(Agence Ecofin) - En Afrique, la Chine a dépassé les Etats-Unis en termes d’influence chez les jeunes entre 18 et 24 ans, selon un récent rapport de la fondation sud-africaine Ichikowitz Family. Ce constat a suscité plusieurs réactions chez l’Oncle Sam.
En Afrique, la communication américaine semble décidée à reprendre le terrain laissé aux initiatives concurrentes de softpower. Le 09 juillet, le média Voice of America (VOA) a publié un article sur « le vol et la décimation des ânes africains pour la fabrication de médicaments chinois ». C’est la première fois que la présence chinoise en Afrique est de nouveau évoquée depuis le 14 juin.
A cette date, VOA avait publié un article sur « la victoire » de la Chine sur les Etats-Unis, dans la bataille d’influence sur les jeunes Africains. L’article sur le sujet s’était terminé par un rappel de l’injustice sociale qui sévit en Afrique et par le manque de libéralisme dans la politique chinoise.
Pourtant, selon une étude de la fondation sud-africaine Ichikowitz Family, les jeunes, entre 18 et 24 ans, considèrent que la Chine est désormais la puissance étrangère la plus influente sur le continent. C’est la première fois, depuis le lancement de cette étude en 2020, que les jeunes Africains n’ont pas placé les États-Unis en tête lorsqu’on évoque l’influence des puissances étrangères.
La fondation ayant publié l’étude est dirigée par Ivor Ichikowitz, un homme sud-africain proche de l’ANC. Le 05 juillet, le média America Magazine a publié un article sur la décadence de l’ANC, parti historique de l’Afrique du Sud qui serait désormais gangréné par la corruption. Visiblement, les Etats-Unis semblent décidés à reprendre en main dans la bataille de la communication avec les autres puissances.
Selon plusieurs médias spécialisés en politique, les Etats-Unis perdent une guerre froide avec des adversaires comme la Russie et la Chine, notamment sur le plan médiatique. Pour le média américain War on Rocks, « les Etats-Unis prennent un risque en laissant la Chine et la Russie dominer l’Afrique en termes d’influence étrangère, alors que le continent pourrait abriter en 2050 environ un quart de la population mondiale ». En plus, selon les prévisions, un milliard de personnes au sein de cette population sera composé de jeunes en âge de travailler. Les principales puissances étrangères présentes sur le continent comprennent l’impact économique que peut avoir une telle force de travail et s’emploient à promouvoir leur présence sur le continent.
Actuellement, la Chine y parvient bien. Selon l’étude sud-africaine, 82% des Africains considèrent que l’influence de la Chine est positive dans leur pays. Le pays où l’influence chinoise est le plus qualifiée de positive est le Rwanda, un pays phare du continent où 97% des sondés jugent l’influence chinoise positive. Viennent ensuite le Malawi (95%) et le Nigeria (90%), première puissance du continent.
Face à cette situation, il n’y a rien d’étonnant à se préparer à une augmentation des efforts de promotion des Etats-Unis sur le continent africain. L’enjeu semble trop important pour que les USA abandonnent la bataille d’influence sur le continent.
Servan Ahougnon
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