(Agence Ecofin) - Le Chili est le premier producteur mondial de cuivre et la mine d’Escondida y contribue largement, avec environ 1 million de tonnes chaque année. Des perturbations dans la production sur cette mine sont donc particulièrement surveillées.
La menace de grève qui plane sur la mine de cuivre chilienne Escondida, la plus grande du monde, n’est toujours pas écartée. Au lendemain des deux jours de débrayage annoncés et finalement suspendus par les travailleurs cette semaine, aucun accord n’a été trouvé alors que ces derniers envisagent toujours un arrêt complet de travail.
Les employés avaient en effet déposé il y a quelques jours une motion de grève pour suspendre les activités 12 heures par jour le 12 et le 14 septembre, afin de protester par rapport aux conditions de travail non sécurisées à la mine. Peu de détails ont filtré sur le type d’accident craint par les mineurs, mais BHP assure avoir fermé de façon préventive les zones mises en cause.
Il faut dire que le sujet est délicat actuellement au Chili, après que la mort de deux travailleurs lors de la construction d’une mine en juillet a incité le président socialiste Gabriel Boric à envisager la ratification d’une convention de l’Organisation internationale du travail sur la santé et la sécurité dans les mines.
… comme en 2017 ?
Dépêchées sur place, les équipes de la Direction nationale du travail et du régulateur minier Sernageomin doivent rendre bientôt leurs conclusions. Si cette médiation échoue, l’approvisionnement mondial en cuivre sera forcément perturbé. Avec plus d’un million de tonnes livrées en 2021, Escondida représente en effet près de 5 % de l’offre totale, selon l’estimation sur la production minière mondiale faite par l’USGS pour l’année écoulée (21 millions de tonnes).
L’impact d’une potentielle grève sur la production de cuivre à Escondida reste encore à évaluer, et donc les conséquences au niveau des prix. Surtout que la demande mondiale est déjà affectée par le ralentissement de l’activité économique depuis quelques mois en Chine, premier consommateur mondial.
Cependant, les spéculations sur l’évolution de la situation peuvent pousser les prix vers le haut, comme c’est déjà arrivé jeudi dernier, quand des contrats à terme sur le métal rouge ont momentanément progressé de 4 %, après l’annonce de la grève cette semaine. La situation n’est pas sans rappeler celle de 2017, quand une grève de plus de 40 jours a favorisé la hausse des prix du cuivre sur le marché.
Plusieurs pays dont les économies dépendent du cuivre, comme la RDC et la Zambie en Afrique, devraient donc garder un œil sur le cas d’Escondida, dans l’espoir d’accroitre leurs revenus en cas de hausse durable des prix. Sur le London Metal Exchange le 14 août, le métal rouge s’est négocié à près de 7 900 $ la tonne, bien loin de son récent pic à plus de 10 000 $.
Emiliano Tossou
Sofitel Manhattan, NY, USA