon un rapport de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), le Nigeria a perdu 5 milliards $ de recettes pétrolières en raison de retards de production en 2020. Cette année, la Nigerian Upstream Petroleum Regulatory Commission (NUPRC) a annoncé que le gouvernement fédéral a enregistré une perte d’environ 1 milliard de dollars entre janvier et mars 2022 à cause du vol de brut.
D’après la Banque centrale, « le déficit fiscal en mars 2022 était supérieur de 70 % au déficit enregistré au premier trimestre 2021 ». Pour pallier cette situation, les autorités comptent sur les emprunts, tout en essayant de limiter au maximum leur exposition aux créanciers extérieurs.
« Alors que le gouvernement fédéral continue de mettre en œuvre des initiatives génératrices de recettes dans le secteur non pétrolier et de bloquer les fuites dans le secteur pétrolier, le ratio service de la dette/recettes reste élevé », précise le DMO.
Notons que plus de 58 % de l'encours de la dette extérieure du Nigeria est constitué de prêts concessionnels et semi-concessionnels accordés par des prêteurs multilatéraux tels que la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), Afreximbank et la Banque africaine de développement (BAD), ainsi que par des prêteurs bilatéraux comme l'Allemagne, la Chine, le Japon, l'Inde et la France.
Moutiou Adjibi Nourou
Une initiative lancée par l'Association des universités africaines de télévision (AAU TV).