(Agence Ecofin) - En décembre 2023, le G7 annonçait l’introduction de restrictions sur l’importation de diamants russes à partir du 1er janvier 2024. Si plusieurs pays se sont montrés réticents à cette décision, d’autres se joignent aux sanctions.
La Suisse a décidé cette semaine d’interdire l’importation de diamants russes en réponse aux sanctions de l’Union européenne et du G7 visant à limiter la capacité de Moscou à financer sa guerre contre l’Ukraine. Cette mesure fait partie d’un ensemble de sanctions plus larges, dont l’interdiction d’importer d’autres produits russes, tels que la fonte brute et le gaz de pétrole liquéfié.
« La Suisse se joint ainsi aux mesures convenues lors du sommet du G7, le 6 décembre 2023, pour priver la Russie de cette importante source de revenus », a déclaré le gouvernement suisse dans un communiqué relayé cette semaine par plusieurs médias.
Premier exportateur mondial de diamants en matière de volumes, la Russie a vendu pour environ 5 milliards de dollars de la pierre précieuse en 2021 soit avant le début de la guerre avec l’Ukraine, selon plusieurs sources concordantes.
En 2022, les exportations russes ont atteint près de 4 milliards de dollars, selon swissinfo.ch. D’après cette dernière source, les importations directes suisses de diamants russes étaient de 22 kg en 2022, mais ce volume ne représenterait qu’une petite partie du vrai volume. « Les diamants russes sont largement exportés vers l’Inde, Dubaï ou la Chine avant d’être réexportés à travers le monde, une opération à travers laquelle la mention de leur origine disparaît », indique le média, soulevant le problème de la traçabilité.
Il faut noter que lors de l’annonce en décembre dernier de la décision du G7 d’interdire les diamants russes, les pays membres de l’organisation, dont les États-Unis, plus grand marché au monde de consommation des gemmes, ont déclaré vouloir établir « d’ici le 1er septembre 2024, un mécanisme solide de vérification et de certification des diamants bruts fondé sur la traçabilité au sein du G7 ». L’implémentation effective de ce système de vérification apparait à l’heure actuelle comme nécessaire pour s’assurer que la sanction concernant les diamants ait l’impact attendu.
Hausse des prix du diamant attendue en 2024
Par ailleurs, il faudra surveiller cette année comment se comporte le marché des diamants et notamment les prix de la pierre précieuse. Selon plusieurs analystes, l’interdiction des exportations de diamants russes pourrait favoriser l’amélioration et la stabilité des prix sur le marché en 2024.
« L’Inde [qui avait suspendu ses importations, pour répondre à la forte baisse des prix, Ndlr] étant sur le point de reprendre ses importations de diamants bruts et les diamants russes ayant potentiellement un flux restreint sur le marché en 2024, nous sommes optimistes quant à l’amélioration et à la stabilité des prix des diamants », avait déclaré Nick Selby, DG de Lucapa Diamond, compagnie active dans l’exploitation des diamants en Angola.
Comme Lucapa, plusieurs compagnies productrices de diamants en Afrique devraient voir en cette sanction une bonne nouvelle pour les prix de leurs diamants sur le marché. Et les revenus tirés par les États de ce secteur pourraient augmenter cette année. Rappelons que les plus gros producteurs de diamants du continent comprennent le Botswana, l’Afrique du Sud, la RDC, l’Angola ou encore la Namibie.
Louis-Nino Kansoun
Lire aussi :
Sofitel Manhattan, NY, USA