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Sèmè City : quand le Bénin parie gros sur sa jeunesse

  • Date de création: 26 mars 2021 16:09

(Agence Ecofin) - A l’heure de l’éclosion des villes intelligentes en Afrique, le Bénin a entrepris depuis quelques années de devenir le « quartier numérique » du continent. Sous l’impulsion du gouvernement du président Patrice Talon, un projet d’envergure a été mis en place afin de révéler les potentialités du pays en termes d’innovation : Sèmè City. Cette « cité du savoir et de l’innovation » se veut l’un des fleurons de l’économie béninoise au cours des prochaines années. Cinq ans après son lancement, la visite de chantier.

Un hub technologique made in Africa

Située au sud du pays, la commune de Sèmè Podji qui est surtout célèbre pour sa proximité avec le Nigeria ou pour le pèlerinage religieux du Christianisme céleste qui s’y déroule, a commencé depuis quelques années à se faire connaître dans un tout autre domaine. C’est en effet dans cette ville située entre la capitale économique Cotonou et la capitale administrative Porto-Novo que le gouvernement du président Patrice Talon a choisi d’implanter depuis 2017 sa Cité internationale de l’innovation et du savoir (CIIS). Cette ville intelligente, au cœur du programme « Bénin Révélé », vise à faire du pays un nouveau hub technologique pour le continent africain.

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Située au sud du pays, la commune de Sèmè Podji.

A l’image de la Konza Technopolis kényane ou encore de la Kigali Innovation City (KIC) au Rwanda, ce projet de smart city s’appuie sur trois piliers stratégiques à savoir : la formation, l’entrepreneuriat et la recherche (scientifique).

A l’image de la Konza Technopolis kényane ou encore de la Kigali Innovation City (KIC) au Rwanda, ce projet de smart city s’appuie sur trois piliers stratégiques à savoir : la formation, l’entrepreneuriat et la recherche.

L’objectif est de construire un vaste centre pourvoyeur de talents sur une superficie de plus de 200 hectares. Pour le gouvernement, ce projet doit permettre de « promouvoir l’émergence de centres d’excellence dans l’enseignement supérieur et la recherche scientifique, favoriser l’éclosion de champions nationaux dans des domaines innovants, et améliorer ainsi l’employabilité des jeunes » qui forment aujourd’hui la majeure partie de la population, comme dans la plupart des pays africains.

Pour atteindre leurs objectifs, les autorités béninoises ont d’ailleurs décidé de consacrer un financement conséquent au projet. Plus de 4% du budget du programme d’actions du gouvernement (PAG) sur la période 2016-2021 a été affecté à la CIIS ; ce qui correspond à un financement de plus de 762,7 millions de dollars.

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Un premier campus d’innovation, baptisé Sèmè-One.

Ce projet est accompagné par une politique d’amélioration de la connexion Internet dans le pays. De plus en plus de fournisseurs d’accès à Internet essayent d’étendre leurs réseaux de fibre optique à travers le territoire. En 2019, la société Isocel a ainsi lancé à Sèmè City, la 1ère phase de déploiement de son réseau en fibre optique à Cotonou qui doit s’étendre, à terme, sur 500 km. De son côté, la Société béninoise d’infrastructures numériques (SBIN) – qui réunit les actifs de Bénin Télécoms Services (BTS), de Bénin Télécoms Infrastructures (BTI) et de l’ex-opérateur Libercom – déploie aussi un réseau de fibre optique et vise 50 000 abonnés dans les trois à quatre ans.

Une « écocité » à fort impact socio-économique

En intégrant un mode de fonctionnement écologique, le projet Sèmè City a pour ambition de devenir la première écocité d’Afrique de l’Ouest. Pour se faire, ses concepteurs veulent utiliser une approche « zéro déchet », en mettant en œuvre des programmes immobiliers résidentiels, commerciaux et de loisirs, en aménageant des espaces verts, des réseaux et services d’assainissement, de transports basés sur les énergies renouvelables.

« L’ambition de la CIIS à court terme est de transformer Sèmè-Podji en une ville durable et intelligente, mais conçue selon les plus hauts standards internationaux […] Notre but est de parvenir à une intégration parfaite entre la nature béninoise, la culture africaine, l’architecture et la technologie durable et connectée », avait déclaré le ministre béninois du Cadre de vie, José Didier Tonato.

« Notre but est de parvenir à une intégration parfaite entre la nature béninoise, la culture africaine, l’architecture et la technologie durable et connectée »

Au-delà de l’aspect écologique, Sèmè City a surtout été pensé comme un projet qui permettra d’attirer des investissements pour stimuler l’économie béninoise, tout en créant de nombreux emplois dans l’auto-entrepreneuriat et en contribuant à l’amélioration du capital humain du pays et de la sous-région. D’ici 2030, les autorités béninoises s’attendent à voir au moins 130 000 diplômés sortir de la CIIS. Sur cette même période, l’objectif est de créer plus de 100 000 emplois, dont au moins 1/3 d’auto-emplois et 40% par des femmes.

