(Agence Ecofin) - Face au large mouvement d’allégement du bilan des banques occidentales à l’international (Afrique, Moyen Orient, Europe de l’Est…), le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick vient de mettre en garde sur les conséquences d’un tel retrait sur financement du commerce international.
Ces restructurations bancaires s’expliquent essentiellement par une recapitalisation des banques de la zone euro à hauteur de 114,7 milliards d'euros pour pouvoir faire face à la crise des dettes souveraines et ajuster leurs fonds propres par rapport à leurs engagements financiers.
« Beaucoup d'entre elles commencent à vendre des actifs, à épurer leur bilan. » a-t-il commenté en soulignant les contraintes qui pèseront sur le financement du commerce international.
« Dans des marchés comme les Balkans ou l'Europe centrale et orientale, où les banques européennes ont une grande présence, il y a un risque, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord également », a-t-il ajouté.
C’est dans ce contexte que plusieurs organismes patronaux européens signalent aussi un risque de credit crunch sur les crédits exports et le financement du commerce pour les PME européennes : « Le financement du commerce, le crédit à l’exportation et les prêts spécifiques pourraient pâtir des nouvelles règles de Bâle III. Des partenariats entre les secteurs privé et public pourraient être remis en question au moment où les gouvernements auront besoin de réduire leurs déficits budgétaires.
Tout en augmentant le coût et/ou en réduisant l’accès à ce financement, les règles prudentielles de Bâle III vont réduire drastiquement les lignes de liquidité des entreprises européennes pour investir, et laisser ces marchés à leurs concurrents utilisant d’autres supports de financement.
Les crédits à l’exportation officiellement soutenus sont des crédits à long terme assurés et garantis par des établissements de crédit publics à l’exportation, essentiellement détenus par les États ou agissant en leur nom. Ils sont reconnus surtout pour leur nature à faible risque et, en vertu de l’actuel Bâle II, leur exposition est assimilée aux risques des établissements de crédit à l’exportation correspondants. Pour ces raisons, ces instruments doivent être reconnus dans les normes de Bâle III comme un actif de première qualité.
S’agissant du financement du commerce et du crédit à court terme, une récente étude de la Chambre de commerce internationale et de la Banque asiatique de développement, “Trade Finance Default Register study”, a souligné qu’au cours des cinq dernières années (période de crise financière comprise), les 5,2 millions d’opérations de financement étudiées ont connu de faibles taux de défaillances et que, dans les très rares cas de défaut de remboursement, le recouvrement des pertes était élevé. Ainsi, les dispositions actuelles de Bâle II régissant le financement du commerce n’ont pas démontré leur insuffisance ou leur inefficacité. S’il n’existe aucune preuve formelle en faveur du changement des normes actuelles, nos simulations montrent que les propositions actuelles de Bâle III augmenteraient aussi gravement le coût d’accessibilité du crédit et impacteraient son volume disponible.»
Voir aussi notre article
Bâle III et Dodd-Frank Act feront chuter la rentabilité de l’Investment Banking à 7%
Exemple de simulation des normes Bale I, II, III sur les pondérations de risque liées au trade finance
Nairobi, Kenya - Promoting sustainable economic growth through trade