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Comment Madagascar compte devenir l’une des principales alternatives à la domination chinoise sur le graphite

  • Date de création: 23 septembre 2022 18:44

(Agence Ecofin) - Le 8 septembre 2022, Tirupati Graphite a annoncé l’achat de trois permis miniers couvrant 31,25 km² à Madagascar. Dernier investissement en date de cette société qui exploite déjà deux mines de graphite au centre de la Grande île, il illustre l’attrait que le graphite de Madagascar suscite à la faveur de l’explosion de la demande mondiale pour ce produit. Un intérêt qui pourrait bien positionner le pays comme une alternative de choix à la Chine.

Dans un rapport publié en août 2022, le cabinet Wood Mackenzie prévoit que l’Afrique deviendra le premier producteur mondial de graphite naturel d’ici 2026. A cette échéance, la production combinée des pays africains devrait en effet représenter 40 % de l’offre mondiale (contre 15 % en 2021), soit mieux que la Chine qui devra se contenter de 35 % de parts de marché (contre 68 % l’année dernière). Si plusieurs pays vont contribuer à cette performance, le cas de Madagascar mérite néanmoins qu’on s’y attarde. Selon plusieurs données concordantes, la Grande île est actuellement le deuxième producteur du continent derrière le Mozambique, mais fera bientôt face à l’émergence d’autres producteurs africains comme la Tanzanie, pays où les projets de graphite sont nombreux.

jmj                                                      

 Source : Statista

Deux locomotives…

A Antanarivo pourtant, l’heure n’est pas à l’inquiétude, car Madagascar peut s’appuyer sur quelques projets très prometteurs et compter sur les ambitions des compagnies qui les pilotent. Deux d’entre elles méritent une attention particulière, en l’occurrence Tirupati Graphite et NextSource Materials. La première parce qu’elle assure aujourd’hui l’essentiel des exportations du pays et la seconde parce qu’elle compte devenir le plus grand producteur de l’île à moyen terme.

Tirupati symbolise la montée en puissance de Madagascar comme acteur majeur du graphite africain ces dernières années, même si le pays est historiquement un producteur important sur le continent. Arrivée dans le pays en 2017 avec le rachat de la société Establissement Rostaing, la compagnie anglo-indienne a notamment hérité à Sahamamy d’une usine vétuste capable de livrer seulement 200 tonnes de graphite par an.

Elle décide donc d’abandonner ces installations et met en service deux ans plus tard une usine moderne avec une capacité de production annuelle de 3 000 tonnes. Une seconde usine d’une capacité de production de 18 000 tonnes de graphite en flocons devrait également entrer en service avant la fin de l’année 2022, et porter la production annuelle de la mine Sahamamy à 21 000 tonnes. L’objectif de la compagnie à moyen terme reste néanmoins de produire 84 000 tonnes de graphite d’ici 2024.

Pour atteindre ce but, Tirupati peut compter sur une deuxième mine, Vatomina. Acquis également en 2017, ce projet a commencé à livrer du graphite seulement l’année dernière, avec une usine de traitement disposant d’une capacité annuelle de 9 000 tonnes. Un développement par étapes au cours des deux prochaines années, via l’ajout de nouveaux modules de traitement du minerai, permettra d’atteindre l’objectif de produire 84 000 tonnes de graphite en flocons chaque année, soit quasiment le triple de la production nationale l’année dernière.

Enfin, l’acquisition récente de trois nouveaux permis miniers pour le graphite, à proximité de ses deux projets, permet à la compagnie de viser encore plus haut, jusqu’à 200 000 tonnes par an au total.

« Ces acquisitions peuvent nous aider à augmenter notre production globale à Madagascar jusqu’à 48 000 tonnes par an supplémentaires en temps voulu. Nous avons l’intention d’installer environ 50 % de [notre capacité de production annuelle de 400 000 tonnes d’ici 2030, Ndlr] à Madagascar », assure Shishir Poddar, président exécutif de Tirupati.

Ce sont des objectifs similaires qui sont affichés par NextSource Materials, active au projet de graphite Molo dans le sud de Madagascar. Cette mine, dont l’entrée en production est toujours attendue cette année, devrait produire annuellement 17 000 tonnes de concentré de graphite de haute qualité pour la phase 1. La compagnie travaille en parallèle pour lancer la phase 2. Selon une évaluation économique préliminaire publiée en mars 2022, cette phase pourrait permettre d’exploiter la mine sur une durée de vie de 26 ans, avec une production annuelle moyenne de 150 000 tonnes de concentré de graphite.

Quel intérêt pour Madagascar ?

A Madagascar, le secteur minier représente environ 5 % du PIB et 30 % des exportations. Mais cette contribution a longtemps été soutenue par les activités de sables minéraux de Rio Tinto et de nickel/cobalt d’Ambatovy. Si les compagnies minières Tirupati Graphite et bientôt NextSource Materials vont davantage participer aux recettes perçues par le gouvernement et les collectivités locales grâce aux Mines, il faut noter que le régime fiscal minier actuel est assez léger. La redevance minière est ainsi fixée à seulement 2 % contre 3 à 10 % dans d’autres pays miniers du continent. De plus, le code minier ne prévoit pas une participation gratuite obligatoire de l’Etat dans les projets miniers, ce qui prive l’Etat malgache des dividendes perçus par les autres Etats africains actionnaires dans les sociétés qui détiennent les mines locales.

C’est pour changer cette situation qu’un projet de révision du code minier, en vigueur depuis 2005, est discuté depuis plus de trois ans. Il prévoit notamment une redevance minière de 4 à 8 % en fonction des produits miniers, et le prélèvement par l’Etat d’au moins 20 % de la production commercialisable. Ce texte, pourtant plus en phase avec la vague de révisions de codes miniers constatée ces dernières années sur le continent, suscite les critiques des investisseurs miniers qui invoquent une fiscalité finale qui représenterait le quart de la valeur de la production. De quoi décourager l’investissement dans le pays, assurent-ils.

Au-delà de la révision du régime fiscal minier, l’autre chantier qui permettrait au gouvernement de mieux profiter de la ruée vers son sous-sol serait l’incitation à la transformation locale. La production de la matière première qu’est le concentré de graphite représente en effet une infime partie des revenus générés par cette chaine de valeur, qui s’étend jusqu’à la production de véhicules électriques.

Emiliano Tossou


Emiliano Tossou
 
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