(Agence Ecofin) - Avec le boom pétrolier, l’Angola était l’un des pays les plus prospères d’Afrique. Aujourd’hui, son gouvernement remercie le FMI pour une aide de 3,6 milliards $, qui s’accompagne pourtant de contraintes sur la réalisation de dépenses d’investissement essentielles à son économie.
Vera Daves de Sousa (photo), la ministre en charge des Finances en Angola, a remercié le Fonds monétaire international (FMI) pour l'appui que l'institution a apporté au pays, peut-on constater d'une conversation menée dans le cadre des rencontres annuelles FMI/Banque mondiale, qui se déroulent actuellement en mode virtuel.
La responsable a même indiqué que pour le budget 2021 de son pays en cours de préparation, un des objectifs est de continuer d'avoir la confiance du FMI et que tout était mis en œuvre pour la mériter.
« La préparation de notre budget fait face à de nombreuses incertitudes, notamment si une seconde vague de coronavirus s’annonce […] Nous travaillons en droite ligne avec les directives visant à être prudents sur les dépenses publiques, et à maintenir la confiance du FMI, dont nous apprécions l'aide dans la consolidation de notre budget », a fait savoir en substance la ministre, dans un échange avec l'Ethiopien Abebe Selassie, directeur du département Afrique au FMI.
C'est un gros retournement de situation pour ce pays de 30,8 millions d'habitants (données de 2018), et qui entre 2010 et 2019, a vendu pour son compte, l'équivalent de 483,4 milliards $ de pétrole brut sur le marché mondial. Or le programme en cours actuellement avec le FMI porte sur une facilité de financement de 3,6 milliards $ validée en décembre 2018, et qui a déjà connu un décaissement de 2,5 milliards $ ajouté à une aide de 765 millions $ au 16 septembre 2020 pour faire face à la covid-19.
Pour cela, l'Angola est engagé à mener la privatisation de près de 195 sociétés publiques, réduire au maximum les dépenses budgétaires et travailler surtout à rendre sa dette soutenable. Ces mesures sont perçues comme étant de l'austérité, selon l'organisation européenne EURODAD. Celle-ci, tout en saluant le fait que le FMI ait desserré les contraintes sur les dépenses de santé publique, pense que l'institution étrangle les ambitions de développement durable des pays pauvres.
Il est aussi reproché à l'institution de Bretton Woods une attitude de deux poids deux mesures dans la gestion des conséquences économiques de la covid-19. Aux pays riches et avec un stock important de dette, l'institution recommande de s'endetter sans limites et relancer la croissance par des dépenses publiques d'investissement.
Mais aux pays pauvres, dont plusieurs en Afrique, le FMI attire l'attention sur une dette publique qui ne dépasse pas les 60% du PIB en moyenne tout en étant faible en volume. Les responsables de l’institution recommandent par ailleurs l'austérité budgétaire à ces pays, sous le terme de discipline.
Idriss Linge
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