(Agence Ecofin) - De 4,1% en janvier, les perspectives de croissance mondiale selon la Banque mondiale pour l’année 2022 sont passées à 2,9%, en raison notamment des pressions inflationnistes actuelles. Une situation qui affecte l’Afrique subsaharienne, sans pour autant dégrader ses prévisions de croissance.
Dans la nouvelle édition de ses perspectives économiques mondiales de 2022, la Banque mondiale a maintenu ses prévisions de croissance pour l’Afrique subsaharienne.
Selon le rapport publié le mardi 7 juin, l’Afrique subsaharienne enregistrera une croissance de 3,7% cette année. Si ce chiffre reste en baisse par rapport aux 4,2% enregistrés en 2021, il n’est supérieur que de 0,1 point de pourcentage aux prévisions réalisées par l’institution en janvier dernier. Pour l’année 2023, les perspectives de croissance pour la région restent d’ailleurs les mêmes, soit une évolution de 3,8% du PIB attendu pour cette période.
Cette stabilité des perspectives de croissance de l’Afrique subsaharienne contraste avec la dégradation des prévisions économiques mondiales pour l’année en cours. Ainsi, la Banque mondiale indique que la croissance mondiale devrait chuter de 5,7 % en 2021 à 2,9 % en 2022, soit nettement moins que les 4,1 % prévus en janvier dernier. Une situation qui fait craindre une stagflation (croissance faible ou nulle combinée à une inflation forte) pour les prochaines années.
« Ce rythme de croissance devrait perdurer jusqu’en 2023-2024, dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine qui perturbe fortement l'activité, l'investissement et le commerce à court terme, le tassement des effets de rattrapage de la demande et la levée progressive des mesures de soutien budgétaire et d'accompagnement monétaire. En raison des dommages conjugués de la pandémie et de la guerre, le niveau de revenu par habitant dans les pays en développement sera cette année inférieur de près de 5 % à la tendance pré-covid », souligne l’institution.
Malgré des perspectives de croissance bien plus encourageantes que la moyenne mondiale, l’Afrique subsaharienne reste fortement vulnérable à plusieurs risques en rapport avec la perturbation des chaînes mondiales d’approvisionnement, et les pressions inflationnistes générées par le conflit russo-ukrainien. Bien que la hausse des prix des produits de base soutienne la reprise dans les secteurs extractifs, dans de nombreux pays, l'inflation croissante érode les revenus réels, freine la demande et aggrave la pauvreté ainsi que les risques d’insécurité alimentaire.
« L’Afrique subsaharienne devrait rester la seule région de marchés émergents et d'économies en développement (EMDE) où les revenus par habitant ne retrouveront pas leur niveau de 2019, même en 2023. Dans environ 45 % des économies de la région et dans la moitié de ses pays fragiles et touchés par des conflits, les revenus par habitant devraient rester inférieurs aux niveaux d'avant la pandémie, l'année prochaine », souligne la Banque mondiale. Une situation que l’institution appelle à contrer notamment à travers une réorientation en priorité des dépenses publiques vers une aide ciblée aux populations vulnérables.
Notons que les perspectives de la Banque mondiale restent proches de celles du FMI qui tablait en avril sur une croissance à 3,8% pour la région en 2022.
Moutiou Adjibi Nourou
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