Grâce à une offre de formation multilingue et diversifiée, Sèmè City ambitionne d’accueillir à terme, des étudiants et innovateurs en provenance de tous les pays ouest-africains.

Attirer des investisseurs

Alors que le projet est prévu pour être opérationnel à l’horizon 2030, ses premières années lui ont déjà permis de faire ses preuves en matière d’innovation et d’attraction des investisseurs étrangers. A ce jour, au moins six programmes de formation de haut niveau ont déjà été menés par la CIIS.

D’ici 2030, les autorités béninoises s’attendent à voir au moins 130 000 diplômés sortir de la CIIS. Sur cette même période, l’objectif est de créer plus de 100 000 emplois, dont au moins 1/3 d’auto-emplois et 40% par des femmes

La structure accueille de plus en plus de jeunes, porteurs d’idées novatrices, afin de les aider à mieux mûrir leurs projets et les mettre en contact avec des investisseurs potentiels. « On vient à Sèmè City chercher des collaborations, des formations, de l’accompagnement pour monter un projet. La finalité est de résoudre des problèmes avec de nouvelles méthodes », déclarait à cet effet Claude Borna, directrice générale de la structure.

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Visite du président Patrice Talon et de Tony Elumelu.

En 2019, la CIIS a ainsi reçu la visite du président Patrice Talon et de Tony Elumelu, découlant d’une stratégie de financement du milliardaire nigérian en partenariat avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), ciblant des milliers de jeunes entrepreneurs d’Afrique. Dans le cadre d’un partenariat mis en place avec Sèmè City, la Fondation du banquier nigérian sélectionne et finance chaque année des entreprises béninoises, afin de leur permettre de s’autonomiser.

« Nous sommes passés de 32 lauréats en 2018 [un an après le lancement de Sèmè City, Ndlr], à 156 en 2019 […] 56 lauréats sont financés par la Fondation Tony Elumelu, 50 par Sèmè City, 45 par le Programme des Nations unies pour le développement et six par la Banque africaine de développement », a indiqué Kikè Togbè-Olory, responsable à la CIIS. Et d’ajouter : « Cela place le Bénin à la première place parmi les pays francophones et juste après le Nigeria, dans le classement des pays d’Afrique de l’Ouest » ayant bénéficié de l’initiative.

La « Task Force Innov Covid-19 Bénin », premier fait d’armes de la CIIS

En plus d’attirer des financements pour des entreprises béninoises, le projet Sèmè City a déjà montré une partie de son potentiel, dans la recherche d’idées innovantes pour résoudre les problèmes du pays. En pleine pandémie de covid-19, la CIIS a ainsi été fortement mise à contribution pour développer des solutions permettant de lutter contre la pandémie dans le pays.

Ainsi, dès 2020, en collaboration avec le Fonds des Nations unies pour la Population (UNFPA Bénin), l’Agence de développement de Sèmè City (ADSC) a mis en place une Task Force d’innovation regroupant un réseau de plus de 44 start-up œuvrant dans des domaines aussi variés que la santé, la communication ou encore la logistique, ainsi que de grandes entreprises, des chercheurs et des scientifiques. Nommée Task Force Innov Covid-19 Bénin, l’initiative vise « à trouver des solutions innovantes et adaptées aux environnements socio-économiques et culturels du Bénin et de l’Afrique de l’Ouest face à la propagation du coronavirus ».

Dès sa création, cette Task Force a mis en place, grâce au soutien de l’UNICEF, un concours d’innovation popularisé sous le nom « Hack Covid-19 Bénin Challenge », dont le but est de permettre aux jeunes Béninois de confronter des prototypes d’inventions contre la pandémie, afin de bénéficier d’un financement de 5,6 millions FCFA pour développer leurs solutions. Ce challenge a vu postuler plus de 347 jeunes âgés de moins de 35 ans provenant de l’écosystème de l’innovation béninoise parmi lesquels une dizaine de projets a été retenue. Plusieurs solutions ont été proposées allant de l’intelligence artificielle, à des applications pour informer les jeunes ou encore des mini-cliniques autonomes, portables et déployables pour désengorger les centres de santé et aider les gouvernements à faire face à l’afflux de malades.

Plusieurs solutions ont été proposées allant de l’intelligence artificielle, à des applications pour informer les jeunes ou encore des mini-cliniques autonomes, portables et déployables pour désengorger les centres de santé.

En 2020, la CIIS a ouvert son premier campus d’innovation, baptisé Sèmè-One. Il s’agit d’un bâtiment multifonctionnel, intelligent, construit dans la capitale économique Cotonou et qui a réuni des entrepreneurs locaux et africains. L’objectif de formation de la première smart city béninoise semble donc se concrétiser lentement mais sûrement. Maintenant, il faudra surtout pour les autorités béninoises poursuivre les investissements dans les infrastructures et le numérique afin de pérenniser le projet, quel que soit celui qui le dirigera le pays au cours des prochaines années.

Moutiou Adjibi Nourou

Moutiou Adjibi



 
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