(Agence Ecofin) - Au Nigeria, la filière cacao tourne au ralenti. Les acheminements de fèves connaissent des retards en raison du couvre-feu imposé par le gouvernement pour limiter la contestation sociale tandis que les capacités de stockage arrivent à leur limite.
Au Nigeria, la filière cacao souffre des perturbations liées à la contestation grandissante contre les violences policières.
D’après Mufutau Abolarinwa, président de l’Association du cacao (CAN), avec le couvre-feu imposé par les autorités et les embouteillages récurrents, il faut désormais près de 30 jours pour que les conteneurs soient acheminés vers le port d’Apapa à Lagos.
S’il reste possible pour les exportateurs de réduire cette durée à une semaine grâce à l’utilisation de barges pour le transport des fèves, le responsable indique que le déploiement d’un tel investissement reste délicat compte tenu de la situation financière difficile des opérateurs.
En effet, ceux-ci doivent déjà faire face aux conséquences sur leur trésorerie, de la chute des cours mondiaux du cacao liée à la baisse de la demande pour les produits chocolatés du fait du coronavirus. Avec la mauvaise situation des exportateurs, c’est toute la chaîne de la commercialisation du cacao nigérian qui pourrait fonctionner au ralenti.
Les producteurs déjà confrontés à la baisse du prix garanti au kilogramme de cacao à cette étape de la campagne (- 8 %), risquent notamment de se retrouver avec leur récolte sur les bras si les négociants suspendent leurs achats de fèves faute d’espace supplémentaire de stockage.
« J’ai déjà entreposé 300 tonnes de cacao en l’intervalle de 10 jours. Dans les prochains 10 jours, mon centre de stockage sera saturé », s’inquiète Godwin Ukwu, un négociant en fèves qui s’est confié à Reuters.
Pour l’heure d’après Abolarinwa, aucun défaut sur les contrats d’exportation n’a été signalé dans le secteur même si les plaintes des maisons de négoce s’accroissent sur les retards d’acheminement.
Le dirigeant anticipe en 2020/2021, une production de 270 000 tonnes de cacao pour le Nigeria contre 250 000 tonnes un an plus tôt.
Espoir Olodo
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