(Agence Ecofin) - « Notre pays est le premier producteur de cacao au monde avec une production de plus de 1,4 million de tonnes par an. Quatre sociétés étrangères implantées ici en Côte d’Ivoire achètent plus de 60% de cette production et en transforment environ quelques 450000 tonnes. Ce qu’on ne peut pas accepter c’est que l’Etat de Côte d’Ivoire continue à octroyer une subvention d’environ 75f/kg sur le DUS en faveur de ces transformateurs, soit plus 30 milliards de francs CFA environ. Pourtant, nous planteurs qui produisons la totalité de cette production, n’avons pas de subvention et continuons d’être très pauvres et les coopératives depuis une décennie n’ont pas été soutenues véritablement », gronde Koné Mamadou (photo), président du Cercle national de concertation des acteurs de la filière café-cacao de Côte d'Ivoire (CNAC-CI).
Même son de cloche de la part de Kouassi Ahoutou Désiré, à la tête d’un groupe de producteurs venus à Abidjan Plateau exprimer leur colère : « Les fonds alloués aux producteurs sont utilisés à d’autres fins, tandis que les véritables bénéficiaires que nous sommes sont laissés pour compte, vivant dans la précarité ».
Pour les producteurs, dont les revenus n’ont cessé de plonger sur ces dernières années, la situation est inéquitable : les coopératives ne reçoivent aucune aide de l'Etat, alors que des subventions sont accordées aux multinationales comme Cargill, ADM ou encore Barry Callebaut, afin de les inciter à réaliser les opérations de broyage dans le pays et à acheter à des prix négociés.
Le CNAC-CI conteste également les dernières mesures prises par le gouvernement, notamment en ce qui concerne le contrôle de qualité confié à ACE Group. « Nous estimons qu’il serait mieux de mettre l’accent sur la formation de nos planteurs aux bonnes techniques de récolte depuis les champs en s’appuyant sur des structures locales, comme l’ANADER, qui ont l’expertise technique en la matière. Mais aussi, empêcher par des procédures de contrôle, les intermédiaires d’acheter du cacao de mauvaise qualité auprès des planteurs victimes du système », précise Koné Mamadou.
Voir également notre article :
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.